Présents :

MM. Jérôme Bascher (Les Républicains – Oise), Bruno Belin (Les Républicains – Vienne), Patrick Boré (Les Républicains – Bouches-du-Rhône), Pierre Cuypers (Les Républicains – Seine-et-Marne), Bernard Fournier (Les Républicains – Loire), Fabien Genet (Les Républicains – Saône-et-Loire), Loïc Hervé (Union centriste – Haute-Savoie), Jean-Michel Houllegatte (Socialiste écologiste et républicain – Manche), Daniel Laurent (Les Républicains – Charente-Maritime), Dominique de Legge (Les Républicains – Ille-et-Vilaine), Mme Marie Mercier (Les Républicains – Saône-et-Loire) et MM. Louis-Jean de Nicolaÿ (Les Républicains – Sarthe) et André Vallini (Socialiste écologiste et républicain – Isère).

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M. Dominique de Legge (Les Républicains – Ille-et-Vilaine), Président du groupe d’amitié France-Saint-Siège, a accueilli SER Mgr Celestino Migliore et rappelé les grandes étapes de sa carrière : son ordination en 1977, son entrée au service diplomatique du Vatican en 1980, ses séjours en Angola, en Égypte, aux États-Unis et en Pologne, ses fonctions d’observateur du Saint-Siège au Conseil de l’Europe à Strasbourg de 1992 à 1995 puis à l’ONU de 2002 à 2010 et de nonce apostolique en Pologne de 2010 à 2016, puis en Russie de 2016 à 2020 et enfin à Paris. Il l’a ensuite interrogé sur sa perception des relations entre l’Église et l’État en France et du respect de la liberté de religion, ainsi que sur les perspectives ouvertes par le futur voyage du pape François en Irak au printemps 2021.

Abordant le premier sujet, Mgr Migliore a expliqué que l’Église comprend la nécessité pour l’État de lutter contre le séparatisme et l’islamisme radical en confortant les principes républicains, mais qu’elle craint que le projet de loi n’introduise une inflexion sécuritaire dans l’économie générale du régime de séparation issu de la loi de 1905 et des accords juridiques et diplomatiques des années 1920. Il a notamment évoqué la libre organisation du culte et des communautés religieuses, le régime des associations cultuelles, la liberté d’enseignement et la libre expression publique de la foi et des croyances. Le nouveau régime de déclaration et d’autorisation des associations serait ainsi susceptible d’introduire une insécurité juridique. De même la possibilité de dissoudre une organisation ou de fermer un lieu de culte en arguant d’une discrimination pourrait faire courir le risque d’une interprétation très large de cette notion qui pourrait être instrumentalisée contre certaines positions de l’Église malgré son combat pour la dignité des personnes. Mgr Migliore a enfin souligné que la laïcité était une règle juridique régissant les relations entre l’Église et l’État mais pas une religion alternative ayant des valeurs et principes propres et supérieurs aux religions.

Répondant à M. Jérôme Bascher (Les Républicains – Oise), il a précisé qu’il serait nécessaire que le législateur précise ses intentions quant à la notion de discrimination qu’il avait évoquée et qu’il fallait prendre garde à ce que l’État respecte la libre organisation du culte.

Interrogé par M. Dominique de Legge (Les Républicains – Ille-et-Vilaine), président, sur la pertinence d’une tutelle du ministère de la Justice sur les cultes, Mgr Migliore a estimé que la question n’était pas d’actualité mais qu’un tel rattachement aurait sa logique puisque la laïcité était essentiellement une question de libertés publiques.

Mgr Migliore a ensuite abordé les questions internationales. Le voyage du Pape en Irak montre tout d’abord que tous les voyages pontificaux de 2021 ne sont pas annulés et que donc le pape François acceptera peut-être de se rendre en France en novembre pour les 500 ans de la Compagnie de Jésus à Marseille puis à Lourdes à l’assemblée plénière des évêques. Plus spécifiquement ce voyage en Irak permettra de soutenir les communautés locales et leur importance dans un Moyen-Orient qui, sans elles, serait uniquement musulman et ne bénéficierait pas de l’ouverture qu’elles apportent. Ce sera un encouragement à la solidarité à leur intention mais aussi à œuvrer au dialogue avec l’Islam pour le bien commun de ces sociétés à travers des réalisations concrètes, comme les écoles ou les hôpitaux, qui sont autant de signes de la capacité de vivre ensemble et de faire évoluer les mentalités et les cultures.

Répondant à MM. André Vallini (Socialiste écologiste et républicain – Isère) et Pierre Cuypers (Les Républicains – Seine-et-Marne), il a souligné le souci de l’Église pour les chrétiens de Syrie et bien au-delà, à travers par exemple l’Œuvre d’Orient, pour toute une population éprouvée quelle que soit sa confession. Il a rappelé l’action religieuse et politique du pape François à l’automne 2013 en appelant au jeûne et à la prière qui avait eu un impact beaucoup plus important que certains ont voulu le dire.

Interrogé sur la dernière encyclique du Pape et la notion de fraternité par MM. Jean-Michel Houllegatte (Socialiste écologiste et républicain – Manche) et Patrick Boré (Les Républicains – Bouches-du-Rhône), Mgr Migliore a expliqué que le Pape pensait que nos sociétés étaient engagés dans un changement d’époque, une évolution profonde de notre civilisation et qu’il ne fallait pas l’aborder sous le seul angle sécuritaire mais aussi à travers les peuples et les personnes. Bien entendu la fraternité et l’accueil ne sont pas à sens unique, les migrants, par exemple, doivent respecter les lois et la culture du pays dans lequel ils vivent.

L’Église a d’ailleurs une contribution particulière à apporter, elle doit l’exprimer clairement et chercher à mieux se faire entendre et comprendre comme le soulignait M. Daniel Laurent (Les Républicains – Charente-Maritime).

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