Le groupe interparlementaire d’amitié France-Irlande a reçu jeudi 15 décembre 2016 S.E. M. Géraldine Byrne-Nason, ambassadrice d’Irlande en France. Cette rencontre a été l’occasion d’un échange sur la situation politique de l’Irlande et sur le contexte européen et international dans lequel elle s’inscrit.


S.E. Mme Byrne-Nason s’est félicitée des relations d’amitié et de coopération économique et culturelle qui unissent la France et l’Irlande.


La venue à Dublin du Président de la République, M. François Hollande, a été particulièrement appréciée, d’autant plus qu’elle s’est déroulée dans un contexte particulièrement lourd, une semaine après l’attentat de Nice. Le Taoiseach, très francophile, pourrait revenir à Paris en 2017.


Le choix du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne conduit l’Irlande à redéfinir ses intérêts stratégiques pour l’avenir qui ne peut s’écrire sans le Royaume-Uni. Mais la nature des relations entre ces deux pays est appelée à évoluer. Le sentiment d’appartenance à l’Europe est très fort en Irlande et il fait l’objet d’un large consensus. Il est hors de question pour les Irlandais de suivre le Royaume-Uni dans une sortie de l’Union européenne.


Le Brexit suscite pour l’Irlande quatre principales préoccupations : le maintien de la liberté de circulation entre les deux États, les conséquences pour l’économie irlandaise – les échanges commerciaux bilatéraux représentent 14 milliards d’euros par semaine – et la question de la frontière terrestre avec l’Irlande du Nord.


À ce stade, il existe une grande incertitude sur les intentions du Gouvernement britannique. L’ensemble des scenarios possibles sont étudiés à Dublin, cette question étant pilotée directement par le Taoiseach. Toutefois, il s’agit avant tout d’une redéfinition des relations entre l’Union européenne, dont l’Irlande est membre, et le Royaume-Uni et non d’une question bilatérale. L’Irlande insiste sur le fait que les négociations ne peuvent commencer tant que le Royaume-Uni n’a pas invoqué l’article 50 du Traité sur l’Union européenne.


L’Irlande souligne que la question de la sortie du Royaume-Uni doit être traitée par le Conseil de l’Union européenne, c’est-à-dire au niveau des chefs d’État et de Gouvernement, même si la nomination de M. Michel Barnier pour conduire les négociations au nom de la Commission européenne a été bien perçue.


S’agissant des relations avec l’Irlande du Nord, il existe un consensus entre Dublin, Londres et Belfast sur le fait que la frontière doit rester invisible. L’étroite coopération au niveau ministériel entre le Gouvernement irlandais et les autorités nord-irlandaises s’est intensifiée depuis le référendum britannique. Les citoyens nord-irlandais, comme toute personne née en République d’Irlande ou en Irlande du Nord ou ayant un parent ou un grand-parent irlandais, sont éligibles à la délivrance d’un passeport irlandais. Les demandes en ce sens ont fortement augmenté ces derniers mois.
L’Irlande a connu un redressement très rapide ces dernières années. Le taux de croissance devrait être de 4,2 % en 2016 et de 3,5 % en 2017, les inquiétudes liées au Brexit provoquant un léger ralentissement sans remettre en cause les solides fondements de cette reprise. Entre 2012 et 2016, le taux de chômage est passé de 15 % à 7,7 %, la dette publique de 120 % du PIB à moins de 70 % et le déficit public est passé sous la barre de 1 %.


Les préoccupations que peuvent causer en Irlande le résultat des élections américaines sont loin d’atteindre l’ampleur de celles causées par le Brexit. L’Irlande est favorable à une clarification des règles fiscales américaines et les annonces en ce sens du Président-élu Donald Trump ne suscitent donc pas d’inquiétudes particulières. Surtout, l’implantation en Irlande d’entreprises américaines est ancienne et résulte des avantages comparatifs que peut offrir ce pays : une main d’œuvre qualifiée et anglophone et une intégration à la zone euro.


Sur la question de l’attitude de l’Irlande au sujet des interventions extérieures et de la construction d’une défense européenne, l’ambassadrice a rappelé l’existence d’un triple verrou (triple lock) pour le déploiement de forces irlandaises sur des théâtres extérieurs : un mandat de l’organisation des Nations Unies, une autorisation du Parlement et un consensus au sein du Gouvernement. Le contexte de crises migratoires et les préoccupations humanitaires qu’elles causent est de nature à faire évoluer la position des irlandais au sujet du déploiement de soldats à l’étranger pour des opérations humanitaires ou de maintien de la paix. Il n’est toutefois pas question de sortir de la position traditionnelle de neutralité internationale.


La question de l’interruption volontaire de grossesse demeure très sensible, à plus forte raison dans un contexte de Gouvernement minoritaire. Le débat a été institutionnalisé au travers de la création d’une assemblée citoyenne (Citizens’ Assembly) chargée de soumettre au Parlement des propositions. L’opinion publique irlandaise est marquée à ce sujet par des clivages générationnels et géographiques.


M. Michel Raison a rendu compte du déplacement à Dublin d’une délégation de sénateurs membres des commissions des Affaires économiques et du Développement durable les 8 et 9 décembre 2016. Cette délégation a été reçue par le Président de l’Assemblée nationale irlandaise (Dáil) ainsi que par le ministre de l’agriculture.


M. Olivier Cadic a fait part de son déplacement à Dublin et à Belfast.
L’éventualité d’un déplacement du groupe d’amitié en Irlande au printemps 2017 a été évoquée et S.E. Mme Byrne-Nason a indiqué que l’ambassade d’Irlande à Paris était disposée à faciliter l’organisation de ce déplacement.

Contact(s)