Le 6 juillet 2021, le groupe d’amitié France-Vanuatu-Iles du Pacifique, présidé par Mme Catherine Procaccia (Les Républicains – Val-de-Marne), a reçu MM. Loïc Laurandel, directeur des affaires générales à la direction Asie-Pacifique de la direction générale Exploration et Production, Thierry de Feydeau, directeur des relations institutionnelles de la branche Marketing et Services, et Jean-Marie Chouzenoux, directeur des relations institutionnelles France, de la compagnie TotalEnergies.

MM. Jean-Jacques Lozach, (Socialiste, Écologiste et Républicain – Creuse), Michelle Gréaume (Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Nord), Gilbert Favreau (LR – Deux-Sèvres), Jean-François Longeot (Union Centriste – Doubs), Bruno Sido (LR – Marne), Lucien Stanzione (SER – Vaucluse) et Stéphane Sautarel (LR – Cantal) ont également participé à cet entretien.

Mme Catherine Procaccia a rappelé que le groupe d’amitié s’est récemment entretenu en visioconférence avec l’ambassadeur de France en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Guillaume Lemoine. Au cours de cet entretien a été évoqué un important projet d’investissement du groupe TotalEnergies dans ce pays. L’objectif de la réunion est de mieux comprendre les contours de ce projet, qui pourrait avoir un impact important dans le domaine économique et social et qui soulève des interrogations en ce qui concerne ses conséquences pour l’environnement.

Présentation du projet d’investissement de TotalEnergies en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Alors que seules des entreprises américaines et australiennes y étaient traditionnellement présentes, TotalEnergies s’est implanté en Papouasie-Nouvelle-Guinée à la fin de l’année 2013, afin d’y exploiter deux champs gazifères dont les réserves sont estimées à environ 1 milliard de barils équivalents.

M. Loïc Laurandel  a expliqué  que TotalEnergies est associé pour ce projet à la compagnie américaine ExxonMobil, à l’entreprise australienne Oil Search et à la compagnie d’État papouasienne Kumul. Des accords fiscaux et commerciaux ont été approuvés par la Papouasie-Nouvelle-Guinée de manière à en stabiliser le cadre juridique.

Après extraction, le gaz serait acheminé par pipeline jusqu’à une usine de liquéfaction opérée par ExxonMobil. L’objectif est de produire 5,6 millions de tonnes de gaz liquéfié par an, exportées vers des marchés asiatiques, notamment la Chine et la Corée du Sud. À titre de comparaison,           la production mondiale de gaz liquéfié s’élève à 380 millions de tonnes chaque année.

M. Jean-Jacques Lozach a demandé des précisions concernant le calendrier du projet.

M. Loïc Laurandel  a répondu que  TotalEnergies va d’abord continuer à mener des études et à prospecter des clients avant de prendre sa décision définitive d’investissement dans le courant de l’année 2023. Le coût du projet est évalué à 11 milliards de dollars, ce qui représente environ un tiers du PIB annuel de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. La production démarrerait en 2027 avec une exploitation qui pourrait atteindre un plateau pendant une quinzaine d’années avant de commencer à décliner.

M. Jean-François Longeot a demandé quelles mesures étaient envisagées pour réduire l’impact du projet sur la biodiversité et sur le climat.

M. Loïc Laurandel a souligné que le projet se conformera aux huit normes de performance définies par la Société financière internationale, qui dépend de la Banque mondiale. L’objectif est d’éviter de porter atteinte à la biodiversité, à défaut de réduire ces atteintes, enfin de compenser les atteintes qui ne peuvent être évitées. Pour chaque arbre coupé, il sera donc replanté un arbre de la même espèce. De plus, le gaz carbonique produit sera réinjecté dans le sous-sol de façon à limiter les rejets dans l’atmosphère. La consommation d’énergie sera réduite grâce à l’utilisation des technologies les plus récentes et les énergies renouvelables seront privilégiées.

Mme Catherine Procaccia a fait observer que les terrains appartiennent à des tribus et que certains projets ont pu être remis en cause par le passé en raison d’une méconnaissance de cette réalité locale et de l’absence de cadastre.

M. Loïc Laurandel a répondu que, à la lumière des expériences des entreprises opérant déjà dans le pays, une attention particulière est portée à la question de la propriété foncière, de manière à éviter des contestations futures et à préserver les droits des populations autochtones.

Mme Michelle Gréaume a souhaité obtenir des précisions sur l’impact social de l’investissement envisagé et sur les créations d’emplois qui pourraient en résulter.

M. Loïc Laurandel a répondu que la compagnie TotalEnergies privilégiait l’embauche de salariés locaux. Cependant les compétences pour occuper les postes techniques sont rares. Environ 38 000 candidatures ont été reçues, ce qui témoigne d’un intérêt pour le projet. Il reste à évaluer les compétences des candidats et à programmer les formations nécessaires pour répondre aux besoins.

La réalisation du chantier pourrait entraîner la création de plusieurs milliers d’emplois directs, auxquels s’ajouteront des milliers d’emplois induits. Une fois les constructions achevées, les besoins de main-d’œuvre seront plus réduits pour assurer la production.

La compagnie encouragera la création d’entreprises locales, par exemple dans le secteur agricole pour approvisionner les ouvriers résidant dans les bases vie. Elle est déjà impliquée dans la construction d’écoles et de dispensaires et dans la mise en œuvre d’actions de sensibilisation, par exemple sur la lutte contre les violences faites aux femmes qui est un véritable fléau. Le succès de ces projets dépend de leur appropriation par les communautés locales.

M. Bruno Sido a demandé quelles seraient les retombées financières du projet pour l’État de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

M. Loïc Laurandel a expliqué que les recettes pour l’État se chiffreraient en centaines de millions de dollars chaque année mais que leur montant exact dépendrait beaucoup des prix du gaz.

En réponse à une question de M. Gilbert Favreau, M. Jean-Marie Chouzenoux  a souligné que TotalEnergies est habitué à travailler dans des régions confrontées à des problèmes d’insécurité. Les mesures nécessaires seront prises pour protéger le personnel. En tout état de cause, la situation en Papouasie-Nouvelle-Guinée est beaucoup moins préoccupante que celles auxquelles le groupe fait face au Yémen ou encore au Mozambique où il a dû récemment interrompre ses activités.

Activité de distribution dans les îles du Pacifique

M. Thierry de Feydeau a indiqué que TotalEnergies emploie 32 000 salariés dans une centaine de pays pour ses activités de distribution, qui s’appuient notamment sur un réseau de 15 600 stations-services. Engagé dans la transition énergétique, TotalEnergies opère en outre plus de 20 000 bornes de recharge électrique en Europe. Leader de la distribution de produits pétroliers en Afrique et en Europe de l’Ouest, le groupe cherche depuis plusieurs années à se développer en Asie et dans le Pacifique.

Il a créé en 2011 une filiale en Papouasie-Nouvelle-Guinée afin d’y développer son activité de distribution et ses ventes de lubrifiants et de commerce général. Une  première station-service a ouvert dans le pays il y a cinq ans. Une dizaine sont aujourd’hui en activité à Port-Moresby et Lae, pour une part de marché limitée à 2%.

Avec 30% de part de marché, TotalEnergies est en revanche leader aux Fidji et à Tonga, où son réseau compte respectivement trente-deux et dix stations-services. En 2006, la compagnie a racheté les  activités de Shell, ce qui lui a permis de s’implanter rapidement dans ces deux pays. Les îles Wallis et Futuna sont approvisionnées depuis les îles Fidji.

Au mois de juillet, une première station-service va être solarisée en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce qui lui permettra de produire sa propre énergie à l’aide de panneaux solaires. Cet investissement illustre la volonté du groupe de prendre en compte les enjeux de développement durable y compris dans ses activités de distribution. La filiale commercialise également des lampes solaires dans le pays.

Contact(s)