Réuni le mercredi 14 avril 2021, sous la présidence de M. André REICHARDT (Les Républicains – Bas-Rhin), le groupe d’amitié France – Afrique de l’Ouest s’est entretenu avec S.E. M. Eusèbe AGBANGLA, Ambassadeur du Bénin en France.

Ont également participé à la réunion, en présentiel ou en visioconférence : Mme Hélène CONWAY-MOURET (Socialiste, Écologiste et Républicain – Français établis hors de France), présidente déléguée pour le Bénin, MM. Lucien STANZIONE (Socialiste, Écologiste et Républicain – Vaucluse), secrétaire, Bruno BELIN (Les Républicains-R – Vienne), François BONNEAU (Union centriste-A – Charente), Patrice JOLY (Socialiste, Écologiste et Républicain – Nièvre) et Martin LÉVRIER (Rassemblement des Démocrates, Progressistes et Indépendants – Yvelines).



S.E. M. Eusèbe AGBANGLA a rappelé que le premier tour de l’élection présidentielle s’était tenu très récemment, le 11 avril dernier, le Président Patrice TALON sollicitant le renouvellement de son mandat. Celui-ci avait été élu en 2016 sur un programme de réformes politiques, économiques et sociales. Il avait dressé le constat que le multipartisme intégral, instauré par la Conférence nationale souveraine de février 1990, avait abouti à l’existence de 278 partis politiques, dont beaucoup n’étaient en réalité que des clubs électoraux sans véritable ancrage national. Pour le Président TALON, cette situation nécessitait des réformes, dont celle de la Constitution du 11 décembre 1990 et du code électoral, ainsi que l’adoption d’une charte des partis politiques. Ces réformes ont pour objectif d’assainir le paysage politique béninois et de permettre la création de véritables partis politiques ayant une dimension nationale. Elles ont aussi donné un statut légal à l’opposition. Par ailleurs, le mécanisme de parrainage des candidats à l’élection présidentielle a été introduit afin de limiter le nombre de candidatures « fantaisistes » – on a dénombré par le passé jusqu’à 40 candidats… – et donc de renforcer leur légitimité. Ce type de parrainage existe d’ailleurs dans de nombreux pays occidentaux, dont la France. Enfin, les mandats présidentiel, d’une part, et législatifs et municipaux, d’autre part, vont être alignés sur la durée de cinq ans, en vue de l’organisation d’élections générales à partir de 2026.

L’Ambassadeur a indiqué que l’actuel mandat présidentiel a été prolongé de 45 jours, pour des raisons techniques selon lui, ce que certains contestent, leur attribuant une dimension politique. Une partie de la classe politique béninoise a alors cherché à perturber le scrutin présidentiel, en suscitant des manifestations violentes bloquant des voies d’accès vers l’intérieur du pays pour empêcher l’acheminement du matériel électoral. Ces actes de violence ont fait une vingtaine de blessés parmi les forces de sécurité. Pour autant, le premier tour de l’élection présidentielle a pu se tenir à la date prévue, le 11 avril 2021. Celui-ci a fait l’objet de plusieurs missions d’observation, tant nationales qu’internationales (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, Union africaine, Communauté des États sahélo-sahariens, CEN-SAD, Conseil de l’Entente ou encore Organisation internationale de la francophonie, OIF). La CEDEAO a publié un communiqué de presse selon lequel, « le processus de vote s’est déroulé de manière ordonnée, transparente et professionnelle, et le secret du vote a été généralement respecté ». La commission électorale nationale autonome (CENA) a déjà proclamé des résultats provisoires du scrutin qui consacrent la réélection au premier tour du Président Patrice TALON, avec 86,36% des suffrages exprimés. La Cour constitutionnelle a trois jours pour donner les résultats provisoires, puis elle proclamera les résultats définitifs après un nouveau délai de cinq jours pendant lequel peuvent être introduits des recours.

S.E. M. Eusèbe AGBANGLA a ensuite répondu aux questions de Mme Hélène CONWAY-MOURET, présidente déléguée pour le Bénin, MM. Bruno BELIN, Patrice JOLY, Martin LÉVRIER et François BONNEAU, portant sur la mise en place au Bénin d’un régime présidentiel, l’absence de bicamérisme, la restitution d’œuvres d’art, la situation sécuritaire du pays, le fonctionnement de la décentralisation et la gestion de la pandémie de Covid-19.

L’Ambassadeur a indiqué que le Nord du pays fait partie du Sahel, où les frontières sont poreuses, et que l’Est est voisin du Nigéria qui souffre des exactions du groupe terroriste Boko Haram. Toutefois, à l’exception d’une attaque en 2019, le Bénin vit actuellement en sécurité. Le pays a d’ailleurs pris des mesures face à la menace terroriste, en renforçant la surveillance du territoire national et en menant une politique de viabilisation de la région septentrionale, reposant sur une présence renforcée des forces de sécurité et de défense et la construction d’infrastructures scolaires, sanitaires et sociocommunautaires. Le Bénin participe également, en étroite coopération avec ses voisins, aux initiatives régionales et sous-régionales de lutte contre la menace terroriste.

La restitution des biens culturels en est à la phase d’échanges sur les modalités de transfert. Le président du musée du Quai Branly – Jacques Chirac, M. Emmanuel Kasarhérou, s’est rendu au Bénin du 24 au 28 mars et y a rencontré les autorités compétentes. Il a été décidé que les autorités françaises assureraient le transfert des œuvres jusqu’à Cotonou, avant d’être relayées par les autorités béninoises. Celles-ci organiseront un grand événement à Paris autour de la restitution des œuvres, qui sera aussi l’occasion de promouvoir l’attractivité culturelle et touristique du Bénin. L’Ambassadeur a assuré que la conservation des œuvres se fera dans les règles de l’art. Ces œuvres seront installées dans un premier temps au Musée international de la mémoire et de l’esclavage, en cours de construction à Ouidah, avant d’être définitivement conservées à Abomey au Musée de l’Épopée des Amazones et des rois du Dahomey, qui sera construit avec le soutien financier de l’Agence française de développement. Au total, 3 157 œuvres culturelles d’origine béninoise ont été répertoriées au musée du Quai Branly – Jacques Chirac, selon le rapport Savoy-Sarr. Le Bénin et la France ont signé, en décembre 2019, un programme de travail commun pour la réalisation d’un inventaire général des œuvres béninoises présentes dans les institutions muséales françaises, ainsi que la mise en œuvre de projets d’expositions conjointes et de circulation desdites œuvres.

L’Ambassadeur a fait observer que la pandémie de Covid-19 était maîtrisée au Bénin, grâce à des mesures précoces telles que des dépistages rapides et gratuits et la mise en place d’un cordon sanitaire autour de la zone de propagation initiale du virus. La pandémie a fait, à ce jour, une centaine de morts au Bénin. La vaccination, reposant sur les vaccins AstraZeneca et chinois, a débuté le 29 mars 2021. Le Bénin n’a jamais cessé de recevoir des vols Air France ; il est d’ailleurs devenu un hub aérien régional dans le contexte de la crise sanitaire.

Il a rappelé que le Président Patrice TALON avait tendu la main à l’ensemble des acteurs politiques béninois dans un esprit de dialogue.

Il a indiqué vouloir poursuivre ses échanges avec le Sénat et a estimé qu’un déplacement du groupe d’amitié à Cotonou, lorsque les conditions sanitaires le permettront, contribuerait à renforcer la coopération interparlementaire entre la France et le Bénin.

Mme Hélène CONWAY-MOURET, présidente déléguée pour le Bénin, a accueilli favorablement l’idée d’un tel déplacement, suggérant qu’il puisse avoir lieu, par exemple au mois de septembre, sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire. Elle a également insisté sur l’importance d’une coopération administrative entre le Sénat et les parlements africains, déjà évoquée par le Président Gérard LARCHER.

Le Président André REICHARDT a conclu en confirmant l’hypothèse d’un déplacement au Bénin. Il a également invité l’Ambassadeur à visiter le musée vodou de Strasbourg, qui expose des œuvres béninoises.

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