Le butoir du césium

L'extraction de l'ensemble des isotopes du césium devrait être possible avec des molécules telles que les calixarènes . Mais le césium est présent dans les solutions sous quatre formes isotopiques qui présentent des propriétés de radioactivité très différentes.

Les isotopes 134 et 137 du césium pourraient justifier d'un stockage en surface, parce que leur période est courte. L'isotope 135 est quant à lui à vie longue et devrait être entreposé en profondeur. Une complication du problème apparaît avec l'isotope 133 du césium qui, lui, est stable. En effet, par irradiation neutronique, il donne naissance au césium 135. Par conséquent, si l'on ne parvenait pas à extraire le césium 133, l'irradiation neutronique conduirait à renforcer la teneur en césium 135, compromettant le rendement global de l'opération.

La séparation des différents isotopes du césium constitue donc un objectif théorique essentiel. Mais elle sera très difficile. Les molécules utilisées pour l'extraction différencient les composés en fonction de leur cortège électronique qui sont identiques pour les isotopes d'un même élément.

C'est pourquoi on étudie également l'immobilisation du césium dans des réseaux cristallins. Les verres pourraient convenir. Les matrices du type de celles présentées dans le précédent chapitre pour l'immobilisation du plutonium : phosphates de calcium - apatites -, titanates ou zircons pourraient également servir. Leur durabilité se compte sur plusieurs millions d'années comme l'a montré l'analyse des roches présentes dans le réacteur naturel formé dans les roches à Oklo au Gabon.

Une connaissance de plus en plus fine des combustibles irradiés

L'avancement des études sur la séparation des produits de fission s'accompagne d'une prise en compte de plus en plus fine de la réalité. Ce sont à la fois les techniques d'analyse et les modèles chimiques qui progressent et permettent de traiter le cas de produits de fission ou d'activation à vie longue présents en solution à des concentrations de plus en plus faibles.

Le tableau suivant présente cette définition de plus en plus fine de la connaissance que l'on a du combustible irradié.

Ainsi des radioéléments comme le carbone 14 ou le chlore 36 provenant de la fission sont désormais étudiés. De même, les produits d'activation des gaines et des embouts comme le manganèse 53, le nickel 59 ou 63 sont eux aussi compris dans les études.

Tableau 32 : inventaire en Produits de Fission et Produits d'Activation à Vie Longue - combustible UOx irradié à 45 000 MWj/t 57( * )

radionucléide

provenance

période

radioactivité spontanée

inventaire

 

combustible

structures

(années)

 

(g/tMLi 58( * ) )

Carbone 14

98 %

2 %

5 730

 

0,16

Calcium 41

100 %

0

80 000

 

0,36

Chlore 36

91 %

9 %

300 000

mous

2,4

Césium 135

100 %

0

2 300 000

 

480

Iode 129

100 %

0

15 000 000

 

230

Manganèse 53

10 %

90 %

1 000 000

 

4. 10 -7

Molybdène 93

59 %

41 %

3 500

 

0,1

Niobium 94

5 %

95 %

20 000

 

1,9

Nickel 59

4 %

96 %

75 000

 

50

Nickel 63

5 %

95 %

100

 

9,5

Palladium 107

100 %

0

6 500 000

 

320

Sélénium 79

100 %

0 %

65 000

 

6,2

Samarium 121

100 %

0

90

 

18

Etain 121m

95 %

5 %

60

durs

0,5

Etain 126

100 %

0

100 000

 

30

Technétium 99

100 %

0

210 000

 

1 100

Zirconium 93

94 %

6 %

1500000

durs

1 000

Les recherches correspondantes sont à la frontière de la recherche et du développement de procédés. Il est normal que des paramètres de coût ne soient pas introduits dans la décision de poursuivre dans cette voie. Mais, en cas de pénurie de ressources budgétaires, des arbitrages pourraient être inévitables, vu l'extrême dilution de certains éléments.