IV. QUELS REMEDES ?

Envisagé dans ce chapitre surtout sous l'angle culturel, le retard français relatif à l'entrée dans la société de l'information sera analysé plus loin, en ce qui concerne ses causes et ses remèdes, sous d'autres aspects (choix technologiques, politiques tarifaires, financières et fiscales...).

Seront examinées plus particulièrement dans le développement qui suit, deux valeurs qu'il me semble nécessaire de promouvoir : le rôle de l'exemplarité et celui de l'éducation.

A) LE RÔLE DE L'EXEMPLARITÉ
Même si on peut le déplorer, les structures de la société française demeurent encore pyramidales, qu'il s'agisse de celles de l'Etat, des entreprises, ou d'autres collectivités (partis politiques, syndicats...).

Dans ces conditions, et sans que cela empêche d'encourager les initiatives émanant de la base (en les aidant, en les faisant connaître, ou en les fédérant et, le cas échéant, en les relayant), il est primordial que l'exemple vienne en même temps " d'en haut ".

Du reste, il est de l'intérêt des dirigeants eux-mêmes de prendre les devants, s'ils ne veulent pas voir leur autorité sapée dans ses fondements par le développement de réseaux informels court-circuitant les canaux hiérarchiques traditionnels.

Ils doivent donc s'efforcer de maîtriser les nouvelles techniques d'information et de communication, non seulement par prosélytisme, s'agissant de facteurs essentiels de compétitivité et de développement de leur entreprise, mais aussi, tout simplement, pour améliorer en son sein le climat social, en dialoguant et en échangeant des informations avec tous.

Or, une grande majorité des responsables que j'ai auditionné, n'utilisent pas directement eux-mêmes ces nouveaux moyens, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis. Ils en délèguent l'utilisation, selon les cas, à des adjoints ou à des subordonnés plus ou moins proches.

Ainsi, trop souvent, l'ordinateur semble encore considéré par les plus hauts responsables de nos entreprises et de nos administrations, sinon comme une simple machine à traitement de texte, du moins comme un outil de gestion courante, voire de documentation, mais jamais véritablement comme un instrument personnel de communication et d'aide à la décision. On ne peut qu'espérer que se crée une émulation au sommet pour inverser ce regrettable état d'esprit.

Mais cela n'en rend pas moins inévitables les restructurations évoquées par Toffler en de suggestives métaphores : " fin des alvéoles " , passage " des monolithes aux mosaïques " , partage de l'information, naissance de firmes flexibles polycellulaires dirigées par des équipes semblables à des sortes d'arches de Noé...

La personnalisation des produits et l'accélération du rythme de l'activité économique sert à promouvoir le modèle d'entreprises plus flexibles, dans lesquelles chaque travailleur possède plus de savoir et acquiert davantage d'autonomie ; toutes choses suggérant à l'envi que les organisations hiérarchiques et bureaucratiques traditionnelles se révèlent désormais inadaptées.