Le groupe d’amitié France-Vanuatu-Iles du Pacifique, présidé par Mme Catherine Procaccia (Les Républicains-Val-de-Marne), s’est entretenu, en visioconférence, avec M. Pierre Fournier, ambassadeur de France au Vanuatu, accompagné de Mme Gwennan Delannée, première conseillère, de M. Louis Arsac, conseiller de coopération et d'action culturelle, et de Mmes Elise Ménard, consule, et Carole Le Goff, chargée d'affaires consulaires.

Les sénateurs Mme Marie-Thérèse Bruguière (Les Républicains-Hérault), vice-présidente, M. Jean-François Longeot (UC-Doubs), vice-président, Mme Vivette Lopez (Les Républicains-Gard), secrétaire, M. Robert Laufoaulu (Les Républicains-Wallis-et-Futuna), président délégué pour les îles Fidji, et Mme Françoise Cartron (LaREM-Gironde) ont également participé à cette réunion.

Mme Catherine Procaccia a invité Son Exc. M. Pierre Fournier à évoquer d’abord les conséquences du passage du cyclone Harold, puis l’avancée de l’épidémie de Covid-19 dans les îles du Pacifique, enfin la situation politique au Vanuatu à l’issue des dernières élections législatives.

Le passage du cyclone Harold

Son Exc. M. Pierre Fournier a indiqué que le cyclone Harold, de catégorie 5, soit une puissance comparable à celle de Pam en 2015, a occasionné d’importants dégâts au Vanuatu, notamment sur l’île de Santo, frappée le 6 avril 2020. Environ 20 000 personnes ont été touchées, 60 % des récoltes ont été détruites, tandis que 80 % des infrastructures scolaires et 50 % des infrastructures sanitaires ont été endommagées. Des cas de dengue et de paludisme ont été recensés et l’approvisionnement alimentaire a été perturbé.

Mme Elise Ménard a souligné que deux cents ressortissants français vivent sur l’île de Santo : 65 % des foyers ont subi des dégâts si lourds que leur logement n’est plus habitable. Beaucoup de ces familles, qui vivent du tourisme, sont privées de tout revenu. L’ambassade souhaiterait qu’une aide d’urgence puisse leur être versée, de même qu’aux personnes âgées dépendantes de l’aide sociale.

M. Robert Laufoaulu a demandé quelle aide la France avait apportée aux victimes de la catastrophe.

Son Exc. M. Pierre Fournier a répondu que 17 tonnes d’aide humanitaire avaient été acheminées vers Santo, à partir du stock d’intervention prépositionné à Nouméa. L’ambassade a en outre acheté une trentaine de bâches pour aider certaines familles à colmater leur logement. Il est regrettable que la rigidité des règles budgétaires n’ait pas permis de réaffecter des crédits liés aux frais de représentation ou à la coopération afin d’apporter un soutien plus important à nos ressortissants.

Dans le cadre de la reconstruction, l’ambassade voudrait investir dans le projet de l’Université nationale, ainsi que dans la réhabilitation de la mairie de Luganville, presqu’entièrement détruite. La Chine propose de contribuer au financement de ce deuxième projet, dont le coût est estimé à 750 000 euros, mais les autorités du Vanuatu souhaiteraient que ce soit plutôt la France qui y participe, compte tenu des liens historiques entre nos deux pays. Il faudrait pour cela que le ministère des affaires étrangères accorde une facilité de financement qui viendrait compléter la subvention que la commune néo-calédonienne de Mont-Dore, jumelée à Luganville, est prête à verser.

Mme Elise Ménard a ajouté qu’une cagnotte a été lancée sur internet qui a permis de récolter 5 500 euros, reversés aux victimes du cyclone.

M. Louis Arsac a insisté sur les dommages causés au lycée de Luganville, qui accueille en temps normal 850 élèves. Après six semaines d’interruption, les élèves de première et de terminale vont bientôt reprendre les cours. Le centre de recherche agronomique a également vu ses plantations détruites ; fondé par le Cirad, il cherche à développer des variétés endogènes adaptées aux conditions insulaires, indispensables pour résister à des cyclones de plus en plus violents.

La pandémie de Covid-19

Son Exc. M. Pierre Fournier a rappelé que le Vanuatu, qui disposait de seulement deux lits de réanimation au début de l’épidémie, a fermé ses frontières dans le but de limiter la diffusion de la maladie.

Il en a résulté un choc économique considérable, dans un pays où le tourisme représente 40 % du PIB, ce qui a conduit le Vanuatu à demander un report de sa date de sortie de la liste des pays les moins avancés (PMA), initialement prévue en décembre 2020.

Pour favoriser le dépistage, la France a financé un pont aérien entre Port-Vila et Nouméa afin de faire procéder à l’analyse de prélèvements biologiques.

Du fait de la fermeture des frontières, une quarantaine de ressortissants du Vanuatu sont bloqués en Nouvelle-Calédonie. Le Vanuatu n’entend pas procéder à leur rapatriement tant que le ministère de la santé n’aura pas défini les protocoles sanitaires applicables au transport aérien et tant que la réglementation imposera une quatorzaine au personnel navigant.

Le Vanuatu réfléchit à une réouverture des frontières avec les pays de la région dans lesquels le virus n’est plus présent, par exemple avec la Nouvelle-Zélande s’il se confirme que le pays n’enregistre plus de nouveaux cas.

En dépit de la pandémie, les célébrations pour le quarantième anniversaire de l’indépendance sont maintenues au mois de juillet, avec sans doute moins d’invités étrangers. En revanche, il est probable que le sommet du Forum des îles du Pacifique sera reporté à l’année prochaine.

Les élections au Vanuatu

Son Exc. M. Pierre Fournier a noté que les élections législatives, qui se sont tenues au mois de mars, se sont déroulées dans de bonnes conditions, sans entraîner de bouleversement des équilibres politiques.

Toutefois, une nouvelle coalition s’est formée, dont est exclu le parti de M. Ralph Regenvanu, ministre sortant des affaires étrangères. Cette coalition a choisi comme Premier ministre M. Bob Loughman, député de l’île de Tanna.

Le nouveau Premier ministre est une figure expérimentée de la vie politique vanuataise, à la tête d’un parti nationaliste, fondé en 1971, dont l’un des objectifs est d’achever la décolonisation dans le Pacifique. Pragmatique et modéré, il va tenter de maintenir dans la durée l’unité de sa majorité dans un pays où l’instabilité gouvernementale est traditionnelle.

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