Appartenance politique :
Groupe Socialiste
État civil :
Né le 27 mai 1914
Décédé le 5 avril 1989
Profession :
Avocat
Département :
Guadeloupe

Elu le 8 juin 1958
Fin de mandat le 26 avril 1959 (Elu(e) sénateur de la cinquième République)

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

BERNIER (Lucien)

Né le 27 mai 1914 à St-François (Guadeloupe)

Décédé le 5 avril 1989 à St-François

Sénateur de la Guadeloupe en 1958

Lucien Bernier regagne la Guadeloupe après avoir obtenu en métropole sa licence en droit.

Il s'installe comme avocat, et adhère au parti radical, puis quitte cette formation pour la SFIO.

Attiré par la vie politique, il est élu conseiller général de Pointe-à-Pitre le 7 octobre 1945, puis de St-François le 9 octobre 1949, mandat qu'il conservera sa vie durant, comme celui de maire de St-François, auquel il accède en 1947. Au sein du Conseil général, Lucien Bernier préside le groupe socialiste, ainsi que la commission départementale en 1951 et 1952.

Elu conseiller de l'Union française en octobre 1953, il se présente aux élections sénatoriales du 8 juin 1958 ; il est en 2e position sur la liste de la gauche guadeloupéenne qui affronte une liste radicale conduite par le sénateur sortant, Maurice Satineau, et une liste SFIO dont la présence avait été attribuée à l'époque à l'inspiration dissimulée du sortant.

Les résultats du scrutin surprennent les observateurs, avec la victoire de Lucien Bernier à l'issue d'un deuxième tour serré qui lui donne la faveur d'une voix au détriment de Maurice Satineau (267 voix contre 266 sur 536 suffrages exprimés).

Membre des commissions du travail, et des affaires économiques, Lucien Bernier s'inscrit au groupe socialiste.

Ve République

BERNIER (Lucien, Octave, Marie, Olivier)

Né le 27 mai 1914 à Saint-François (Guadeloupe)

Décédé le 5 avril 1989 à Saint-François (Guadeloupe)

Conseiller de l'Union française de 1953 à 1958

Sénateur de la Guadeloupe de 1958 à 1968

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français, 1940-1958, tome II, p. 341-342)

Le 26 avril 1959, Lucien Bernier est réélu sénateur de la Guadeloupe sur la « liste de gauche d'Union démocratique et républicaine pour la défense des intérêts de la Guadeloupe ». Il obtient 260 voix sur 519 inscrits et 503 suffrages exprimés au premier tour ; son suivant de liste, René Toribio (SFIO), est élu au deuxième tour, avec 254 voix sur 515. Ils battent la liste du « Centre républicain, radicaux et radicaux socialistes » composée des anciens sénateurs Satineau et Valeau, qui déposent en vain un recours devant le Conseil constitutionnel.

Lucien Bernier se rattache administrativement au groupe socialiste. Il est nommé membre de la commission des affaires sociales le 6 mai 1959, puis est désigné pour assumer les fonctions de secrétaire du Sénat du 8 octobre 1959 à octobre 1960. Il assure de nouveau cette fonction du 4 octobre 1962 à octobre 1963, enfin du 5 octobre 1965 à octobre 1966.

Au palais du Luxembourg, il intervient rarement à la tribune. S'il prend part en 1959 à la discussion du projet de loi de programme relatif à l'équipement scolaire et universitaire, il utilise surtout, dans un premier temps, la formule des questions écrites. Les deux premières années, il ne dépose au nom de sa commission qu'un avis sur le projet de loi de finances pour 1960, et la même année deux rapports, portant sur l'extension outre-mer du bénéfice des prestations familiales au personnel domestique et aux marins pécheurs non salariés. Ses champs d'intervention concernent surtout les questions guadeloupéennes, avec deux thèmes principaux : le soutien à l'agriculture et le sujet récurrent de l'alignement du salaire minimum outre-mer. Il se fait un défenseur conséquent de la protection de la production de bananes antillaises - mettant en cause la concurrence africaine d'États devenus indépendants, mais toujours protégés par les accords de coopération et d'échanges, dont la Guinée après sa rupture avec de Gaulle - sans négliger le devenir de la récolte sucrière. Il défend aussi certaines catégories sociales, notamment les personnes âgées et les travailleurs salariés d'outre-mer. En 1960, Bernier interpelle encore le Gouvernement sur le fait que la Caisse centrale de coopération économique réclame aux communes le remboursement de dettes contractées par l'ancienne colonie de Guadeloupe, dont elles ne sont pas héritières. Il se montre plus particulièrement actif lors des discussions des projets de loi de finances : ses questions et suggestions portant sur de nombreux secteurs intéressent notamment les îles, la coopération, l'agriculture, la santé, et le travail. À partir du milieu des années soixante, il se préoccupe de plus en plus des questions scolaires, revendiquant la construction de collège d'enseignement général (CEG) en Guadeloupe, et protestant contre la suppression de cours en licence de droit.

Dans ces années où le processus de décolonisation s'achève, mais où la question de sa poursuite dans les Antilles est posée par les indépendantistes, Lucien Bernier adopte une position moyenne qui lui vaut des critiques virulentes. Alors qu'il aime citer la phrase de Jaurès selon laquelle la Guadeloupe est « un morceau de chair de la France palpitant sous d'autres cieux », il se méfie, comme beaucoup de socialistes, d'une assimilation qui laisserait l'essentiel du pouvoir à l'administration. Il exprime ses craintes au Conseil général dès les débats sur la loi sur la départementalisation de 1946 et, comme rapporteur quasi inamovible du budget du conseil général, il joue régulièrement un rôle de contrôleur de l'administration autant que de gestionnaire reconnu. Au Sénat, il dénonce régulièrement ce qu'il considère comme des pratiques héritées de l'administration coloniale, et comme des abus de l'administration. En 1961, il proteste vivement contre la dévolution de l'organisation du recensement aux préfets outre-mer, alors qu'il est effectué par les maires en métropole. Il regrette aussi régulièrement le rappel de fonctionnaires en métropole, et intervient en leur faveur lors des discussions des lois d'amnistie en mai 1966. En 1967, après les élections législatives, Lucien Bernier met en doute la liberté de vote dans le département qui, selon lui, « porte atteinte au libre droit de suffrage des citoyens dans un département français partie intégrante de la République et de la nation française ». A ses yeux, « le Gouvernement faillit une nouvelle fois à sa mission la plus sacrée, savoir : assurer de la manière la plus scrupuleuse le libre droit de vote du peuple guadeloupéen ». La grande presse, Le Monde notamment, relaye alors ses critiques, faisant état d'autres témoignages allant dans ce sens.

Durant les années gaullistes, Bernier est nettement dans l'opposition mais il est parfois en difficulté avec la SFIO, puis avec le parti socialiste, du fait de divergences internes propres aux socialistes guadeloupéens ou pour des raisons tenant à la politique nationale du parti. Il est frappé d'un an de suspension de délégation par la commission des conflits de la fédération socialiste SFIO de la Guadeloupe, le 7 février 1958, puis exclu le 5 novembre suivant. La décision d'exclusion est confirmée par la commission nationale des conflits du parti mais, après son élection sur une liste commune avec Toribio, nouveau leader local de la SFIO, il s'inscrit au groupe socialiste du Sénat, et on retrouve Bernier comme délégué de la fédération au congrès national SFIO de 1960. Dans l'ensemble, ses votes au Sénat sont conformes à ceux des membres de la SFIO puis de la FGDS, même si le 3 février 1960, avec Toribio, il est l'un des quatre sénateurs socialistes à ne pas prendre part au vote sur le projet de loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'État, à la pacification et à l'administration de l'Algérie. En revanche, il vote pour le projet de loi de loi portant réforme des régimes matrimoniaux (1965), et pour la loi Neuwirth relative à la régularisation des naissances (1967).

Très anticommuniste, Bernier est hostile au rapprochement puis à l'Union de la gauche, dans les années soixante. Le parti communiste voit d'ailleurs en lui un adversaire et, lors du renouvellement sénatorial du 22 septembre 1968, après que Bernier a refusé de faire liste commune avec le PCF, une alliance de fait émerge entre Amédée Valeau, vieil adversaire gaulliste de Bernier, et le communiste Marcel Gargar. Au premier tour, Valeau obtient 243 voix et son colistier Marcel Albrand 177 sur 604 inscrits et 536 suffrages exprimés. Bernier, « candidat de l'Union départementaliste pour la défense des intérêts de la Guadeloupe », arrive en troisième position avec 183 suffrages. Robert Pentier en obtient 169, le communiste Marcel Gargar 149, un autre candidat communiste arrive ensuite avec 121 voix, et Toribio n'en obtient que 32. Au second tour, Valeau est élu avec 386 voix, le communiste Gargar avec 277. Bernier est battu largement avec 208 voix, le deuxième candidat communiste n'obtenant qu'un seul suffrage.

Bernier, après avoir perdu son siège au Sénat, conserve ses mandats locaux, mais n'accepte pas le programme commun. Il est élu président du Conseil général de la Guadeloupe en octobre 1973. Au premier tour de l'élection présidentielle de 1974, il se rallie à la candidature de Valéry Giscard d'Estaing et s'apparente ensuite au groupe UDF du Conseil général. Il garde la présidence de l'Assemblée départementale jusqu'en mars 1976, puis la retrouve de mars 1979 à mars 1982. Il est alors au sommet de son influence et reçoit à sept reprises le président de la République, qui l'invite par ailleurs au Palais de l'Élysée en 1980 comme président du Conseil général. Conseiller régional de la Guadeloupe, il est également nommé au Conseil économique et social de 1979 à 1984. En 1989, à Saint-François, il est battu aux élections municipales par Ernest Moutoussamy, député apparenté communiste, et meurt quelques jours plus tard.

Titulaire de la médaille d'argent de l'éducation physique et des sports, il était également chevalier de la Légion d'honneur, chevalier des Palmes académiques, et officier de l'ordre national du Mérite.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Lucien BERNIER

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