État civil :
Né le 10 janvier 1769
Décédé le 7 décembre 1815
Pairs de France

Pair de France

    Révoqué par l'ordonnance du 24 juillet 1815.
    Son fils Joseph-Napoléon est élévé à la dignité de pair le 19 novembre 1831.

Pair de France  (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français « Robert et Cougny » (1889-1891))

Pair de France

NEY (MICHEL), DUC D'ELCHINGEN, PRINCE DE LA MOSKOWA, pair de France en 1814, et pair des Cent-Jours, né à Sarrelouis (Prusse-Rhénane) le 10 janvier 1769, fusillé à Paris le 7 décembre 1815, fils d'un ancien soldat qui s'était établi tonnelier à Sarrelouis, alla, pendant quelques mois seulement, au collège des Augustins, entra, à treize ans, comme petit clerc chez un notaire, et devint clerc au parquet du procureur du roi, puis commis aux écritures et surveillant de la compagnie des mines d'Appenweiler. D'un caractère ardent, il abandonna bientôt cette situation pour s'engager à Metz, le 6 décembre 1788, dans le régiment de hussards colonel-général, où, à la Révolution, il devint brigadier-fourrier (1791), adjudant le 14 juin 1792, passa au 5e hussards Comme sous-lieutenant (29 octobre), et fut nommé lieutenant le 5 novembre,, à l'armée du Nord pendant la campagne. Aide de camp des généraux Laumarche et Collaud en 1793, il prit part à la bataille de Nerwinde, et retourna, avec le grade de capitaine, à son ancien régiment devenu 4e hussards, le 26 avril 1794; peu de temps après, à l'armée de Sambre-et-Meuse, Kléber lui confia le service d'exploration de sa division : il s'en tira si avantageusement qu'il fut promu adjudant-commandant chef d'escadron le 9 septembre suivant, et adjudant général chef de brigade le 15 octobre, après la bataille d'Aldenhoven. Ney prit part ensuite au siége de Maëstricht et au siège de Mayence où il reçut une grave blessure; il refusa en récompense le grade de général de brigade que lui offrirent Kléber et le représentant Merlin. En 1795, il passa sous les ordres de Jourdan à l'armée de Sambre-et-Meuse, se distingua à Altenkirchen, à Fredberg, à la Prise de Wurtzbourg et de Bamberg, et enfin à l'assaut de Forzheim qui lui valut le grade de général de brigade (8 août 1796). Au cours de cette campagne, Ney avait fait un grand nombre de prisonniers parmi lesquels beaucoup d'émigrés; il leur sauva généreusement la vie. L'année suivante, en 1797, il commanda, sous les ordres de Hoche, un corps de cavalerie. Peu de jours avant le 18 fructidor, dans un banquet à l'armée de Sambre-et-Meuse, il montra ses sentiments républicains : « Politiques de Clichy, s'écria-t-il dans un toast, daignez ne pas nous forcer à sonner la charge. » Il se signala à la bataille de Neuwied, mais fut fait prisonnier à Steinberg. Rendu à la liberté peu de jours après, il fut appelé à l'armée d'Angleterre et commanda à Lille la cavalerie de la division Grenier. La seconde coalition le trouva de nouveau à l'armée du Rhin sous Jourdan; après la prise de Manheim, il fut nommé général de division (28 mars 1799). Passé à l'armée de Danube que commandait Masséna, il fut blessé à Winterthur, le 15 mai 1799, et dut se rendre aux eaux de Plombières. Appelé au commandement provisoire de l'armée du Rhin, le 17 septembre 1799, en remplacement de Jourdan, il protégea la retraite de l'armée sur la rive gauche du fleuve, reçut deux blessures en voulant secourir Manheim, et, lorsque Souwarow marcha contre Masséna, fit le long du Rhin d'importantes démonstrations qui empêchèrent l'archiduc Charles de porter secours aux Russes. L'année suivante, il commanda une division d'infanterie de l'armée d'Allemagne, sous Moreau. et se battit à Moeskirch et à Hochstedt. A Hohenlinden, il soutint la première attaque des Autrichiens, reprit vite l'offensive, et culbuta l'armée ennemie. A la paix de Lunéville. il vint à Paris : il n'avait témoigné aucun enthousiasme pour le 18 brumaire ; mais l'accueil bienveillant que lui fit le premier Consul modifia ses sentiments. Par l'entremise de Bonaparte, il épousa Mlle de Lascous amie intime d'Hortense de Beauharnais. Comme cadeau de noces, Bonaparte lui donna un magnifique cimeterre qui avait appartenu, dit-on, au pacha de Damas. Ce fut cette arme qui, en 1815, trahit sa retraite et le livra à la police de la Restauration. Nommé, le 17 octobre 1802, ministre plénipotentiaire de France en Suisse, il fit occuper Zurich, proposa au Sénat de Berne la protection de la France et donna au général Brackenau l'ordre de licencier ses troupes. Quelques mois plus tard, les délégués des cantons suisses signaient à Paris un acte de médiation et remettaient à Ney, au nom de leurs concitoyens, une médaille commémorative de la paix. A la rupture de la paix d'Amiens, Ney reçut le commandement du camp de Montreuil (28 décembre 1803). Maréchal de France le 19 mai 1804, grand-aigle de la Légion d'honneur le 10 pluviôse an XIII, et chef de la 7e cohorte, il commanda le 6e corps de la grande armée lors de la marche sur le Danube, culbuta la division Kienmayer à Donauwerth, remonta le Danube par la rive gauche, chassa l'ennemi de Gunzbourg, s'empara d'Elchingen (14 octobre 1805), et occupa, le 15, le plateau de Michelsberg qui domine Ulm au nord. Il se dirigea ensuite vers le Tyrol, en chassa l'archiduc Jean, et se rendit maître d'Inspruck. Durant la campagne de Prusse, il se signala à Iéna, et poursuivit Hohenlohe et Blücher. Au moment où s'ouvrit la campagne d'hiver en Pologne, il occupait Thorn, à la gauche de l'armée française ; il s'empara de Soldau, le 26 décembre 1806, après avoir battu le corps prussien de Lestocq, occupa Neidenbourg, battit de nouveau Lestocq à Deppen, Liebstadt et Sporeden, et le poursuivit jusque sur le champ de bataille d'Eylau ou son arrivée contraignit les Russes à la retraite. L'ennemi reprit l'offensive au mois de juin suivant, et, vigoureusement attaqué vers Guttstadt et Beryfried par toutes les forces de Bennigsen, Ney dut reculer sur Deppen. A Friedland, il commanda la droite, et, a cinq heures du soir, avec Marchand et Dupont, avec l'artillerie de Sénarmont et les dragons de Latour-Maubourg, il enfonça la garde impériale russe, la jeta dans les ravins et les étangs, s'empara de Friedland, tailla en pièces le centre et la gauche de Bennigsen, et les refoula sur les corps de Lannes et de Mortier. Le 17 juin, il s'empara à Tutersbourg des magasins de l'armée russe. C'est durant cette campagne que l'armée donna à Ney le surnom glorieux de brave des braves. créé duc d'Elchingen le 6 juin 1803, Ney fut désigné pour faire partie de l'armée d'Espagne. Avec le 6e corps, il occupa Soria le 22 novembre 1808, s'empara des magasins de Boya le 26, et, le 6 janvier 1809, reçut l'ordre d'organiser la Galice. Rallié par le maréchal Soult a Lugo, il envahit les Asturies avec Kellermann, s'empara d'Oviedo, pénétra de nouveau en Galice et battit sir Wilson à Banos, le 12 août 1809. Durant l'expédition de Portugal, il contribua à la prise de Ciudad-Rodrigo (10 juillet 1810), mais dut faire retraite devant les forces supérieures de l'armée anglaise qui ne parvint pourtant pas à l'entamer. Comme il refusait d'obtempérer aux ordres du duc de Rivoli sous le commandement supérieur de qui il était placé, il se vit retirer la direction du 6e corps et, à son retour à Paris, fut vivement blâmé par l'empereur de son indiscipline. Lors de la rupture avec la Russie, Ney commanda le 3e corps. A Smolensk, avec Davout et Poniatowski, il s'élança, avec sa bravoure accoutumée, à l'assaut des ponts, et fut blessé au cou ; mais, deux jours plus tard, il poursuivit l'ennemi sur Valontina, franchit la Kolondwia et s'empara du plateau après une lutte sanglante. Dans le conseil de guerre qui suivit cette opération, il opina pour que les quartiers d'hiver de l'armée fussent immédiatement établis sur le Dniéper; mais l'avis de Caulaincourt, qui demandait qu'on marchât sur Moscou, prévalut malheureusement. A la Moskowa, il soutint l'attaque de Davout contre les redoutes qui couvraient la gauche ennemie, s'en empara et, soutenu par Murat, rejeta les Russes sur la hauteur de Semenolowskoïe, qu'il finit par occuper après des prodiges de bravoure, et décida ainsi de la retraite de Bagration et de Kutusow. Le soir même, l'empereur le créa prince de la Moskowa, titre dont les lettres patentes furent enregistrées le 25 mars 1813. Lorsque la retraite de l'armée française fut décidée, il reçut le commandement de l'arrière-garde et eut à lutter contre les incessantes attaques des Cosaques. Séparé bientôt du gros de l'armée, il fut obligé à Katowa, le 18 novembre, de battre en retraite vers Smolensk, tournant le des à Napoléon. Mais, avant découvert sous la neige le lit d'un ruisseau, il le suivit, abandonna ses canons, et passa le Dniéper sur la glace. Dans la nuit du 20 au 21, il rejoignit l'empereur. A la réorganisation de l'armée en 1813, Ney eut le commandement du 3° corps, qu'il mena à Weissenfels le 29 avril, à Lützen le 2 mai, où il fut blessé, à Wurtschen le 21 mai, à Dresde le 27 août ; mais il fut vaincu à Derenewetz le 6 septembre, par Bernadotte et l'armée du Nord, et dut rétrograder sur Torgau. A Schoenefeld, il tint tête à Blücher, et protégea la retraite sur Leipzig après la défection des Saxons et des Wurtembergeois. Nommé provisoirement, le 6 janvier 1814, commandant des voltigeurs de la jeune garde, il assista à Champaubert, à Montmirail, à Craonne, et accompagna l'empereur à Fontainebleau. Chargé, avec Macdonald et Caulaincourt, de plaider près d'Alexandre la cause du roi de Rome, il insista avec tant de vivacité que le tzar en fut ébranlé. Mais la défection du 6e corps modifia les dispositions de l'empereur de Russie, qui exigea une abdication sans condition. Ney se rallia ensuite aux Bourbons, devint membre du conseil de guerre (8 mai), commandant en chef de la cavalerie de France (20 mai), chevalier de Saint-Louis (1er juin), gouverneur de la 6e division militaire (2 Juin), et pair de France le 4 juin 1814. Retire à sa terre de Coudrot près de Châteaudun, il reçut, le 6 mars 1815, à la nouvelle du retour de île d'Elbe, l'ordre de se rendre en toute hâte à Besançon, chef-lieu de son gouvernement militaire, Il y arriva le 10, et y trouva une dépêche qui le plaçait sous le commandement du comte d'Artois et lui désignait les troupes qu'il aurait sous ses ordres. Le 12, il était à son quartier-général de Lons-le-Saulnier. Au milieu de ses soldats, il vit qu'un élan irrésistible entraînait ses troupes vers l'empereur. Il demanda à ses deux lieutenants, Lecourbe et Bourmont, leur avis sur ce qu'il importait de faire. Lecourbe approuva la résolution de rejoindre l'empereur, Bourmont garda le silence. Ney rassembla alors ses troupes : « Soldats, dit-il, la cause des Bourbons est à jamais perdue... La dynastie légitime que la France a adoptée va remonter sur le trône... C'est à l'empereur Napoléon, notre souverain, qu'il appartient désormais de régner sur notre beau pays ». Les soldats agitèrent leurs shakos et crièrent:« Vive le maréchal Ney ! Vive l'empereur! » Le 18, Ney était auprès de Napoléon, à Auxerre. Nommé inspecteur des frontières du Nord, de Lille à Landau, et pair des Cent-Jours, le 2 juin 1815, Ney reçut en outre, le 15 du même mois, le commandement des 1er et 2e corps d'armée. Aux Quatre-Bras, privé de Drouet-d'Erlon, il livra à Wellington une bataille acharnée. A Waterloo, il fit enlever la Haie-Sainte par l'infanterie de Drouet d'Erlon, puis, à la tête des cuirassiers de Milhaud, des chasseurs et des lanciers de la garde de Lefèbvre-Desuouëttes, donna l'assaut au plateau de Mont-Saint-Jean ; deux fois les canons anglais tombèrent entre nos mains; mais l'infanterie manquant pour soutenir cette charge héroïque, nos cavaliers, épuisés, redescendirent la pente du plateau. « Français, disait Ney à ses cavaliers restés sous la mitraille, tenez ferme, c'est ici que sont les clefs de nos libertés. » -« loi et moi, disait-il ensuite à d'Erlon, si nous ne sommes pas tués ici, nous serons pendus à Paris ». Il s'élance encore une fois, avec 6 bataillons de grenadiers de la vieille garde; les soldats de Maitland, les gardes écossaises font feu à bout portant ; Ney perd son quatrième cheval, et est entraîné dans la déroute. De retour à Paris, il dit à la Chambre des pairs : « Il ne nous reste plus, messieurs, qu'à entamer des négociations... Il faut rappeler les Bourbons, et moi je vais prendre le chemin des Etats-Unis.» Ces paroles furent mal interprétées, et il dut s'en expliquer dans une lettre au président du gouvernement provisoire. 11 quitta ensuite Paris avec l'intention de se réfugier en Suisse. Il était muni d'un congé régulier, au nom de Reiset, que lui avait délivré le prince d'Eckmühl. A Lyon, le commissaire de police Teste lui apprit que les routes de Suisse étaient sévèrement gardées par les Autrichiens ; sur les instances de sa femme, il se décida alors à se retirer dans le château de Bessonis près d'Aurillac, chez une parente de la maréchale. Le cimeterre dont le premier Consul lui avait fait jadis présent, laissé imprudemment sur une table dans le salon du château, fit découvrir sa retraite. M. Locard, préfet du Cantal, le fit arrêter le 5 août. Arrivé a Paris le 19, il fut mis à l'Abbaye, puis à la Conciergerie, et, en vertu de l'ordonnance du 24 Juillet précédent, fut traduit devant un conseil de guerre. Le maréchal Moncey, choisi pour être l'un de ses juges, se récusa. Ney déclina la juridiction du tribunal militaire, qui se déclara incompétent. En qualité de pair de France, le prince de la Moskowa fut déféré à la Chambre des pairs, comme coupable de haute trahison. Il y fut défendu par M. Berryer père et Dupin aîné, assistés de Berryer fils. Le maréchal avait-il abandonné les Bourbons de parti pris et entraîné ses soldats dans la défection, ou bien n'avait-il fait que céder au mouvement irrésistible qui poussait l'armée vers l'empereur? Les lieutenants du maréchal eussent pu répondre ; mais Lecourbe était mort, et Bourmont prétendit que, depuis 3 mois, Ney était d'accord avec l'empereur. Le maréchal protesta énergiquement: « C'est fâcheux, s'écria-t-il, que Lecourbe soit mort. Mais je l'interpelle contre ce témoignage devant un tribunal plus élevé, devant Dieu qui nous eu-tend, devant Dieu qui nous. jugera, vous et moi, monsieur de Bourmont. » Les défenseurs voulurent invoquer le traité du 20 novembre, par lequel Sarrelouis, patrie du maréchal, était enlevé à la France: « Non, non, s'écria-t-il avec véhémence, je suis Français, je mourrai Français ». Le 6 décembre, à 11 heures et demie du soir, Ney fut condamné, par 139 voix contre 17, à la peine de mort, aux frais du procès et à la dégradation de la Légion d'honneur. Le lendemain, après une entrevue touchante et suprême avec sa femme, et un entretien avec le curé de Saint-Sulpice, il fut conduit en voiture à la place de l'Observatoire, et, bientôt après, tomba, sous les balles françaises, celui qu'avait respecté la mitraille ennemie et « qui avait gagné cinq cents batailles pour la France, jamais une contre elle ». Au même moment, la maréchale sollicitait par l'entremise du duc de Duras une audience du roi. Après l'avoir fait attendre, le duc ne peut que lui dire : « Madame, l'audience que vous réclamez du roi serait maintenant sans objet. » Le roi Louis-Philippe accorda une pension de 25,000 francs à la maréchale Ney, qui mourut à Paris en 1854 ; le 18 mars 1848, le gouvernement provisoire décréta qu'un monument serait élevé sur le lieu de l'exécution; cette statue ne fut placée que sous Napoléon III, et inaugurée solennellement, le 5 décembre 1853, par l'empereur, entoure des maréchaux de France.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Michel NEY

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