Le mardi 2 mars 2021, M. Jacques Le Nay (Union Centriste – Morbihan), président du groupe d’amitié France-Afghanistan, a tenu une visioconférence avec M. David Martinon, ambassadeur de France en Afghanistan, accompagné de M. Olivier Huynh Van, conseiller de coopération et d’action culturelle, et de M. Philippe Marquis, directeur de la Délégation de l’archéologie française en Afghanistan (DAFA). Était également présent M. Michel Canevet (UC – Finistère).

Le processus de paix

M. David Martinon a souligné les nombreuses incertitudes qui pesaient sur le processus de paix, les intentions américaines étant difficiles à lire. L’accord de Doha signé le 28 février 2020 avec les Talibans était par trop déséquilibré. Pour que ces derniers tiennent leurs engagements, l’envoyé américain Zalmay Khalilzad fera probablement valoir que l’administration américaine n’a pas encore tranché sur le retrait effectif des troupes au 1er mai 2021 prévu par l’accord.

Si les troupes demeurent après le 1er mai, soit elles le font dans le cadre d’un accord avec les Talibans – avec des contreparties pour ces derniers –, soit de manière unilatérale, et dans ce cas les attaques contre la coalition internationale, suspendues depuis un an, reprendront dès le 2 mai.

Les Talibans n’ont pris que des engagements très vagues en faveur des femmes et des minorités ; s’ils devaient participer au pouvoir, tout l’engagement de la France, justifié par la défense de valeurs universelles, serait remis en cause.

Le rôle de la France

La France, a souligné l’ambassadeur, a une influence qui dépasse de très loin son engagement financier, désormais très limité. Elle peut se prévaloir de l’expérience des French Doctors, de ses liens anciens avec l’Alliance du Nord, de l’action efficace de ses organisations non-gouvernementales (ONG), et enfin de son action en matière culturelle et archéologique, qui remonte à 1922. Elle utilise cette influence pour faire entendre une voix indépendante, notamment lorsqu’elle juge trop précipitées certaines décisions américaines.

Le volet culturel et éducatif de l’action française

M. Philippe Marquis a souligné la forte présence de la DAFA sur le terrain, au plus près des communautés locales – dont le soutien est la meilleure garantie de sécurité. La DAFA contribue à la protection du site de Bamiyan et a commencé des fouilles dans la citadelle de Kaboul. Une mission sera prochainement ouverte dans le Wakhan. Enfin, la DAFA étudie un projet de sauvegarde du minaret de Djam, chef d’œuvre d’art islamique médiéval menacé d’effondrement, et très difficile d’accès.

M. Jacques Le Nay, président, a souligné l’importance de faire connaître cette dimension de l’action française en Afghanistan.

M. Huynh Van a ensuite présenté l’activité de l’Institut français d’Afghanistan (IFA), ouvert en 2010, qui est un des centres culturels de Kaboul. L’action culturelle se complète d’une action éducative avec la gestion des lycées français de garçons Istiqlal et de filles Malalaï, et d’un programme de bourses. 75 étudiants afghans se trouvent actuellement en France. Les bourses sont un facteur d’influence important, car d’anciens boursiers occupent désormais des postes clés dans l’appareil d’État afghan.

Le soutien aux ONG françaises

Le financement des ONG françaises, a expliqué l’ambassadeur, est attribué via l’Agence française de développement (AFD) ou les fonds de l’ambassade de France, sans passer par les autorités afghanes. Cela engendre certaines tensions, dont l’une des manifestations est un projet de loi soumettant les ONG étrangères à un régime d’autorisation plus sévère.

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