L'affaire du site granitique : information, évaluation ou décision ?

La loi du 30 décembre 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs dispose que des études seront menées sur l'étude des possibilités de stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes, notamment grâce à la réalisation de laboratoires souterrains.

Le processus devant aboutir au choix d'au moins deux laboratoires comme le spécifie la loi en utilisant le pluriel est désormais achevé. La DSIN a remis le 1 er décembre 1997 le rapport final qui rend possible la prise de décision par le Gouvernement.

Il faut bien constater que la commission nationale d'évaluation a, par son intervention non prévue par les textes, restreint le choix du possible. Son raisonnement est contesté par l'Andra qui y décèle une prudence excessive et non fondée et qui restreint a priori la dimension de la recherche. Ainsi apparaît posée la grave question de la définition des responsabilités. L'Andra est-elle maîtresse de ses choix, sur la base d'une responsabilité de sa direction ou au contraire est-on insensiblement passé à une situation de cogestion voire à une mise sous tutelle des organismes du nucléaire ?

Quelle est l'intervention de la commission nationale d'évaluation sur ce dossier ?

Ni la loi de 1991 ni son décret d'application n° 93-940 du 16 juillet 1993 ne prévoient son intervention directe. Selon la loi de 1991, la mission de la commission nationale d'évaluation est d'élaborer pour le Gouvernement, un rapport sur l'état d'avancement des recherches destiné au Parlement.

Mais dans son rapport n° 2 de juin 1996, la commission émet des réserves sur le site de la Vienne. Dans son rapport n° 3 de septembre 1997, la commission note que " en l'absence de concept de stockage propre à ce site précisant notamment le rôle de la barrière géologique, les risques de circulation de fluides entre le granite et les aquifères exploités augmentent considérablement la difficulté de qualifier ce site particulier pour un éventuel stockage. [...] L'évaluation de ce site conduit donc à constater l'existence d'aspects négatifs paraissant aujourd'hui incontournables et qui amènent la commission à aller au-delà des réserves qu'elle avait exprimées dans le rapport n°2 ".

Trois questions se posent :

- La vérité scientifique est-elle établie en ce qui concerne les éventuelles connections entre les eaux souterraines et les nappes phréatiques ?

- La DSIN est-elle fondée à invoquer d'autres avis que ceux du groupe permanent d'experts qu'elle a placée auprès d'elle ?

- L'avis de la commission repose-t-il sur des bases scientifiques objectives ou sur l'insuffisante préparation du dossier présenté par l'Andra ?