État civil :
Né le 18 mai 1769
Décédé le 10 mars 1842
Pairs de France

Pair de France

Pair de France  (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français « Robert et Cougny » (1889-1891))

Pair de France

DUFOUR (GILBERT-JEAN-BAPTISTE, Baron)

Gilbert-Jean-Baptiste Dufour, né à Chaumont en Bassigny le 18 mai 1769, fait partie de ces personnages qui, si notre pays n'avait pas connu à la fin du XVIIIe siècle les bouleversements que l'on sait, aurait peut-être terminé sa vie comme chanoine du chapitre de la collégiale Saint Jean-Baptiste de Chaumont. C'était, apparemment, l'ambition de ses parents d'y voir accéder leur fils qui possédait l'une des conditions exigées, la naissance à Chaumont. Déjà, l'un de ses cousins germains, Jean Dufour, fils d'un receveur des deniers patrimoniaux de la ville, né en 1745, avait embrassé l'état ecclésiastique (1). D'origine modeste, son père, Louis, sacristain de la collégiale - certains documents indiquent organiste - appartenait à une longue lignée de laboureurs originaires de Semoutier (2) où il naquit en 1726. De cette famille sans histoire, apparemment, la filiation connue remonte à un Jean-Baptiste Dufour qui aurait épousé, à Sémoutier, sous le règne du Bon roi Henri, le 8 octobre 1607, Jeanne de Le Toux dict de Pradines, sans doute fille ou petite-fille de Jean, seigneur de Sémoutier qui paraît à l'arrière-ban du baillage de Chaumont (4 juin 1577) (3).

Du côté maternel l'ascendance est plus urbaine, bourgeoise et mercantile. Marie Thoirey, sa mère, est la fille de Jacques, maître du corps des marchands de Bar-le-Duc, et de Marie Robert. Celle-ci était la soeur d'Antoine Robert, seigneur de Jubainville et de l'Aigle, tête d'une opulente et nombreuse famille barrisienne de négociants, dont l'un des fils, Jean, seigneur de Couvonges, sera maire royal de Bar-le-Duc sous Louis XVI et dont une branche sera anoblie par Charles X en 1826, en la personne de François-Xavier. Cet officier de gendarmerie procéda, en 1816, à la perquisition qui permit de retrouver, chez la veuve de l'ancien conventionnel Courtois, le testament et des souvenirs de Marie-Antoinette (4).

La chance voulut que Mgr Gilbert de Montmorin de Saint-Hérem, évêque duc de Langres, ait été en tournée de confirmation (5) lors de sa naissance et que ce fût lui qui baptisât le jeune Gilbert-Jean-Baptiste Dufour, le 18 mai 1769, d'où cette bénéfique protection épiscopale qui, après sa mort, l'année suivante, fut reprise par Mgr de La Luzerne, son successeur. C'est ainsi que, le 5 juillet 1781, l'évêque de Langres lui conféra, à l'âge de douze ans, la première tonsure cléricale, condition de la collation d'un bénéfice à simple tonsure dont les revenus assuraient la charge de son éducation au collège de sa ville natale (6). Le collège de Chaumont, héritier de celui créé par les Jésuites en 1618-20, avec le soutien de Sébastien Zamet, évêque de Langres, fut tenu, après leur expulsion en 1762, par des prêtres séculiers, remplacés, en 1775, par des prêtres de la congrégation des Doctrinaires qui en firent un remarquable établissement d'enseignement d'environ trois cents élèves. Travailleur, sans doute ambitieux, Dufour y fit de très bonnes études et y acquit notamment une solide culture classique et historique qui transparaît tout au long de sa Guerre de Russie. On a gardé la trace de quelques-uns de ses prix, deuxième prix d'excellence en 1785, l'année de ses humanités et, en rhétorique, en 1786, deuxième prix d'excellence également et deuxième prix d'art oratoire. Après ses études au collège de Chaumont, Dufour entra au séminaire de Langres qu'il quitta, apparemment en 1791, au moment de sa fermeture, ou, disent certains textes « au moment de l'arrivée de l'évêque intrus ». Il rejoignit alors à Bar-le-Duc l'importante maison de commerce de Henri Gand qui avait épousé la cousine germaine de sa mère, Catherine Robert, situation où il put développer des capacités de gestion et de comptabilité qui lui seront fort utiles.

C'est à cette époque qu'il rencontra sa jeune cousine issue de germains, Catherine-Reine Robert, de dix ans sa cadette, qu'il devait épouser à Bar le 25 novembre 1797. Le contrat de mariage mentionne la dot de la mariée comportant terres et vignes d'une valeur de 20 000 francs. Les gains et épargnes du futur sont évalués à 12 000 francs, ce qui témoigne que Dufour avait déjà épargné depuis son entrée dans la carrière militaire, en 1793 (7).

Le volontaire de 1793, le commissaire des guerres

En effet, cette étape dans le monde commercial fut relativement courte. Vint 1793 et Dufour, déjà lieutenant de grenadiers de la Garde nationale de Bar-le-Duc, depuis le 10 novembre 1791, était parti avec le général Desprez-Crassier auprès duquel il occupa les fonctions de secrétaire. À vingt-quatre ans, le 8 septembre 1793, il fut élu, à l'unanimité des voix moins deux, chef de bataillon des Volontaires de Bar. Une grave blessure l'atteint lors d'une affaire devant Bouillon, le 30 Floréal II (19 mai 1794). Grièvement blessé, son cheval sous lui, il resta à la tête de son bataillon. Il fut alors affecté, le 17 messidor (5 juillet), comme adjoint provisoire à l'État-major de la 1ère division de l'Armée des Ardennes, puis, le 21 fructidor (7 septembre), nommé commissaire des guerres provisoire. Neuf mois plus tard, le 13 juin 1795, il fut confirmé dans un corps qu'il ne quittera que quarante-quatre ans plus tard, en 1839 (8).

Mais que se passe-t-il en avril 1796, alors qu'il est à l'armée du Rhin? Dufour est parti en permission, peut-être sur un désaccord, et ne rentre pas, d'où une amusante supplique envoyée d'Anweiler le 8 floréal an IV (27 avril 1796), comportant une dizaine de signatures et adressée chez son cousin issu de germains, Antoine-Claude Bertier, dit Bertier de Roville (9).

« Vous nous aviez fait espérer, notre cher commissaire des guerres, que votre absence ne dureroit pas plus de quinze jours, ou tout au plus trois semaines [...] L'intérêt de la troupe et de plus la tranquillité du quartier Général exigent que vous fassiez le sacrifice de venir partager notre demeure champêtre. [...] Nous ne sommes pas les seuls qui désirons votre retour : un assez bon nombre de scènes scandaleuses arrivées depuis votre départ ont fait dire à tout le monde : où est Dufour ? Enfin l'administration de la division n'est plus qu'une charrette embourbée qui ne veut plus marcher malgré les coups de fouets que nous appliquons à la Rosse qui est dans le timon. [...] Veuillez, nous vous en prions, faire taire tout sentiment qui pourrait vous éloigner de nous. »

Dès cette époque Dufour témoigne, en effet, de son efficacité, sa rigueur, son sens de l'organisation et son autorité naturelle, sans indulgence abusive, qualités qui le feront remarquer de ses chefs. Sa froideur et son sens de la réserve déroutent parfois et il a pu susciter un jugement sévère comme celui qu'exprimera, crûment, un commissaire affecté à la Garde pour la campagne de Russie. François-Louis Le Maistre de Kergourio (1770-1812) écrit de Moscou à sa femme, le 16 octobre 1812 : « Nous avons pour ordonnateur en chef Dufour, homme le plus indéfinissable que de vie d'homme l'on puisse rencontrer, le coeur sec comme une pierre, égoïste jusqu'au superlatif, dur comme une enclume, brutal comme un âne, enfin un vrai bâton m... et l'on ne sait par quel bout le prendre. Aussi suis-je excédé de la Garde au-delà de toute expression. Cependant tu seras bien étonnée quand tu sauras qu'il ne veut pas que je le quitte et que je mange toujours avec lui à quelques absences près, après lesquelles j'ai voulu vivre avec un camarade. Jamais cela n'a pu tenir. L'on s'est boudé; il est revenu au-devant de moi, tant y a que nous demeurons sous le même toit et que mes domestiques sont fondus dans la maison, ainsi que mes chevaux. Est-ce estime particulière que je lui aurais inspirée ? Je n'ai pas assez d'amour-propre. Est-ce pour avoir toujours sous la main quelqu'un qui puisse exécuter ses ordres ? Je n'en sais rien. » (10)

Parmi ses qualités reconnues, Dufour semble avoir toujours manifesté une attention particulière au bon fonctionnement des services de santé, domaine qui fut, d'ailleurs, le sien, lorsque chargé de la police supérieure de l'habillement et des hôpitaux de l'armée française en Helvétie. « Le général Massena me charge, Citoyen commissaire, de vous témoigner sa satisfaction pour votre zèle actif et vos précautions dans la journée d'hier devant Feldkirch. Vous n'avez rien oublié de ce qui pouvait intéresser le sort de nos blessés et les soins qui leur étoient dus. », lui écrit le 4 germinal an VII le général Rheinwald, sous-chef d'état-major. Le 29 germinal VII (18 avril 1799), il est félicité par Millet de Villeneuve, chef du Bureau des hôpitaux (11) : « C'est aux mesures d'ordre et aux sages précautions que vous avez prises qu'est due la régularité du service hospitalier dans ces glorieuses journées. Je vous préviens que c'est avec bien du plaisir que je cède à la demande que m'a faite le commissaire ordonnateur de vous donner le témoignage de satisfaction que mérite la conduite que vous avez tenue ». Huit ans plus tard, l'on peut citer la lettre que le baron Larrey écrivait après Eylau : « Il est vrai que nos transports se firent avec beaucoup de soins, chaque convoi était accompagné du nombre d'officiers de santé, de sous-officiers et de soldats infirmiers nécessaires pour donner en route, aux blessés, tous les secours dont ils avaient besoin. Leur gîte et leur soupe était préparés à l'avance, à chaque lieu de station, par des sous-officiers qui précédaient les convois. M. le commissaire ordonnateur Dufour, qui nous a secondés avec autant de zèle que d'activité pour toutes les opérations administratives, s'est acquis, dans cette circonstance, les plus grands droits à la reconnaissance de ces militaires. » (12).

Ses connaissances administratives et techniques sont vastes et il n'est donc pas étonnant que le décret du 22 mars 1805 prévoyant la composition de la commission chargée de préparer le nouveau Code militaire voulu par Napoléon, instance présidée par le comte Daru, ait prévu la présence de Dufour. Le 4 thermidor XIII (23 juillet 1805), le remerciant de sa lettre de félicitations pour sa nomination - il venait d'être nommé conseiller d'Etat et intendant général de la Liste civile - Daru lui rappelle au sujet du code : « Mon cher camarade, [...] Il s'agit maintenant de justifier cette faveur en terminant le grand ouvrage auquel vous coopérés. Vous sçavés combien il est avancé. Dans quelques jours toute la partie la plus pénible du travail sera terminée. Je vous engage bien à completter votre article des fourrages en m'envoyant la législation actuelle de ce service. Je devrois vous remercier dabord de l'analyse que vous avés faitte de l'adm. on antérieure, [...] Je vous embrasse. » De la même manière, il est, avec Bardin, major au 2éme régiment de la garde de Paris, dessinateur, l'auteur du projet de règlement sur l'habillement des troupes d'infanterie présenté, par le duc de Feltre, ministre de la Guerre, à la commission compétente (13) du 2 au 11 décembre 1811.

Si, sans doute, Dufour a conscience de sa valeur, il ne dédaigne pas les recommandations. En pluviôse VII c'est le commissaire civil du gouvernement près l'armée française en Helvétie qui se prête au jeu. Le 7 thermidor XII (26 juillet 1804) il reçoit, au camp d'Outreau, cette lettre de Joseph, frère de l'Empereur : « J'ai reçu, Monsieur, votre lettre et l'Etat de vos services. Si je puis trouver l'occasion de les faire valoir je la saisirai bien volontiers comme je vous en ai donné l'assurance d'après tout le bien que l'on m'a dit souvent de vous. » C'est à l'époque où il est au camp d'Ambleteuse que Dufour « commissaire des Guerres à la 3e Division du Camp de St Omer » reçoit « A Marquise pour le Camp d'Ambleteuse », le très curieux diplôme de la non moins curieuse et mal connue « Société des Gobemouches, séante à Paris, dans la boutique du Libraire Desenne, Palais ci-devant Royal, vis-à-vis le Café Valois. » Son admission, au titre d'Associé-Libre Correspondant, lui donne accès à la diète générale de Moncrabeau, et lui donne des capacités aussi variées que fantaisistes dont on peut lire le détail sur la reproduction du document. Elle témoigne, s'il en était besoin, que parfois, Dufour n'était pas dénué d'un certain sens de l'humour, à moins qu'il faille voir, ici, un trait d'ironie de la Société des Gobemouches. Y est joint, ajoutons-le, sous la signature du baron de Crac, les « Lettres-Patentes de la très véridique cour de Moncrabeau ».

L'ordonnateur de la Garde impériale

En dépit d'une certaine concurrence, Gilbert Dufour est nommé, le 8 septembre 1805, commissaire des guerres de la Garde, puis, le 1er mai 1806, commissaire ordonnateur de la Garde impériale, communément dénommé ordonnateur en chef. Il pourra écrire, plus de trente an plus tard, au maréchal Soult, ministre de la Guerre de Louis-Philippe. « Il est de notoriété publique, Mr. le Maréchal, et il vous est connu plus que de personne aujourd'hui, que la Garde impériale a composé plusieurs corps d'armée sous les ordres de plusieurs maréchaux de l'Empire, et sous le commandement direct de l'Empereur, et que seul j'ai présidé à son administration sans interruption durant onze années. », témoignant de sa fierté d'avoir occupé ces fonctions. Il aurait pu ajouter que l'Empereur y attachait un prix particulier (14). Il en évalue en 1812 la composition à 46 888 hommes (37 212 d'infanterie, 3 982 de cavalerie, 2 738 d'artillerie et train, 180 sapeurs, 1 010 marins, 376 de gendarmerie, 788 d'équipages militaire et 302 ouvriers d'administration, évaluation qui paraît plus théorique qu'effective (14bis). Si elle suscita quelques jalousies, sa nomination lui valut les « compliments de la part des hommes les plus considérés, du maréchal Soult, du maréchal Mortier, du maréchal Davout. » Ce dernier lui écrivit, le 27 mai 1806 : « J'ai appris avec bien du plaisir, Monsieur, votre nomination. Connaissant depuis longtemps votre amour pour votre état, votre zèle, votre activité, votre intelligence et votre probité, je n'ai pu voir qu'avec la plus vive satisfaction que vos services étaient récompensés et que vous occupiez une place qui me donnerait avec vous des relations qui me seront toujours très agréables en raison de vos qualités. » Davout d'ailleurs le connaissait de longue date, puisque c'est lui qui, onze ans plus tôt, avait fait un rapport favorable à son intégration dans le corps des commissaires des guerres (15). Il ajoute en 1806 : « Vous devez être d'autant plus convaincu de cette déclaration que je ne les prodigue pas. »

C'est maintenant avec cette lourde responsabilité que Dufour va accompagner la Garde et faire toutes les campagnes de l'Empire (16). Marqué par la campagne de Russie, il écrira son histoire qui, sous le titre de Guerre de Russie 1812, ne sera publiée qu'en 2007.

Quelques scènes le voient apparaître personnellement mais il n'y cite jamais son nom, se contentant d'indiquer sa fonction. Ici, entrant dans Moscou pour un repérage, ce sont « le comte Daru et l'ordonnateur de la Garde, presque seuls [apparemment il y avait aussi le général Mathieu Dumas que Dufour omet de citer] au milieu de cette immense cité. » Là, nous voyons la lutte pour sauver du feu la maison « d'un des premiers médecins de la ville », sur le boulevard occidental, où il s'était installé, et il précise qu'il en a sauvé les objets précieux qu'il a fait remettre à un ecclésiastique ami de la famille. Pour l'anecdote, il raconte comment le duc d'Abrantès et lui-même, à Dorogobouj, échappèrent à l'incendie de la ville (17). Ancien soldat, il ne l'oublie pas, il manifeste une certaine fierté d'avoir pris la tête de combattants isolés menacés par un parti de Cosaques, près de Korytnia, (18) Rappelons que, pendant la campagne il « perdit tous ses domestiques ainsi que les secrétaires qui l'accompagnaient, à l'exception d'un seul » et qu'à Vilna « il ne put les décider à aller plus loin : leurs forces et leur moral étaient épuisés ; il dut songer à son salut personnel, et à trois heures du matin, il sortit seul et à pied de cette ville malheureuse. (19) ».

À la chute de l'empire les services de Dufour, comme ceux de nombre de serviteurs de Napoléon, apparaissent largement reconnus et récompensés. Il a figuré dans l'une des premières promotions de la Légion d'honneur, nommé chevalier le 15 messidor XII (4 juillet 1804) et promu officier, le 15 mars 1813 (20) Le 28 novembre suivant, Napoléon le nomme chevalier de l'Ordre impérial de la Réunion (21). À sa suppression, se pliant aux ordres du Grand Chancelier qui lui enjoint de renvoyer diplôme et décoration de la Réunion il annote la demande (22). Enfin, daté de Bautzen, le 16 août 1813, un décret impérial nomme Dufour baron de l'Empire. Les armes qu'il adopte, témoignage, parmi tant d'autres, de l'indigence fréquente de l'héraldique impériale (23), manifestent, par leur connotation apicole, de son attachement à l'Empereur, mais les abeilles, dont il avait également sollicité la présence, lui seront refusées, car « réservées expressément à l'Empereur et à quelques grands dignitaires. (24) » Conséquence de son entrée dans la noblesse impériale, Dufour reçoit du comte de Montesquiou, grand chambellan, le sésame pour les « Grandes entrées », daté du 16 décembre 1813. Les lettres patentes de sa baronnie, scellées du grand sceau de cire rouge, ne le seront que le 3 février1814.

Dernière marque de bienveillance, le 17 juillet 1810, Dufour est bénéficiaire, dans le cadre de la « munificence impériale » d'une donation de 4 000 francs de revenus sur le domaine de Hanovre (25). Il participera donc dès l'origine à la société particulière des donataires de 4e classe de Hanovre qui fut créée le 23 septembre 1810 sous la présidence du comte d'Hauterive, membre du conseil du sceau des titres. Celle-ci avait pour mission de surveiller l'administration de ces biens et d'en distribuer les revenus répartis tous les six mois. Dès la première assemblée générale réunissant les trente cinq membres, Dufour est élu membre de l'assemblée particulière par 29 voix sur 34 et bien vite il est chargé de missions de contrôle de l'administrateur général de la société (26). Les registres mentionnent sa participation à nombre de réunions : Six en 1810, dix-neuf sur vingt-six en 1811 et la présentation d'un important rapport à l'assemblée générale du 6 février 1811. Quant à la dernière assemblée particulière du mercredi 13 mars 1816, elle ne réunissait, dans le cabinet de d'Hauterive, que huit membres, dont Dufour, qui ne pouvaient que prendre acte de la suppression de la société décrétée le 29 novembre précédent (27).

Dufour suit l'Empereur à Fontainebleau où, l'indiquent ses notices biographiques, Napoléon le remercia personnellement de ses services. Il est alors nommé par le Roi, par ordonnance du 18 juin 1814 « commissaire-ordonnateur de notre maison militaire ». Ses états de service, dressés sous le timbre de la Maison du Roi, précisent qu'il fut commissaire ordonnateur de la Garde jusqu'au 31 juillet 1814. Le 22 juin 1814, il reçoit la décoration du Lys et, à la Saint-Louis, le 24 août, la croix de Saint-Louis distribuée généreusement aux anciens serviteurs de l'Empire.

Les Cent jours le voient reprendre ses fonctions auprès de l'Empereur au sein de la Garde impériale et Napoléon lui laisse « plein pouvoir pour conclure tous les marchés nécessaires à la réorganisation de la Garde. (28) » Il était à Waterloo (29) et suivit l'armée sur la Loire. C'est alors qu'il est nommé intendant de la IIIe région, à Metz.

De l'intendant militaire au notable messin

Mais, en 1816, surgit une affaire de fournitures de chevaux qui allait mettre Dufour en difficulté. Il avait, en 1813, passé un marché de chevaux pour la Garde impériale avec un certain Dussau. Au moment du paiement, alors qu'il aurait dû faire au fournisseur une retenue de 19 100 francs, pour retard dans la livraison, prenant en compte les extrêmes difficultés que celui-ci avait éprouvées à se faire payer, il avait substitué au premier contrat un second plus favorable financièrement au vendeur. On retrouva l'ancien contrat, d'ailleurs sur l'indication de Dufour lui-même. Ce fait parut suffisamment grave pour entraîner sa mise à pied et, le 25 juin 1816, il reçut cette lettre du ministre de la guerre, le duc de Feltre : « Le roi ayant ordonné que vous seriez mis en non activité, vous vous rendrez immédiatement dans le lieu de votre domicile habituel et légal. ». Mais c'est là que l'on voit s'agiter un réseau d'amitiés efficaces. « Il est indispensable que vous partiez au reçu de ma lettre pour vous rendre à Paris, » lui écrit un correspondant non identifié mais qui le connaît bien et qui paraît être Daru, qui lui propose même de l'héberger. « La personne que vous connaissez [peut-être le général Ernouf] a parlé au ministre et il l'a trouvé encore fortement indisposé contre vous au sujet de l'affaire de Dusseau. Il est revenu plusieurs fois à la charge mais inutilement. Cependant elle espère que votre présence ici et un entretien particulier qu'elle vous ménagera avec le ministre le fera revenir sur votre compte. » Le 30 juin le général Ernouf qu'il a sollicité et auquel il a envoyé une note sur l'affaire le rassure : « Il est impossible que S. Exc. Le Ministre de la guerre ne vous rende pas justice, si vous pouvez parvenir à obtenir une audience particulière. J'ai cru devoir me borner à la solliciter, en faisant valloir les droits que vous avés à la bienveillance et à la justice du ministre. » Finalement, une commission présidée par Tabarié, sous-secrétaire d'État à la Guerre fut créée (30), qui, « tout en reconnaissant l'irrégularité de sa conduite pensa qu'il était à l'abri de tout soupçon, et qu'il n'avait été mû que par un principe de justice. » L'affaire se solda par « une lettre de réprimande très forte, pour s'être avisé d'un moyen subversif de tout ordre administratif, sous prétexte de rectifier un premier marché qui lui semblait onéreux au fournisseur » et Tabarié indiqua que « l'intention de Son Exc. était que Mr Dufour reprit l'administration de la 3e divonmre. »

Confirmé dans les fonctions d'intendant de la IIIe région militaire, Dufour s'installe définitivement à Metz. Il réside d'abord rue Mazelle, puis dans un hôtel entre cour et jardin qu'il loue, 38 rue Saint-Marcel, et qu'il habitera jusqu'à sa mort. Il place alors en terres et biens fonciers une partie de sa fortune mobilière en achetant, le 10 décembre 1817, d'Antoine François, ancien juge de paix à Metz, la cense de Hagny, dans le canton de Conflans, alors en Moselle, constituée en bâtiments d'exploitation et terres, domaine qui sera estimé, à sa succession pour la somme importante de 120 000 francs. Enfin, le 21 octobre 1821, il acquiert de Joseph-Pierre Collignon de Videlange, pour la somme de 40 000 francs, les châteaux et domaine de La Ronde, à Devant-les-Ponts, admirablement situés sur les coteaux qui dominent la ville de Metz et entourés de vignes et de terres agricoles (« maison de maître, bâtiment en dépendant, jardins, prés, bois anglais, verger y attenant, vignes, pièces de terre,... ») (31). Son fils Gustave, qui avait suivi des cours de botanique au Jardin des Plantes, lors de ses études de droit à Paris, y développera rapidement vigne et arbres fruitiers. Ce conseiller à la Cour de Metz, en dehors de ses publications juridiques publiera notamment, chez Verronnais, plusieurs ouvrages de sylviculture.

Ses séjours à Paris, peu fréquents, sont employés à renouer des relations. Ainsi, à l'automne 1836 dîne-t-il chez des cousines, la vicomtesse de Travanet et Madame Vingtain, ou des relations telles que les Étienne (père et fils), le général Schneider ou Portalis. « Mon père a donné à dîner chez Véfour » note son fils. Adire vrai, ce voyage à Paris avait un but intéressé. Il s'agissait d'obtenir que Gustave, auditeur à la Cour de Metz, soit nommé conseiller. Évoquant les démarches auprès du garde des Sceaux, Gustave rapporte dans son journal : « Mon père ne s'est pas découragé et le mardi 22 [novembre] dans son audience, il m'a recommandé à Sa Majesté. Le roi a reçu mon père d'une façon fort affectueuse et lui a parlé de ses services dans des termes fort honorables. »

Un ouvrage de sa bibliothèque montre qu'il était resté en relation avec certains officiers. Le général Delort lui offre, en 1831, sa traduction des Odes d'Horace avec une dédicace (32). Parmi les grands serviteurs de l'Empereur, le comte Daru mérite une mention spéciale. Commissaire des guerres, Dufour a été sous les ordres de Daru. Les rapprochent certainement un sens développé de l'administration, mais aussi une grande culture classique et historique. Daru lui offre, d'ailleurs, son Histoire de Venise en huit volumes, parue en 1823. Leurs liens seront suffisamment étroits pour que Daru accepte d'être parrain de Lucile Dufour, baptisée à Saint-Thomas d'Aquin, le 6 avril 1812 (33). Élève de l'École d'artillerie de Metz, en 1828, son fils aîné, Napoléon Daru, le futur ministre des Affaires étrangères de Napoléon III et membre de l'Institut, sera fréquemment reçu chez les Dufour. Il écrit à son père, peu après son arrivée à Metz : « J'ai dîné hier chez Mr Dufour qui m'avait engagé ainsi que M. Guillaumin. C'est une famille charmante que celle de Mr Dufour ; sa femme est excellente et ses filles élevées à merveille ; on y parle bien souvent de vous, du plaisir que l'on aura à vous voir venir dans ce pays-ci, et de l'accueil que l'on veut vous y faire. Votre filleule a fait une tapisserie pour les meubles que l'on destinait à votre chambre. [...] Je lui ai dit que peut-être vous ne viendriez pas seul et que vous n'accapareriez pas sa maison tout entière si vous étiez en famille. Il n'y a pas moyen de leur faire entendre raison. Il ferait loger ses filles au grenier et irait demeurer à la cave plutôt que de vous voir coucher à l'auberge. (34) »

Pragmatique, Dufour était loyal vis à vis du gouvernement de la Restauration. Il prit part à la souscription pour le rétablissement de la statue d'Henri IV sur le Pont-Neuf. « Il est dévoué à S. M. et à son auguste dynastie » indique le 30 juin 1821 le général Ernouf, commandant la 3e division militaire, en un jugement sans doute convenu. Le 24 novembre 1821 il était élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur (35). Prudent, ce libéral n'avait guère participé à la vie publique à Metz, sinon pour soutenir, dès 1817, l'enseignement mutuel (36) d'ailleurs, bien accueilli, dans un premier temps, avant d'être regardé avec méfiance par le clergé. Cette période fut celle où il se replongea dans les livres. Aimant beaucoup les auteurs anciens il profite des études de son fils pour traduire en entier le De oratore de Cicéron. Il est souvent la plume à la main. C'est l'époque où celui-ci, partant faire son droit à Paris, se voit remettre Quelques conseils donnés à mon fils, partant pour Paris le 11 novembre 1820, intéressants et révélateurs. Mais les années 1820 seront principalement celles de la rédaction de sa Guerre de Russie qui reste son oeuvre majeure. Plus tard, en 1833, il publiera, chez Dosquet à Metz, un Mémoire sur les moyens d'améliorer la race des chevaux en France, petit livre de 78 pages où il appelle l'attention du Gouvernement sur l'état des races des chevaux et propose des mesures propres à les améliorer. Il y prend nettement position contre les suggestions présentées à cet égard par le duc de Guiche (37).

L'historien Henry Contamine, évoquant l'évolution politique après la chute du gouvernement Decazes remarque : « À Metz, le monde officiel avait abandonné la Société d'encouragement [à l'enseignement mutuel] qui restait présidée par un intendant général, le baron Dufour, ou un maréchal de camp, Sabatier. L'évêque avait cessé de présider ses distributions de prix. (38) » De son côté la baronne Dufour était membre du conseil et « dame visitante » des Soeurs de la Charité Maternelle de Metz, fondées par le chirurgien Morlanne (39).

À Metz, Dufour reçoit surtout sa famille, les Robert, si nombreux, ses neveux, Auguste retour de noces avec la fille du général baron Buquet, de Nancy, Charles, l'intendant et numismate, futur membre de l'Institut, ses cousins les Charles Mathieu de Dombasle, son beau-frère le docteur Moreau, les Ardant et Jacquinot, beaux-parents de son fils et de sa fille, le colonel Dulimbert, époux de la fille du maréchal Jourdan, oncle de sa belle-fille, mais aussi les notabilités de la ville, préfets, généraux, députés, ou, en juin 1840, après une revue, les officiers de la Garde nationale de Metz.

Est venu le temps d'établir ses enfants. Le 12 octobre 1829, Adèle épouse Paul-Joseph Ardant, polytechnicien, officier du génie, fils d'un maréchal de camp du génie, appartenant à une vieille famille limougeaude, établi à Metz où il avait épousé Marie Maujean, fille du dernier maître-échevin de cette ville (40). De cette union naîtront Pauline (1831-1843), Gilbert (1835-1854), mort pendant sa scolarité à l'École polytechnique et Paul (1841-1841). Gustave Dufour, alors auditeur à la Cour de Metz, prit alliance, le 26 mai 1831, avec Emmeline Jacquinot, fille de René-Nicolas, sous-préfet de Sarreguemines puis secrétaire général de la Moselle (41), et petite-fille, du côté maternel, d'un ancien préfet de l'Empire, le baron Pougeard-Dulimbert (42). Quant à Lucile, elle mourut en 1831, alors qu'était arrêté son mariage avec un M. Noël, de Nancy.

Avec l'avènement de la Monarchie de Juillet, à laquelle il se rallie, Dufour va s'impliquer fortement dans la vie publique de Metz et de la Moselle, se situant en dehors des deux courants messins, le mouvement républicain, fort vigoureux au début des années 1830, et le courant légitimiste. Dès 1831, il est conseiller municipal de Metz et sera toujours bien élu. Dans le même temps, à la suite de la promulgation de la loi de 1833, il est élu membre du conseil général de la Moselle (Metz I) le 19 novembre 1833, et, dès la session de 1834, élu président et le restera jusqu'à sa mort (43).

Les élections municipales du 9ème collège, le 27 juillet 1837, donnent 150 voix sur 163 votants à Dufour et son fils de noter : « 12 voix perdues, l'opposition l'avait également présenté. » Le 7 octobre 1839, il obtient 117 voix sur 124 votants. Le Conseil étant le théâtre de vives tensions, le préfet, cherchant un maire de consensus et constitutionnel, propose le nom de Dufour au ministre qui répond dans une lettre manifestement destinée à lui être montrée : « Le baron Dufour rendrait à la cause de l'ordre, à la monarchie constitutionnelle un véritable service que le Gouvernement saurait apprécier. Déjà cet officier général est sur la ligne des citoyens notables susceptibles d'être appelés à la pairie ; ce nouvel acte de dévouement le rapprocherait de cette éminente dignité. Le roi qui le connaît personnellement attache une haute estime aux services de la nature de celui que je réclame de M. le baron Dufour, au nom de l'intérêt public. » On lui précisa, toutefois, que « sa nomination immédiate à la pairie serait mal vue de l'opposition à qui elle ferait l'effet d'un marché (44). » En revanche, le 20 octobre il avait été élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur.

Il fut nommé maire de Metz par ordonnance royale du 23 décembre 1839 et installé par le préfet le 28 du même mois. Son fils écrit : « Je me suis opposé autant que j'ai pu à ce que mon père se chargeât de ce fardeau mais il n'a pas cru pouvoir refuser. » Ses adjoints, un avoué, Jean-Victor Germain, Jean-Baptiste Sido, pharmacien, et Jean-François Paixhans, frère du général et député de la Moselle, appartiennent au tiers parti. Son discours de prise de fonction est salué « Les sentiments élevés, l'esprit de conciliation dont ce discours est la parfaite expression ont trouvé une vive sympathie dans le sein du conseil municipal. » C'est tout naturellement, qu'au renouvellement de 1840, une ordonnance royale du 5 octobre le maintient en charge avec les mêmes adjoints.

Ce n'est pas le lieu de détailler ici son action municipale. Soulignons qu'il assainit la gestion et pacifia les conflits partisans au sein du conseil. Deux mesures à signaler, la décision de construire une halle au blés et celle d'ouvrir la bibliothèque de la ville « au public studieux pendant les longues soirées d'hiver ». Pour l'anecdote, il fait changer le nom, peu convenable, d'une rue en celui de rue d'Alger.

Le maire ne se prive pas de donner conseils et avis et de se faire moralisateur. Aux élèves des écoles municipales recevant des livrets de caisse d'épargne offerts par le duc d'Orléans : « L'ambition la plus salutaire, c'est celle de devenir le premier dans l'état où on est placé. [...] Puissent-ils se persuader que l'artisan utile dont la pratique est éclairée par une instruction suffisante, est, dans l'estime des honnêtes gens, placé fort au-dessus de ces hommes, comme il y en a malheureusement beaucoup à notre époque, qui encombrent les antichambres des dépositaires du pouvoir pour y mendier des emplois que l'on refuse à leur nullité orgueilleuse. » À la Garde nationale nouvellement réorganisée, il s'adresse le 7 juin 1840 : « Je suis heureux et fier d'avoir à consacrer votre réorganisation : c'est dans les rangs de cette milice citoyenne qu'il y a cinquante ans j'ai reçu les premières leçons et les premiers exemples de l'amour de l'ordre, du respect des lois et du dévouement à la patrie. », saluant « ce trait d'union entre les différentes classes de la population, le gage de la paix publique (45). » Le 12 septembre 1841 le discours prononcé lors de la distribution des prix aux élèves des écoles municipales est sur le même ton : « Éclairés par le flambeau de la religion dans la connaissance d'un Dieu très-grand, très-bon et unique, Deus optimus, maximus, nous avons moins à rechercher son essence qu'à méditer sur ses perfections, pour nous en rapprocher autant qu'il est donné à notre faiblesse [...] La conservation de la société est le principe, le but et la nécessité de tous les arts ; voilà pourquoi le travail est partout honoré, et la paresse partout flétrie (46). »

Ce côté moralisateur de notable politiquement attaché au gouvernement du roi en fait la cible des élèves de l'école d'application d'artillerie et du génie, où, par ailleurs, son gendre Ardant est professeur de constructions. Ils chahutent le maire au théâtre et, le 22 août 1840, le baron Achard, lieutenant général, commandant la IIIè division militaire lui écrit : « concernant le tapage qui a eu lieu avant hier au spectacle où les élèves de l'école d'application ont tenu des propos plus qu'inconvenants sur le maire de Metz » qu'il est « disposé à punir si on lui indique les auteurs. » « À classer » apostille Dufour (47).

Attentif à la chose publique, il ne s'en préoccupe pas moins de ses intérêts personnels et conteste le montant de sa pension de retraite fixé à 4 800 francs, écrivant, le 15 juin 1841 au maréchal Soult, duc de Dalmatie, Président du Conseil, ministre de la Guerre : « Par une décision spéciale de l'Empereur, l'Inspecteur aux revues et l'Ordonnateur de la Garde, avaient rang d'Inspecteur en chef et d'Ordonnateur en chef. Aussi bien la pension de Mr Felix a-t-elle été fixée à 6 000 F et la mienne aurait été réglée sur le même pied, si je n'avais échappé avec deux mois de moins sur le terme de 25 ans arbitrairement établi en 1816, à l'expulsion prononcée à l'égard de tant d'autres serviteurs. On ne m'opposera pas sans doute cette création éphémère de quatre Intendans en chef où mon droit d'ancienneté et mes services mêmes ont été blessés. Car je ne sache pas qu'aucun de ceux qui avaient obtenu cet emploi, eût osé venir m'inspecter. Je fusse sorti alors de ces règles de modestie que je me suis toujours imposés. » Cette lettre est apostillée : « Je désire que la réclamation de Mr l'intendt Dufour soit examinée avec tout l'intérêt dont elle est susceptible, et qu'un rapport particulier m'en soit fait. Le ministre. »

Maire de Metz, il s'est rapproché de la pairie dont on parlait pour lui dès avant sa nomination à la mairie. « Ce serait le comble, si ce que vous dites de la Pairie, vient à se réaliser. Alors je verrais ceux dont les suffrages me présentent à cette haute distinction, et l'on verrait aussi que parmi quelques faibles mérites, j'ai la mémoire du coeur » écrit-il le 26 octobre 1839 « avec l'expression de ma véritable affection » au baron Boissy d'Anglas, député de Tournon, ancien administrateur militaire (48).

« Hier soir 25 Xbre 1841, le télégraphe nous a appris la nomination de mon père à la pairie. Je vois avec bien de la peine mon père s'en aller à Paris. La seule idée qui me console un peu c'est que son amour-propre est satisfait. » peut écrire son fils Gustave. Le Constitutionnel, journal gouvernemental, commente, le 29 décembre « Aucune des nominations à la pairie n'est justifiée par de plus éclatants services que celle de Mr Dufour. Mr Dufour était commissaire ordonnateur en chef de la Garde impériale et il l'a accompagnée sur tous les champs de bataille qu'elle a remplis de sa gloire. Napoléon le regardait comme le plus habile et le plus intègre des administrateurs. » À Metz, c'est un événement et, toujours Gustave, de décrire les réactions : « La nouvelle de l'élévation de mon père à la dignité de pair de France s'est répandue avec une rapidité extraordinaire. Mr Germeau, le préfet, qui a mis tant de zèle à cette affaire, l'a communiquée le soir même du 25 Xbre à toutes les personnes qu'il voyait au spectacle. Dès le lendemain le Conseil général (réuni extraordinairement sur le chemin de fer de Paris à Strasbourg) venait le féliciter ; il en a été de même du conseil municipal. Lundi 27, la garde nationale est venue à son tour, les écoles, le corps académique, le corps des ingénieurs, le corps des officiers du génie attachés aux fortifications et un grand nombre de fonctionnaires et de simples citoyens se sont aussi présentés.»

Tout au long de ces années les épreuves l'avaient atteint. C'est d'abord la mort d'une « fièvre pernicieuse » au château de La Ronde, à l'âge de dix-neuf ans, de sa fille Lucile, le 21 septembre 1831. Une deuxième épreuve le toucha avec la maladie puis la mort de son épouse. N'ayant confiance que dans les soins de son beau-frère, Pierre-Félix Moreau, médecin réputé à Bar-le-Duc (49), et ne voulant pas se montrer diminuée devant les siens, la baronne Dufour vint s'établir dans sa ville natale où elle prit, à l'hospice civil, une chambre « destinée aux malades riches qui viennent se faire traiter à Bar par Mr Moreau ». Elle partit pour Bar le 9 mars 1834 et y mourut un an plus tard le 6 mars 1835. Sa dépouille mortelle fut ramenée dans le petit cimetière de Plappeville, paroisse de La Ronde, où avait été inhumée Lucile. « Notre pauvre Maman, écrit Gustave, a puisé un nouveau courage dans les secours que lui ont offerts la religion [...] Il était impossible d'être meilleure que notre mère, elle n'avait jamais eu l'idée de mal faire et elle ne soupçonnait pas le mal chez les autres. Elle causait très facilement et sa conversation très attachante plaisait surtout par les sentiments de bienveillance qu'elle inspirait. Ma mère aimait peu la société et s'était consacrée aux soins de son ménage et de ses enfants. Elle avait inspiré à mon père un grand respect. [...] Elle donnait beaucoup aux pauvres et ne craignait pas de causer avec eux pour les consoler et leur donner des conseils sur leur santé ou sur leur conduite. » Chaque année son mari fera dire une messe à son intention dans l'église de Plappeville. Ce sera enfin, le 3 juillet 1841, la disparition d'Adèle Ardant, perte d'autant plus ressentie par Dufour que sa fille et son gendre partagent avec lui l'hôtel de la rue Saint-Marcel.

Pendant longtemps il était resté en excellente santé. « La vue de mon père qui est bien conservé, a du fortifier le roi dans le désir de le laisser le plus longtemps possible en activité de service » écrivait Gustave en novembre 1836, en rappelant : « Déjà l'année dernière Louis-Philippe l'a rayé d'une liste d'intendants qu'on voulait mettre à la retraite. » Son fils ajoutait : « On a généralement trouvé mon père peu changé. J'étais disposé à croire que c'était de la politesse de salon mais j'ai vu avec plaisir que j'étais dans l'erreur. Lorsque nous visitions la Madelaine, le concierge, ancien boulanger dans la garde impériale a demandé à mon père s'il n'était pas l'ancien ordonnateur de ce corps d'armée et cependant il n'avait pas vu mon père depuis 1809 c.a.d. depuis 27 ans ». Dès l'année suivante commencèrent des ennuis de santé (50). Mais c'est en février 1842 que ce que l'on crut être « une affection catarrhale » devint une maladie très grave. « Après avoir été alité 6 à 7 jours mon père a cessé de vivre. Durant ce temps, tout en se considérant comme plus malade qu'on ne l'avait d'abord cru, il n'a pas dit un seul mot qui annonçât l'idée de la mort, et nous avons réussi à ne rien faire qui éveillât cette idée. Mr l'abbé Matte a été appelé lorsqu'il n'avait plus que quelques instants à respirer. Son pouls diminuait sensiblement. Il est mort dans les bras de ce vénérable ecclésiastique, lorsqu'il venait d'achever de répondre avec netteté mais d'une voix très faible aux questions qu'il lui adressait. (51) »

Post mortem

Le déroulement de ses obsèques, prévues à Saint-Vincent, sa paroisse, mais finalement célébrées le dimanche 13 mars à la cathédrale, qui se révéla néanmoins trop petite, témoigne, à la fois de l'émotion des Messins avec, appelée par le tintement de la Mutte, « cette foule immense qui se pressait de toutes parts pour rendre un dernier hommage au premier magistrat de la ville » (52) et du rituel de ce type d'événements, avec un très long cortège « ouvert par la Garde nationale à cheval, suivie de deux légions d'infanterie et l'artillerie de la Garde, les Frères des Écoles chrétiennes, les maîtres des écoles municipales et leurs élèves, les orphelins et orphelines, ces dernières conduites par les Soeurs de Saint-Vincent-de-Paul, le corps des sapeurs-pompiers formant haie près du char funèbre. Sur le cercueil étaient déposés les insignes de grand-officier de la Légion d'honneur et l'uniforme de maire. Les coins du poêles étaient tenus par le lieutenant-général Jacquinot, pair de France, Germain, premier adjoint au maire de Metz, François, colonel de la Garde nationale et Lapique sous-intendant militaire. Suivaient alors la famille, une députation de la cour royale en robe noire et du tribunal, le lieutenant-général et son état-major, le préfet, les corps constitués, fonctionnaires des différentes administrations, une foule de citoyens,... » Quatre discours furent prononcés sur sa tombe au cimetière de l'Est, par le préfet Germeau, le 1er adjoint Germain, le sous-intendant Desrives, le conseiller Woirhaye.

À l'actif d'une succession estimée à 325 766,71 francs (53), on trouve principalement le château et domaine de La Ronde estimés 80 000 francs, soit le double de son prix d'achat en 1821, la cense de Hagny, estimée 120 000 francs, vingt actions de la Banque de France évaluées 31 784,55 francs, des inscriptions de rente sur l'État pour 8 618,40 francs. Le mobilier de Metz et de La Ronde est estimé 23 166,15 francs. Si les meubles ne sont pas signés, ils constituent de beaux exemples des productions du début du XIXe siècle. L'un des salons en acajou est de style dit retour d'Egypte. L'acajou règne, en effet, en maître, notamment pour les tables à la Tronchin, sièges, bibliothèques et le vaste bureau à cylindre orné de figures de bronze doré. Les pendules sont d'une particulière qualité de même que candélabres et bras de lumière en bronze doré. Pour le service de bouche, ses couteaux viennent de chez Grangeret, coutelier de l'Empereur. Curieusement et cela montre la sobriété de son décor quotidien, à Metz ou à La Ronde, aucune peinture n'est mentionnée, alors que les grandes gravures, certaines en couleurs, sont nombreuses, encadrées de baguettes dorées. Les thèmes en sont la mythologie et l'histoire (54) ou les paysages. Mentionnons, dans la chambre de Dufour, tendue de rouge, un portrait de Napoléon, modeste lithographie anglaise, estimé 8 francs. Autre témoignage d'attachement à l'Empereur, non cité, mais évoqué dans le journal de sa petite-fille, Laure (55) : « Nous avons dîné dimanche chez mon bon papa Dufour qui a bien voulu nous montrer la mécanique. Le spectacle se composait de la vue du port de Cherbourg avec les frégates la Belle Poule et la Favorite et du convoi des funérailles de l'Empereur aux Champs-Elysées. »

Plusieurs milliers de volumes constituent sa bibliothèque et manifestement ne sont pas là pour faire de la figuration. Les goûts de l'ancien élève du collège de Chaumont s'y manifestent, avec des classiques grecs, Hérodote, Homère, Polybe, Phocion, Thucydide, Sapho, Xénophon en 4 volumes (1774-1778), livre de prix de 1785,... et latins particulièrement nombreux, César, Cicéron, Horace, Lucrèce, Ovide, Plutarque, Quintilien, Salluste, Suétone, Térence, Tite-Live ... En histoire on relève des ouvrages sur de nombreux pays : Amérique, Angleterre, dont celle de Hume en 23 volumes, Autriche avec les 5 volumes de L'Histoire de la Maison d'Autriche, Espagne, France, avec La France sous ses rois de Dampmartin, les 33 volumes de Velly, Villaret et Garnier, les oeuvres de Lady Morgan, Les Hébreux, Histoire des deux Indes par Raynal, Pologne, Rome, par Goldsmith, Russie, Suisse, Venise, en 8 volumes par Daru (de Daru, Dufour possède aussi le poème L'Astronomie), l'Histoire des croisades... La littérature et la philosophie sont bien représentées, Boileau, Cervantès, Thomson, Cooper, Defoe, Delille, Fénelon, La Bruyère, La Fontaine, Laharpe avec les Cours de littérature en 19 volumes, La Rochefoucauld, Lesage, Le Tasse, Mably, Machiavel, Molière, Montaigne Montesquieu, Pascal, Regnard, Mme Roland, Rollin, Rousseau (17 vol.), Walter Scott, Shakespeare, Mme de Sévigné, Voltaire (55 vol. avec notes de Palissot, Paris, Stoupe et Servière, 1792). Sur les plans politiques et économiques signalons le Mémorial de Sainte- Hélène, de même que l'Écho de Sainte-Hélène d'O'Meara, les Discours du général Foy, les Cours d'économie politique (6 vol.) de Say, Thiers... Nous citerons quelques militaria, peu nombreux, outre les vies de Villars et de Turenne, les Grandes opérations militaires de Jomini, Victoires et conquêtes des Français, une Histoire générale des insurrections militaires de la France, le Dictionnaire des sièges et des batailles, les Considérations sur l'art de la guerre de Rogniat, ainsi que la Campagne de Russie de Ségur et 12 cartons renfermant des cartes de géographie. Quelques livres de géographie ou de voyage, la Géographie universelle en 6 volumes, Alpes, Syrie de Volney, 23 volumes de l'Histoire des voyages, et quelques ouvrages relatifs à la religion, 13 livres de piété et les 28 volumes des Anecdotes ecclésiastiques.

Conformément au « voeu que La Ronde et ses dépendances demeurent par suite du partage de succession à Mr Dufour fils en récompense des soins qu'il y a donnés et sauf une juste estimation dans l'intérêt de sa soeur. », voeu exprimé dans un codicille du 1er avril 1835, Gustave Dufour recueille cette propriété qui restera chez ses descendants jusqu'au début du XXe siècle. Le partage s'effectuait entre Gustave et ses deux neveux Ardant, orphelins de mère. Il est remarquable de noter qu'« attendu que l'intention formelle des parties est que ce présent partage soit considéré comme définitif quoiqu'il y ait des mineurs intéressés » Ardant s'engage à dédommager son beau-frère si ses enfants ne ratifiaient pas ultérieurement le partage (56).

Alors qu'il n'avait été maire que pendant guère plus de deux ans le conseiller Prosper Billaudel proposa de faire exécuter un médaillon en marbre à son effigie pour rejoindre ceux d'illustres messins installés en 1779 dans le salon d'honneur (anciens échevins et personnages comme le pasteur Paul Ferry, le graveur Sébastien Le Clerc, le maréchal Abraham Fabert, l'aéronaute Pilâtre de Rozier,...). « Il dit que M. Dufour a donné des exemples dont il faut transmettre le souvenir aux générations futures, et après avoir rappelé qu'il fut à Metz l'un des fondateurs de l'enseignement mutuel, il insiste sur ce que, comme maire, il ne s'est jamais séparé de la Garde nationale, n'a jamais été divisé avec le conseil municipal et rappelle qu'au mois de septembre 1840, lorsque l'honneur et la paix du pays paraissaient menacés, il est allé, mettant la main sur la garde de son épée, faire connaître aux représentants du pouvoir les généreuses dispositions des citoyens à la tête desquels il marchait. (57) » La sculpture, d'abord confiée à Pierre Deny qui mourut entre temps, est due au ciseau d'Antoine Etex (1808-1888), l'auteur de la statue de Fabert de la place d'Armes à Metz, qui 1'envoya en 1845 et fut payé 1 000 francs.

À Metz, aujourd'hui encore, son nom est celui d'une rue, non loin de l'emplacement de La Ronde, sa campagne messine, ainsi que d'un stade, noms donnés au cours du siècle dernier. Sa ville natale de Chaumont donna également son nom à la rue Corgebin, où se trouvait sa maison natale, sur laquelle fut apposée une plaque (58). En 1851, Gustave Dufour y fonda, en souvenir de son père, deux prix de 40 francs « destinés au jeune garçon et à la jeune fille jugés les plus dignes parmi les enfants peu aisés des écoles primaires de cette ville. » Et, en 1866, un portrait de lui fut placé à l'hôtel de ville de sa ville natale.

C'est dire qu'aux XIXe et XXe siècles, le souvenir de Gilbert Dufour fut conservé par sa ville d'adoption et sa ville natale. La publication de cette Guerre de Russie 1812, son oeuvre majeure, désormais accessible, vient projeter sa mémoire dans le troisième millénaire. L'imprimé qui, avec les archives, constitue la garantie véritable de la pérennité, contribuera, n'en doutons pas, à garder désormais plus vivant le souvenir de ce serviteur de son pays.

Jacques Perot

Conservateur général du patrimoine

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1. Vicaire à Sexfontaines et curé de Meures.

2. Commune du canton de Chaumont, dont elle est éloignée de onze kilomètres, mais qui se situe déjà dans la généralité de Bourgogne.

3. Philippe PALASI, Armorial historique et monumental de la Haute-Marne XIIIe-XIXe siècle, 2004. 4. Il fut alors chargé de porter ces souvenirs à Paris où il fut reçu par Louis XVIII et le comte d'Artois. Petite biographie conventionnelle, 1816.

5. Renseignement tiré de l'excellent article de Robert Decker, « Un bicentenaire napoléonien » à Chaumont. Le Baron Gilbert Dufour, commissaire ordonnateur de la Garde Impériale, Pair de France, Maire de Metz (1769-1842) », dans les Les Cahiers Haut-Marnais, n° 101, 2e trimestre 1970 p. 64-71 On se reportera également à la « Notice nécrologique,... », parue dans l'Annuaire de Verronnais, Metz, 1843.

6. Archives Dufour et Perot. Sous l'appellation Papiers des familles Perot, Dufour et alliées ce fonds a été microfilmé par les Archives de la Moselle (1Mi 254-263). Sauf mention particulière tous les documents cités appartiennent à ce fonds familial.

7. Contrat de mariage entre le citoyen Gilbert Jean Baptiste Dufour, commissaire des Guerres à Larmée d'Allemagne et la citoyenne Marie reine Robert, fille mineure demt à Bar-sur-Ornain, du 5 Frimaire an 6 (25 novembre 1797).

8. Il y rejoignit la 1re classe le 13 janvier 1800 puis, le 8 septembre 1805, devint commissaire des guerres à la Garde et ordonnateur (de la Garde impériale) le 1er mai 1806, le restant jusqu'au 31 juillet 1814. Intendant militaire le 15 septembre 1817 il fut mis en non-activité le 11 octobre 1839, admis à faire valoir ses droits à pension de retraite le 26 décembre 1840.

9. Antoine Bertier, également cousin germain de la baronne Dufour (1761-1864) propriétaire d'une terre à Roville-devant-Bayon avait imaginé dès 1808, deux ans avant la création de l'École de Thaer à Möglin, un enseignement agricole destiné à la fois aux agriculteurs et aux cadres. En 1822 il s'associa avec Mathieu de Dombasle pour la création à Roville d'une ferme exemplaire, à la fois manufacture d'instruments aratoires perfectionnés, et destinée à recevoir un institut agricole, préfiguration de « Grignon ».

10. Lettres interceptées par les Russes durant la campagne de 1812, annotées par Léon Hennet et le commandant Emm. Martin, La Sabretache, 1913, n° 124.

11. Après ses rapports sur les journées des 16 et 17 ventôse (6-7 mars) dans les Grisons et du 3 germinal (23 mars) à l'attaque du poste de Feldkirch.

12. Citée dans André SOUBIRAN, Le Baron Larrey, Fayard, 1966.

13. Maréchaux Berthier et Bessières, généraux Walther et Curial.

14. « Il faut ordonner à l'ordonnateur de la Garde de prendre pour dix jours de viande sur pied en partant toujours du principe que la Garde est la troupe qui doit être la mieux traitée. » Ordres [de Napoléon] pour l'intendant général, Varsovie, 27 janvier 1807. 14bis. 33 000 hommes indique-t-il plus loin, p. 151.

15. « Le commissaire des guerres Dufour mérite d'être conservé dans l'organisation que l'on va faire de ce corps, tant par son activité que par ses talents et sa probité ». 26 pluviôse III (14 février 1795), Notes personnelles, Dossier militaire, Serv. Hist. des Armées.

16. Autriche et Prusse en 1806, Autriche, Prusse et Pologne en 1808, à l'armée d'Espagne en 1808 et 1809 et en Allemagne en 1809, Russie en 1812, Saxe en 1813, France en 1814.

17. « Le général et moi nous courûmes à nos chevaux et nous dirigeâmes au galop entre le château et les décombres enflammées de l'église, nous marquâmes le passage à ceux de notre suite dont la peur avait bouleversé l'esprit. C'était la seule voie qui nous restait et, quelques minutes plus tard, elle nous aurait été fermée. » p. 237.

18. « Je fis réunir tous les hommes armés et qui exprimaient de la bonne volonté, j'en formai plusieurs pelotons,... » p. 379.

19. VERRONNAIS, op. cit.

20. Curieusement, le diplôme correspondant à ce grade date du 21 août 1820, mais indique bien « rang à compter du 15 mars 1813 ».

21. Ordre créé le 18 octobre 1811, après l'annexion de la Hollande par l'Empereur, pour remplacer l'ordre royal de l'Union de son frère Louis, ordre éphémère lui aussi car supprimé par la seconde Restauration, dès le 28 juillet 1815 (il comptait alors 1 534 chevaliers).

22. Le 25 octobre 1816 « renvoi le 28 février 1 décoration, 1 lettre du duc de Feltre, 1 lettre du G. chancelier » À noter que sa décoration de l'ordre de la Réunion figure dans son inventaire après décès.

23. « D'azur au chevron d'or accompagné en coeur d'un coq du même, surmonté d'une devise d'argent sommée d'une ruche d'or accostée d'un soleil rayonnant du même, cantonné à dextre ; franc quartier des barons tirés de l'armée brochant au neuvième de l'écu. Pour livrées les couleurs de l'écu. »

24. Lettre de Joly, avocat au Conseil d'État, rue Gaillon, n° 13, 29 décembre 1813.

25. Province de Celle, baillage de Burgwedel, communes de Führberg (Une mauvaise lecture de ce toponyme est sans doute à l'origine de quelques rares mentions, postérieures, du nom Dufour de Fülberg), Engenden, Niederhagebanerschaff, Hohenhorsterbauerschaft.

26. Avec le baron Costaz, intendant des bâtiments de la couronne, et le général de division baron Dériot, sous-gouverneur du palais de Versailles.

27. Archives du ministre des Affaires étrangères, Correspondance Politique, Allemagne, Petites principautés, vol. 21.

28. VERRONNAIS, op. cit.

29. La tradition familiale veut que, lors d'une revue pendant la Restauration, le roi lui aurait fait remarquer que son épée n'était pas réglementaire. « Sire, elle était à Waterloo » aurait répondu Dufour. Sie non e vero...

30. Composée de « Messieurs Prévost, baron de Caux, de Rostaing et Gambier chefs de division de la Guerre. »

31. Sans doute construite par Joseph Collignon, dit Collignon de la Ronde, père du vendeur, cette belle et simple demeure comptait sur la façade donnant sur le jardin deux niveaux comportant chacun douze fenêtres et sommés de combles à la Mansart.

32. « L'auteur/à M. le Gal DUFOUR, Intendt Militre/Commandt de la Légion d'honneur. »

33. Les Dufour habitent alors 46 rue des Saints-Pères.

34. Lettre du 7 avril 1828 aimablement communiquée par le baron Henri Daru. Deux mois plus tard, le 17 juin, il écrit : « Je reçois toujours beaucoup de bontés de M. Dufour qui m'a pris tout-à-fait en amitié. »

35. Avec rang 1er mai 1821.

36. À l'instar de ce qui se faisait à Paris avec Alexandre de Laborde, J.B. Say, Jomar, l'abbé Gaultier. À Metz, ces soutiens étaient le baron Sabatier, maréchal de camp, Wendel, député de la Moselle, Félix d'Hunolstein, maire de Hombourg.

37. Cet ouvrage avait été présenté à l'Académie de Metz avant publication.

38. Henry Contamine, Metz et la Moselle 1814-1870, Nancy, 1932.

39. Le 28 février 1822 elle est présente, chez Mgr Jauffret, évêque de Metz, à l'engagement des soeurs, avec la baronne Berge, la baronne de Richter et Mmes de Lardemelle, Simon Prost, Blin de Mutrel, de Rugy, Braun.

40. Pierre Maujean, seigneur de Labry (1725-1816), lieutenant général à la Table de Marbre, conseiller au présidial, député aux Etats-Généraux.

41. René-Nicolas Jacquinot (1772-1852), chevalier de la Légion d'honneur, chevalier du Mérite civil de la Couronne de Bavière, chevalier de l'Ordre de Sainte-Anne de Russie, fils de René-François, conseiller à la cour royale de Metz (1739-1821) et Claude-Françoise Emmery, soeur du comte Emmery de Grosyeulx, pair de France, l'un des rédacteurs du Code civil.

42. François Pougeard du Limbert, baron Pougeard-Dulimbert (1753-1837), fils d'un sénéchal de Confolens, membre de l'Assemblée provinciale du Poitou (1787), député de la sénéchaussée d'Angoulême aux Etats-Généraux, préfet de la Haute-Vienne, membre du Tribunat, préfet de l'Allier, député de la Charente (1821, 1827, 1830), signataire de l'adresse des 221.

43. Jean-Louis MASSON, Le département de la Moselle : 200 ans d'histoire, Serpenoise, 1990.

44. CONTAMINE, op. cit.

45. VERRONNAIS, 1841.

46. VERRONNAIS, 1841.

47. Metz, Archives municipales Rr88.

48. Archives départementales Moselle, J6481.

49. Pierre-Félix Moreau (1778-1846), père d'Adolphe, député de la Meuse.

50. Le 27 novembre 1837 « mon père qui par suite d'un travail excessif, avait éprouvé du dérangement dans le pouls » a été saigné. « Si cette indisposition avait été négligée, une attaque aurait pu survenir. » Le 16 janvier 1840, il « a son rhumatisme dans le mollet et dans le bas de la jambe ce qui occasionne un peu de gonflement aux chevilles. Il marche difficilement. », le 13 octobre « il avait de la fièvre et je l'ai trouvé excessivement faible. » Un mois plus tard « Mon père a reparu à la mairie. Le voilà en pleine convalescence » et de noter « il est impossible de prendre plus d'intérêt que la ville ne l'a fait à la maladie de mon père. » Le 15 janvier 1840 « Depuis quelques temps mon père dormait mal et avait le pouls mauvais. Après un peu d'hésitation mon père s'est décidé à se faire tirer 3 à 4 onces de sang. »

51. Dans son testament du 15 avril 1832, revu le 1er avril 1835, trois semaines après la mort de sa femme, il écrivait : « Que Dieu accepte dans sa miséricorde le sacrifice de ma vie, et celui du bonheur que ma femme et mes enfants se sont constamment appliqués à me procurer. »

52. Gazette de Metz, journal légitimiste, du 15 mars.

53. La masse passive de la succession s'élève à 20 584,71 francs.

54. Dans le salon de Metz Bélisaire, La mort d'hyppolyte, Retour de la course, Le serment des Horaces.

55. Laure Dufour, fille de Gustave, 2e baron Dufour, Madame Gaspard Perot (Metz 1832-Nancy 1903).

56. Partage et liquidation de feu Mr Gilbert Jean Baptiste baron Dufour en son vivant Intendant militaire en retraite, grand officier de la Légion d'honneur, Maire de Metz et Pair de France,... dressés par Me Simon, notaire à Metz le 19 Nbre 1842.

57. Conseil municipal du 16 mars 1842.

58. Dans cette maison est né/le 18 mai 1769 / Gilbert Jean-Baptiste Dufour/Baron de l'Empire/Grand Officier de la Légion d'Honneur/In tendant général/de la Garde Impériale.

Bibliographie

DUFOUR (Gilbert-Jean-Baptiste, baron), Guerre de Russie, 1812. Ouvrage présenté par M. Jacques PEROT, Atlantica-Séguier, Biarritz, 2007, 490 p.

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Biographie extraite du dictionnaire « Robert et Cougny » :

DUFOUR (GILBERT-JEAN-BAPTISTE, BARON), pair de France, né à Chaumont (Haute-Marne) le 18 mai 1769, mort à Metz (Moselle) le 10 mars 1842, fils de Louis Dafour et de Marie Thoiret, avait, à l'armée des Ardennes, en l'an II, le grade de chef du 7e bataillon de réquisition de Bar-sur-Ornain. Adjoint à l'état-major, puis commissaire des guerres, il fit campagne avec distinction aux armées du Rhin, de Rhin-et-Moselle, du Danube et d'Allemagne. Le 25 prairial an XII, au camp de Boulogne, il fut décoré de la Légion d'honneur. Attaché l'année suivante à la garde impériale, il y de vint ordonnateur le 1er mai 1806, et prit part avec elle aux campagnes d'Autriche, de Prusse et de Pologne. Il suivit encore l'empereur en Espagne, revint en Allemagne en 1809, passa (1812) en Russie et continua de suivre les opérations de l'armée en Saxe et en France. Officier de la Légion d'honneur en 1813 et baron de l'Empire la même année, il fut admis avec son grade dans la maison militaire du roi, le 18 juin 1814, y obtint la croix de Saint-Louis, et rentra cependant dans la garde impériale après le retour de Napoléon (14 avril 1815). A la paix, il fut employé dans la 3" division militaire (Metz), devint intendant militaire à Metz eu 1817, et fut promu commandeur de la Légion d'honneur. Il se rallia à la royauté de Juillet, qui le maintint dans son poste jusqu'au 11 octobre 1839, époque à laquelle il fut mis en non-activité. Il en fut dédommagé parla plaque de grand officier, par la situation de maire de la ville de Metz (1840), et bientôt (25 décembre 1841) par la dignité de pair de France. Il mourut à Metz l'année d'après, dans l'exercice de ses fonctions municipales. Il était, depuis 1835, président du conseil général de la Moselle.

Bibliographie

DUFOUR (Gilbert-Jean-Baptiste, baron), Guerre de Russie, 1812. Ouvrage présenté par M. Jacques PEROT, Atlantica-Séguier, Biarritz, 2007, 490 p.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Gilbert-Jean-Baptiste DUFOUR

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