État civil :
Né le 14 octobre 1769
Décédé le 15 février 1830
Pairs de France

Pair de France

Pair de France  (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français « Robert et Cougny » (1889-1891))

Pair de France

LA VALETTE (ANTOINE-MARIE CHAMANT, COMTE DE), pair des Cent-Jours, né à Paris le 14 octobre 1769, mort à Paris le 15 février 1830, était destiné par sa famille à l'état ecclésiastique. Mais, à la théologie il préféra la procédure, entra chez un procureur et s'enthousiasma à vingt ans pour la prise de la Bastille. Il assista, à Versailles, comme garde national, aux journées des 5 et 6 octobre; peu de temps après, d'Ormesson, bibliothécaire du roi, lui confia le soin de dresser le catalogue des livres provenant des couvents supprimés. De la garde constitutionnelle du roi, il était de faction aux Tuileries le 10 août 1792; suivant sa consigne, il battit en retraite quand le peuple pénétra dans le palais. Au moment des massacres de septembre, il essaya vainement de faire marcher les gardes nationaux pour protéger les détenus à la Force; il signa les différentes pétitions qui furent adressées à la Convention en faveur de Louis XVI. La modération de ses idées le rendit bientôt suspect. Pour se soustraire à des poursuites imminentes, il s'engagea dans la légion des Alpes que venait d'organiser Baraguey-d'Hilliers, dont il devint peu après l'aide-de-camp. Destitué après le 13 vendémiaire, il fut remis en possession d'un grade, grâce à la protection de Bonaparte, et envoyé comme chef d'état-major à l'une des divisions de l'armée de l'Ouest. Lorsque Bonaparte prit le commandement de l'armée d'Italie, il appela auprès de lui, en qualité d'aide-de-camp, le capitaine La Valette, qui se signala à Arcole, fut blessé au cours d'une reconnaissance en Tyrol, et assista, en qualité de secrétaire, aux négociations qui précédèrent Léoben. En l'an V, La Valette fut envoyé à Paris par Bonaparte afin de tenir le général en chef au courant de tout ce qui allait se passer. Il remplit fidèlement sa mission et refusa à Barras l'argent disponible de l'armée d'Italie, ce qui excita les colères et la défiance des directeurs et d'Augereau. 11 ne rejoignit Bonaparte en Italie qu'après le 18 fructidor, fut chargé de demander réparation au Sénat de Gênes, et accomplit une mission secrète à Rastadt. Il épousa peu après Emilie-Louise de Beauharnais, nièce de Joséphine. Attaché à l'expédition d'Egypte, il dut accompagner, après la prise de Malte, Hompesch, grand-maître de l'ordre, jusqu'à son départ. Il arriva au Caire avant le désastre d'Aboukir et suivit Andréossi dans sa reconnaissance sur Péluse. Lecteur de Bonaparte, il assista à ses côtés aux batailles des Pyramides et du Mont-Thabor et au siège de Saint-Jean-d'Acre, revint avec lui en France, et le seconda de tout son pouvoir au 18 brumaire. Le premier Consul l'envoya comme ministre près des cours de Saxe et de Hesse, puis le nomma administrateur de la caisse d'amortissement; sous l'empire, il fut appelé aux fonctions de directeur général des postes, puis nommé conseiller d'Etat, comte de l'empire le 3 juin 1808, et grand-officier de la Légion d'honneur en 1811. Après l'abdication, il rentra dans la vie privée. A la première nouvelle du débarquement de l'empereur et de la fuite de Louis XVIII, il se présenta, le 20 mars 1815, accompagné de Sébastiani, dans le cabinet du comte Ferrand, directeur des postes pour le roi, et lui dit: « Au nom de l'empereur, je prends possession de l'administration des postes. » Il venait d'arrêter les journaux et notamment le Moniteur qui contenait un décret contre Napoléon; il avait aussi disposé des courriers et envoyé à Fontainebleau une dépêche qui fit dire à Napoléon: « On nous attend donc à Paris ». Napoléon lui offrit à son arrivée le ministère de l'Intérieur, qu'il refusa; il accepta la dignité de pair des Cent-Jours (2 juin 1815). La seconde Restauration s'empressa de le destituer et de le comprendre dans l'ordonnance du 24 juillet 1815. Arrêté le 18, il comparut devant la cour d'assises de la Seine le 19 novembre, sous l'accusation d'avoir ourdi un complot ayant pour but le retour de Napoléon de l'île d'Elbe et d'avoir usurpé des fonctions publiques. Il chercha en vain à se disculper. La comtesse Ferrand produisit le papier remis par La Valette à son mari, quand il prit possession de l'hôtel des postes, pour le décharger de cette administration. Il fut condamné à mort le 21 novembre, et son pourvoi en cassation fut rejeté. Il restait encore à implorer la clémence du roi. Si Louis XVIII était disposé à l'indulgence, la Chambre introuvable, composée de royalistes fanatiques, ne voulait pas entendre parler de clémence. Cependant M. Decazes, ministre de la police, proposa de faire intervenir la duchesse d'Angoulême. Le maréchal Marmont, ami de La Valette, devait introduire madame de La Valette auprès du roi; elle se jetterait à ses pieds, implorerait la duchesse, et Louis XVIII se laisserait fléchir. Mais la duchesse d'Angoulême, conseillée par Châteaubriand, refusa de se prêter à cette combinaison, et donna l'ordre d'interdire l'entrée des Tuileries à madame de La Valette. Marmont parvint cependant à forcer la consigne et put amener la comtesse jusqu'au roi, qui fit une réponse évasive. L'exécution de La Valette était fixée au lendemain. Un de ses amis, Baudus, connaissait Bresson, ancien conventionnel girondin, qui n'avait échappé à la Terreur que grâce à la bienveillance d'un inconnu chez lequel il était resté caché dans les Vosges. Tenue au courant par Baudus, Mme Bresson se mit à la disposition de madame de La Valette. Celle-ci, le 20 décembre 1815, rendit une dernière visite à son mari, accompagnée de sa fille, âgée de quatorze ans, et d'une gouvernante. Les deux époux échangèrent leurs vêtements, et le geôlier voyant sortir une femme qui sanglotait, la figure couverte de son mouchoir, ne conçut aucun soupçon, et l'aida à monter dans sa chaise à porteur. Quand il rentra dans la chambre du prisonnier, il se trouva en face de madame de La Valette. Pendant ce temps, La Valette se réfugiait chez Bresson, dans les combles du ministère des Affaires étrangères, où habitait ce dernier comme employé. Cette évasion irrita profondément la Chambre. M. Humbert de Sesmaisons déposa une proposition de mise en accusation du ministère; mais elle n'eut pas de suite. Malgré les recherches de la police, La Valette resta caché à Paris jusqu'au 10 janvier 1816; ce jour-la, le général Robert Wilson, ancien commandant de l'armée anglo-portugaise, l'emmena dans une calèche découverte habillé en officier anglais, et le conduisit jusqu'à Mons; puis il revint à Paris pour se voir condamner, malgré la plaidoirie de Dupin aîné, à trois mois d'emprisonnement. Le porte-clefs de la conciergerie fut puni de deux ans de prison; Mme de La Valette fut acquittée. Après avoir vécu quelques années auprès d'Eugène de Beauharnais en Bavière, M. de La Valette fut gracié par Louis XVIII, le 19 janvier 1820. Le 14 décembre précédent, il avait adressé au comte Decazes, ministre de l'Intérieur, la déclaration qui suit: « Ce 14 décembre 1819. « Je déclare et je jure devant Dieu tout-puissant, créateur de l'univers, souverain juge, rémunérateur et vengeur; que pendant les onze mois de l'année dix-huit cent quatorze je n'ai pas eu de correspondance, soit directe, soit indirecte, avec aucune des personnes qui habitaient l'île d'Elbe à cette époque; excepté la lettre de compliment du jour de l'an, que j'ai fait connaître à mes juges, que je n ai pas reçu une seule lettre d'elles et que je ne leur ai point fait écrire. Je jure que je n'ai envoyé à l'île d'Elbe ni fait envoyer qui que ce soit, et qu'enfin je suis entièrement étranger aux événements qui ont préparé et consommé l'entreprise du 20 mars 1815. « Je fais cette déclaration et je la publie de ma propre volonté, sans être mû par aucune arrière-pensée, sans être excité par aucun ressentiment, mais uniquement dans l'intérêt de la vérité. J'avais pris la résolution de la lire à haute voix au pied de l'échafaud, et de la déposer aux mains de l'ecclésiastique qui devait m'accompagner, et je désire qu'on me la présente pour la signer encore au moment de mourir. Signé: M. Ch. LA VALETTE. » Lorsqu'il rentra en France, sa femme était devenue folle. Il vécut fort retiré jusqu'à sa mort. Par testament, l'empereur Napoléon lui avait laissé 300,000 francs. On a édité en 1831 : Mémoires et souvenirs du comte de La Valette, publiés par sa famille et sur ses manuscrits, avec une préface de M. Cuvillier-Fleury.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Antoine-Marie Chamant LA VALETTE

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