M. Antoine LEFÈVRE entouré de la délégation

Mercredi 2 mars 2022, M. Antoine LEFÈVRE (Les Républicains – Aisne), président du groupe interparlementaire d’amitié France-États-Unis, s’est entretenu avec des représentants de la chambre d’agriculture de l’Illinois.

Dans ses propos liminaires, M. LEFÈVRE a évoqué son attachement aux questions agricoles en évoquant son département. En effet, l’Aisne se classe premier parmi les territoires producteurs de betterave sucrière et compte deux appellations d’origine protégée (AOP). Après avoir abordé les différences entre le Sénat français et le Sénat américain, le président du groupe d’amitié a fait référence aux différences entre les modèles agricoles des deux pays. En dépit de ces différences, les deux agricultures doivent faire face à des défis communs, notamment la souveraineté alimentaire. Ce problème est d’autant plus préoccupant dans le contexte de la guerre en Ukraine qui favorise la hausse du prix des matières premières agricoles. Selon M. LEFÈVRE, la France se doit de rester compétitive et de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger, dans le respect des normes environnementales. Pour faire face aux disparités des revenus entre agriculteurs, 20 % d’entre eux n’étant pas en mesure de se verser un salaire, la question de la transmission des exploitations et la sécurisation des prix pour les exploitants doit être traitée. Dénonçant une atmosphère d’ « agribashing », le président du groupe d’amitié a fait valoir l’action du Sénat en faveur du monde agricole par l’adoption de mesures législatives concernant l’assurance récolte, la lutte contre le suicide ou encore le bien-être animal. M. LEFÈVRE a souligné le rôle des agriculteurs pour nourrir la planète, alors que la famine affecte toujours certaines régions du monde.

En réponse à M. Brian DUNCAN, vice-président de la chambre d’agriculture de l’Illinois, selon qui l’utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) permettrait de nourrir la planète et d’atténuer les impacts du changement climatique, M. LEFÈVRE a expliqué que la perception américaine sur le sujet était différente de celle de l’Europe. Selon lui, il n’est pas imaginable de réintroduire les OGM dans le modèle d’agriculture européen en raison des scandales passés, même si la lutte contre la famine pourrait faire évoluer en partie les opinions. Il a en outre avancé que le modèle d’agriculture biologique n’était pas généralisable à tous les domaines.

M. Mark GEBHARDS, directeur général du service des affaires gouvernementales et des marchandises de la chambre d’agriculture de l’Illinois, a souhaité en savoir plus sur le programme d’assurance et sur la question de la protection sociale dont peuvent bénéficier les agriculteurs français. M. LEFÈVRE a indiqué que ce programme était financé grâce à un partenariat à contribution égale de l’Etat et des agriculteurs. Cette aide s’est développée dans les années 1960, avec la spécialisation de certains acteurs du secteur mutualiste dans l’agriculture, comme le Crédit agricole ou la Mutualité sociale agricole (MSA). Il a également mentionné l’existence d’un fonds agricole couvrant les dégâts causés par les catastrophes climatiques. Des aides peuvent également être fournies par le ministère de l’Agriculture. M. LEFÈVRE a cité l’exemple d’un dispositif pour soutenir la filière porcine face aux conséquences de la crise ukrainienne.

M. Earl WILLIAMS JR., directeur d’un département de la chambre d’agriculture de l’Illinois et membre du conseil d’administration de la fondation de l’association agricole de l’Illinois, a mis en avant l’importance du modèle biologique dans l’évolution du paysage agricole européen et s’est interrogé sur la pertinence de ce modèle. M. LEFÈVRE a indiqué que les exploitants de structures familiales, du fait de leur grande expérience, sont actuellement les plus à même de choisir quel modèle convient le mieux à leur production. Il a également indiqué que des standards élevés s’appliquaient aux méthodes agricoles aux États-Unis. Selon lui, les fertilisants peuvent être utilisés de manière raisonnée, notamment grâce au programme FertiMieux du gouvernement, qui s’appuie sur l’approche locale pour introduire de nouveaux usages. En revanche, il a évoqué le problème posé par certaines «zones de non-traitement », qui réglementent l’usage de produits chimiques à proximité d’écoles ou d’habitations dans le respect du principe de précaution. Cette réglementation fait l’objet de nombreuses discussions chez les agriculteurs, car elle aboutit à un paradoxe : les personnes vivant dans ces zones protégées peuvent utiliser dans leur jardin des traitements proscrits pour les agriculteurs.

Enfin, Mme Molly ROSENTRETER a souhaité connaître la vision de M. LEFÈVRE sur le rétablissement de la confiance entre la société et le monde agricole. Pour le président du groupe d’amitié, la transparence et la pédagogie sont essentielles afin d’éveiller la curiosité des citoyens et de les rendre conscients des réalités du secteur. Il a en outre estimé qu’un important travail devait être effectué dans la formation des jeunes agriculteurs, pour que ces derniers puissent mieux promouvoir leurs filières et leurs produits.

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