État civil :
Né le 23 août 1817
Décédé le 5 février 1869
Profession :
Diplomate
IInd Empire

Ancien sénateur du Second Empire

Elu le 17 décembre 1868
Fin de mandat le 5 février 1869

Assemblée nationale du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851

Ministre des Affaires Etrangères du 1er septembre 1866 au 17 décembre 1868

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)

avant 1889

MOUSTIER (DESLE-MARIE-FRANCOIS-RENÉ LÉONEL, MARQUIS DE), représentant du Doubs en 1849, ministre plénipotentiaire à Berlin en 1853, ambassadeur à Vienne en 1859, à Constantinople en 1861 et ministre des Affaires étrangères en 1866, fut nommé sénateur par Napoléon III en décembre 1868 en remerciement de ses services. Mais, trop malade, il ne siégea jamais et mourut peu après, le 5 février 1869.

Né à Paris le 23 août 1817 d'une ancienne famille du Doubs, il était le fruit de l'union d'un diplomate de l'Empire, Clément-Édouard de Moustier, et de Caroline de Laforest, fille du comte Antoine de Laforest, l'un des plus importants agents diplomatiques de Talleyrand. Son grand-père paternel, François-Éléonor de Moustier ayant été lui-même ambassadeur de Louis XVI à Berlin et à Washington, il va sans dire que Léonel était prédestiné à la carrière diplomatique. Après des études de Droit et de Lettres suivies à la Sorbonne et son mariage, en 1843, avec Françoise-Ghislaine de Mérode, l'une des quatre riches héritières de cette famille de la vieille noblesse belge, c'est en politique qu'il débuta sa vie publique. La révolution de février 1848 contraria sans doute ses plans diplomatiques et il se résolut à être élu au suffrage universel comme représentant du Doubs en 1849. Il siégea, aux côtés de son ami Charles de Montalembert, dans les rangs du parti de l'Ordre puis approuva le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte (2 décembre 1851). Il fut ainsi nommé au sein de l'éphémère commission consultative, qui tint le rôle de Conseil d'État, avant d'en démissionner au lendemain du décret de confiscation des biens des Orléans (22 janvier 1852).

Ses relations nouées avec le comte de Morny, demi-frère de Napoléon III, lui permirent d'intégrer la carrière diplomatique « par le haut » en étant nommé ministre plénipotentiaire à Berlin en juin 1853. La guerre de Crimée s'annonçait alors et la France ayant bientôt envoyé les meilleures de ses armées devant Sébastopol, la Prusse, du fait de sa position stratégique entre la France et la Russie, acquit de facto une importance cruciale. Moustier montra ses talents de négociateur en contribuant à maintenir la puissance prussienne à l'écart du conflit alors même que la Russie y disposait d'une influence considérable, notamment au sein du Gouvernement, de ses élites et de la famille royale de Hohenzollern. En 1859, il était nommé ambassadeur à Vienne dans la foulée des accords de Zurich qui clôturèrent la guerre franco-autrichienne de 1859 au terme de laquelle la puissance habsbourgeoise perdit la Lombardie au profit du Piémont. Là encore, Moustier dut faire usage de ses talents pour retenir l'Autriche de revenir en Italie alors gagnée par la révolution patriotique. Deux ans plus tard, en 1861, il gagna l'ambassade de Constantinople, capitale d'un empire fragilisé par les divers mouvements nationaux qui en menaçaient l'intégrité (Serbie, Monténégro, Crète). Dans la capitale turque, Moustier défendit la position et les intérêts de la France attaqués vivement, à l'occasion de la succession du sultan Abdlülmecid II, par la Grande-Bretagne. Les travaux de percement du canal de Suez, entamés par Ferdinand de Lesseps, constituèrent une pierre angulaire de la rivalité franco-anglaise locale. Dans le même temps, Moustier, pris du syndrome de l'orientalisme, se passionna pour les réformes modernisatrices de l'empire Ottoman (Tanzimat) : il encouragea notamment l'instauration d'un Conseil d'État sur le modèle français et l'établissement du lycée français de Galata-Saraï.

En 1866, il était nommé ministre des Affaires étrangères et se résolut à regret à quitter son exotique ambassade pour rejoindre la métropole qui avait entre-temps connu bien des déconvenues. La France était alors en délicatesse avec la Prusse qui n'avait pas tenu ses promesses suite à sa guerre contre l'Autriche. Moustier reprit donc en cours de route la négociation secrète du Luxembourg qui fut un semi-échec puisque Bismarck menaça de déclarer la guerre si la France acquérait une terre qu'il jugeait partie intégrante de l'espace germanique. Du côté du royaume d'Italie, la France se trouvait également dans une position délicate puisqu'en vertu de la convention de septembre 1864, elle avait rappelé ses troupes destinées à la protection des États pontificaux contre les patriotes italiens. Moustier contribua à leur retour au printemps 1867 lorsqu'il devint évident que le gouvernement de Florence était complice de l'invasion du territoire pontifical par les garibaldiens. Après la dispersion des patriotes italiens à la bataille de Mentana, Moustier mena avec succès des négociations qui débouchèrent sur le rétablissement des relations entre le royaume d'Italie et le Pape. Dernière tâche, non moins ingrate que les précédentes, il négocia avec Washington l'agenda de retour des troupes françaises présentes au Mexique depuis 1862. La malheureuse expédition du Mexique constituait pour la France un échec d'autant plus cuisant que l'empereur Maximilien, soutenu par Napoléon III, avait été fusillé et que les États-Unis sommaient en termes peu diplomatiques la France de retirer leurs armées de ce qu'ils jugeaient leur zone d'influence.

Gravement malade et précocement épuisé par ces affaires, Moustier présenta sa démission le 17 décembre 1868 à Napoléon III qui le nomma au Sénat impérial. Incapable de se déplacer, il mourut peu après, le 25 février 1869.

Xavier LACROIX

Stagiaire à la division des Archives du Sénat et étudiant à Sorbonne Universités, Xavier Lacroix a rédigé un mémoire de Master 2 sur le marquis de Moustier sous la direction d'Éric Anceau et avec lequel il prépare une thèse sur ce sujet.

Références :

- Archives de la famille de Moustier.

- Xavier Lacroix : Le marquis de Moustier, ministre des Affaires étrangères de Napoléon III, mémoire de Master 1, et Le marquis de Moustier, de Paris à Berlin, mémoire de Master 2, travaux effectués sous la direction de M. Éric Anceau.

- Xavier Lacroix, « Le marquis de Moustier, diplomate du Second Empire », in Questions internationales, n°91-92, mai-août 2018, p. 157-164.

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Biographie extraite du dictionnaire « Robert et Cougny » :

MOUSTIER (DESLE-MARIE-RENÉ-FRANÇOIS LIONEL, MARQUIS DE), représentant en 1849, sénateur du Second Empire et ministre, né à Paris, le 23 août 1817, mort à Paris le 5 février 1869, fut, sous Louis-Philippe, membre du conseil général du Doubs. Élu, le 13 mai 1849, représentant de ce département à l'Assemblée législative par les conservateurs- monarchistes, avec 23,049 voix (52,664 votants et 81,875 inscrits), sur la même liste que Montalembert son parent par alliance, il siégea à droite, s'associa aux votes de la majorité pour l'expédition de Rome, pour la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement, continua de soutenir la politique de l'Élysée jusqu'après le coup d'État du 2 décembre, fut nommé membre de la Commission consultative, mais donna peu après sa démission. Le 10 mars 1853, il fut appelé au poste de ministre plénipotentiaire à Berlin, et contribua à maintenir la Prusse dans la neutralité lors de la guerre de Crimée. De là, il passa ambassadeur à Vienne (1859), puis à Constantinople (28 août 1861). A la suite des événements d'Allemagne, en 1866, M. de Moustier reçut, en remplacement de M. Drouyn de Lhuys (1er septembre), le portefeuille des Affaires étrangères. Il eut à régler durant son passage au pouvoir l'affaire du Luxembourg avec la Prusse, s'efforça, dans la question romaine, de faire respecter la convention du 15 septembre, et opposa aux concessions proposées par le général Menabrea, président du conseil italien, une fin de non-recevoir absolue; toutefois il se montra disposé à soumettre le règlement de la question italienne à un Congres ; mais ce projet n'aboutit pas. Comme ministre, M. de Moustier défendit sa politique au parlement dans un langage élégant et mesure; au Sénat, il répondit au cardinal de Bonnechose et au baron Dupin que le gouvernement maintiendrait à la fois les droits du pape et l'unité de l'Italie. Sa santé se trouvant assez gravement compromise, il quitta le pouvoir en décembre 1868, et, le 17 du même mois, fut nommé sénateur. Il soutint de ses votes à la Chambre haute le régime impérial, et mourut le 5 février 1869. Le marquis de Moustier avait épousé Mlle de Mérode, nièce du comte de Mérode, homme d'État belge. Il a eu de ce mariage deux filles dont l'une a épousé le marquis de Marmier. Grand-croix de la Légion d'honneur (1867).

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Desle-Marie-René-François-Léonel MOUSTIER

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