Lest we forget - exposition sur les Grilles du Jardin du Luxembourg - juil. 2022

Ils ont échappé à leurs bourreaux et ont eu le privilège de vieillir.

La couleur lumineuse et saturée qu’offre la photographie moderne, ici par le talentueux Luigi Toscano, symbolise leur triomphe sur le mal et leur incroyable résilience. Comment, en s’arrêtant sur chacun de leur regard, ne pas penser à tous ceux dont l’histoire se limite à l’évocation d’un nom et d’un numéro.

Promis à l’enfer parce que Juif, peu en sont revenus. Ils n’oublieront rien : pas un détail, pas un instant, pas une parole, un bruit ou une odeur.
Pour tous, l’été 1942 fut le début d’une nuit sans fin.

Ils sont des survivants de la Shoah, le plus grand génocide que l’histoire ait connu. Ces visages nous parlent. Ils nous disent tout de cette souffrance, de cette blessure que rien ni personne ne pourra jamais effacer. Ils nous parlent de ces familles décimées, de ces images insoutenables des camps de la mort. Ils nous regardent, pour que nous ne puissions jamais oublier.

Merci au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) pour cette exposition qui marque le 80ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv. Elle permet au Sénat de s’inscrire dans cette démarche de transmission indispensable.

Jacques Chirac avait rompu le silence le 16 juillet 1995 par cette formule restée célèbre : « La France, patrie des lumières et des droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. »
Dans des temps de résurgence du négationnisme et d’un antisémitisme que l’on pensait à tort disparu, oui, le passé éclaire notre présent.

Ne jamais céder, ne jamais renoncer, se souvenir, c’est se prémunir du pire.

Gérard LARCHER,
Président du Sénat

Dans la chaleur de l’été 1942, le 16 juillet, Paris s’éveille sous les cris. « Ouvrez ! Police ! »
Dès l’aube, les policiers français tirent brutalement de leur sommeil 13 152 juifs dont 4115 enfants. C’est la rafle du Vel d’Hiv.

Cette rafle, devenue le symbole de la persécution des Juifs de France durant la Shoah, intervient au coeur d’une année charnière, l’année 1942. Cette année est celle des premiers convois vers les camps de concentration et d’extermination, et celle des grandes rafles à Paris et en région. C’est aussi la première fois que des enfants juifs sont arrêtés.

80 ans après, dans les mêmes rues de Paris, sous le même ciel d’été, le travail de Luigi Toscano vient rappeler l’importance du souvenir et de la transmission.

Les visages que vous découvrez sur les grilles du Jardin du Luxembourg sont ceux d’enfants ou de jeunes adolescents juifs, qui ont échappé à la mort, chacun dans des circonstances propres et particulières.
Tous n’ont pas vécu les journées tragiques de juillet 1942 mais tous ont été confrontés au péril nazi.

Cette exposition est avant tout un hommage aux survivants de la Shoah dont la détermination a rendu à la rafle du Vel d’Hiv une histoire, puis une mémoire.
C’est dans le regard lucide qu’elle sait porter sur son Histoire, et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes que réside la force d’une Nation. Notre pays tient une position claire sur l’importante de la transmission et de l’enseignement de l’histoire de la Shoah.
Pourtant, 80 ans après, la Shoah continue d'être instrumentalisée, relativisée, et parfois même niée.
Comble de l’outrage, nous avons dû assister au détournement particulièrement pernicieux du symbole du martyr juif, l’étoile jaune. Ces raccourcis et confusions historiques ne nous inspirent que colère et dégoût.

Vous qui passez devant ces photographies, souvenez-vous. Souvenez-vous de l’histoire de ces femmes et de ces hommes, et prenez l’engagement d’être à votre tour les témoins des témoins.

Francis KALIFAT
Président du CRIF

Dossier de presse