Le groupe interparlementaire d’amitié France-Russie, présidé par M. Gérard LONGUET (Les Républicains – Meuse), a reçu, mercredi 31 mars 2021, M. Thomas GOMART, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), auteur de l’ouvrage « Guerres invisibles : nos prochains défis géopolitiques ».

Étaient présents : MM. Pascal ALLIZARD (LR – Calvados), François BONNEAU (Union Centriste – Charente) et Guillaume CHEVROLLIER (LR – Mayenne), Mme Gisèle JOURDA (Aude – Socialiste, Écologiste et Républicain), M. Ronan LE GLEUT (LR – Français établis hors de France), Mmes Vivette LOPEZ (LR – Gard), Angèle PREVILLE (SER – Lot) et Nadia SOLLOGOUB (UC – Nièvre), et M. Mickaël VALLET (SER – Charente-Maritime).

La présidence était assurée par M. Pascal ALLIZARD, vice-président du groupe d’amitié.

Le groupe d’amitié auditionnant M. Thomas GOMART

À titre liminaire, M. Pascal ALLIZARD a évoqué l’ouvrage récent de M. Thomas GOMART, « Guerres invisibles : nos prochains défis géopolitiques », qui fournit une grille de lecture du contexte géostratégique actuel marqué par la rivalité entre les États-Unis et la Chine, et soulève certaines interrogations géopolitiques majeures : l’Europe et la Russie risquent-elles d’être distancées dans les nouvelles « guerres invisibles » que se livrent les deux superpuissances ? A-t-elle intérêt à emboîter le pas aux Américains, sur la voie de tensions croissantes avec la Russie ? Quant aux Russes, ont-ils fondamentalement intérêt à privilégier une relation nécessairement asymétrique avec la Chine ?

M. Thomas GOMART a placé d’emblée la rivalité entre la Chine et les États-Unis dans le contexte d’une convergence entre dégradation environnementale et propagation technologique. Cette rivalité est très différente, selon lui, de celle que nous avons connue pendant la guerre froide, en raison de l’interpénétration des économies chinoise et américaine, dont le découplage sera difficile. La rivalité sino-américaine libère un espace pour des acteurs de second rang devenant plus actifs et plus présents dans l’environnement immédiat de l’Union européenne

M. Thomas GOMART

M. Thomas GOMART a indiqué qu’en 1999, deux officiers chinois avaient publié un livre, intitulé « La guerre hors limites », décrivant vingt-quatre types de guerres de tous ordres imbriquées les unes aux autres. Vingt ans après, au début de la pandémie, alors que la Chine avait ravi à l’Union européenne la place de n° 2 mondial, l’un des auteurs de cet ouvrage s’interrogeait : un pays sans industrie manufacturière peut-il être considéré comme une grande puissance ?

D’après M. Thomas GOMART, nous sommes passés d’une économie du pétrole et du gaz à une économie de la donnée. Autant la géopolitique de l’énergie est bien connue, autant celle des données est encore difficile à percer. Notre compréhension du complexe militaro-numérique chinois est embryonnaire. L’Europe doit être consciente de ces évolutions, relancer notamment sa politique spatiale et prendre, plus généralement, des mesures pour éviter le déclassement économique et militaire qui la menace.

M. Thomas GOMART a terminé sa présentation en évoquant la place de la Russie dans ce contexte. En 2005, la Russie a vu dans le rejet du traité constitutionnel européen le signe d’une déconnexion croissante entre le peuple et les élites européennes, ce qui l’a conduite à privilégier la voie du dialogue bilatéral. Les relations Union européenne-Russie se caractérisent par leur asymétrie : tandis que les intentions européennes sont affichées (« principes Mogherini »), celles de la Russie sont peu explicites.

Puis un débat s’est engagé avec les membres du groupe d’amitié sur différents sujets : l’Arctique, la place de la religion dans les « guerres invisibles », la relation Turquie-Russie, les relations Chine-Union européenne et Union européenne-Russie, le spatial, le nucléaire et la souveraineté numérique.

Contact(s)