Appartenance politique :
Groupe des Indépendants d'Outre-Mer
État civil :
Né le 22 janvier 1897
Décédé le 11 juillet 1978
Profession :
Armateur
Département :
Alger

Elu le 19 juin 1955
Fin de mandat le 31 mai 1959 (Elu(e) sénateur de la cinquième République)

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

SCHIAFFINO (Laurent)

Né le 22 janvier 1897 à Alger (Algérie)

Décédé le 11 juillet 1978 à Paris

Sénateur d'Alger de 1955 à 1959

Issu d'une famille d'origine génoise, Laurent Schiaffino est né en 1897 à Alger. Fils de l'armateur Charles Schiaffino qui fonda la plus importante société de navigation d'Algérie Charles Schiaffino et Cie, c'est tout naturellement qu'il se destine à la marine marchande, après des études secondaires au collège d'Alger.

Titulaire du brevet de lieutenant au long cours, il choisit, en août 1916, de s'engager dans la Marine pour participer au premier conflit mondial.

Démobilisé comme enseigne de vaisseau de première classe en 1919, il rejoint ensuite en 1920 l'entreprise familiale dont il devient gérant en 1952. Il est également, à partir de 1926, président-directeur général de la Société méditerranéenne de combustibles, fonction à laquelle viendront s'en ajouter beaucoup d'autres comme la présidence du Comité des armateurs d'Algérie, du Conseil algérien du crédit populaire et de la Région économique d'Algérie ou encore la vice-présidence de l'Assemblée des présidents des chambres de commerce de la Communauté. Durant cette période, l'activité de Laurent Schiaffino s'accompagne de la publication de plusieurs articles dans des revues spécialisées dans les questions économiques, commerciales et maritimes ainsi que de nombreux rapports sur la situation économique de l'Afrique du Nord.

Sa forte implantation locale le conduit à se présenter, le 19 juin 1955, en tête de la liste pour la défense des départements français d'Algérie, qui remporte dans le premier collège d'Alger les trois sièges à pourvoir ; lui-même obtient 482 voix des 597 suffrages exprimés.

Inscrit au groupe des républicains indépendants, le sénateur d'Alger siège au cours de son mandat aux commissions de la marine et des pêches, des affaires économiques et de coordination pour l'examen des problèmes intéressant les affaires d'Indochine.

Ses interventions à la tribune portent sur les questions relatives au rapport qu'il dépose au nom de la commission de la marine et des pêches sur le système de jaugeage des navires en 1955, à l'aide à la construction navale et aux communautés économique et atomique européennes en 1957 ainsi qu'aux institutions et aux élections en Algérie en 1958.

Les 2 et 3 juin 1958, Laurent Schiaffino qui vient de voir prorogé son mandat de sénateur d'Alger, vote pour la reconduction des pouvoirs spéciaux en Algérie, accorde les pleins pouvoirs au gouvernement et approuve la révision constitutionnelle.

Ve République

SCHIAFFINO (Laurent)

Né le 22 janvier 1897 à Alger (Algérie)

Décédé le 11 juillet 1978 à Paris

Sénateur d'Alger de 1955 à 1962

En vertu de la loi du 27 mai 1958, le mandat sénatorial de Laurent Schiaffino est prorogé. La mise en place des institutions de la Ve République repousse aux 19 et 25 avril 1959 les élections municipales en Algérie et au 31 mai suivant le scrutin sénatorial. Laurent Schiaffino conduit la liste d'Union et de promotion économique et sociale qui affronte une dizaine de listes concurrentes dans le département d'Alger. Sa profession de foi insiste sur la nécessité de moderniser l'économie et d'intensifier les échanges à la suite du discours du général de Gaulle prononcé à Constantine le 3 octobre 1958. Elle souhaite aussi « l'égalité totale de tous les citoyens de la grande France » qui « ne pourra entrer complètement dans les faits que par un immense et patient effort de toutes ressources économiques de l'Algérie et du Sahara et par la promotion culturelle et sociale de tous ses habitants. » L'effort en faveur de la scolarisation est aussi demandé pour éteindre les différences et le douloureux conflit en cours « car c'est sur les bancs de l'Ecole française que s'achèvera la fusion des deux communautés... » Cette tonalité favorable à l'intégration ressort dans une formule attribuée au sénateur sortant : « nés et établis, comme nos Pères, à demeure dans ce pays. »

La multiplication des listes qui représentent toutes les tendances politiques avec des solutions différentes pour le devenir algérien explique l'éparpillement des voix. L'installation d'une majorité musulmane à la tête des conseils municipaux et la correction de la vague intégrationniste des législatives de l'automne 1958, expliquent le score médiocre du premier tour. En ballotage, la liste Schiaffino ne recueille que 276 voix sur 1 104 inscrits et 1 026 suffrages exprimés. Le retrait de nombreux concurrents lui donne finalement les quatre sièges à pourvoir. En effet, avec 520 voix sur 1 072 votants et 1 007 bulletins exprimés, Laurent Schiaffino et ses colistiers ont 200 voix d'avance sur leurs suivants.

Sans surprise le sénateur d'Alger reste apparenté au groupe des Républicains indépendants à partir du 10 décembre 1958. Le 21 janvier 1959, il est nommé à la commission des affaires économiques et du plan où il se consacre à l'activité économique de la région qu'il représente. Par trois fois, il rapporte pour avis le projet de loi portant fixation des crédits ouverts aux services civils en Algérie et des voies et moyens qui leur sont applicables. S'il émet toujours un avis favorable, Laurent Schiaffino, en grand chef d'entreprise libéral, échoue à corriger la lourde fiscalité qui pénalise les échanges. La taxe de 2% qui frappe les déclarations en douane pour toutes les transactions entre la métropole et les départements algériens, « charge anormale au détriment de l'économie algérienne » (25 novembre 1960), subsiste malgré ses efforts. Il n'est pas plus heureux à propos de sa question orale du 6 octobre 1960. Elle demande, pour les entreprises assujetties en métropole à l'impôt sur le revenu des personnes physiques où à l'impôt sur les sociétés, la déduction du montant de leur bénéfice imposable pour tous les versements effectués au profit d'organismes d'intérêt général ou philanthropique. Il plaide, comme il s'y était engagé, en faveur de l'équipement du territoire algérien dès la discussion de la loi de programme relative à l'équipement économique général le 21 juillet 1959. Sa demande est réitérée lors de l'examen des crédits de la marine marchande où il appuie les constructions navales de la rive sud de la Méditerranée le 10 décembre 1959.

L'intensification des combats en Algérie et les choix gaulliens l'éloignent de la politique du Gouvernement. En décembre 1959, dans La Dépêche industrielle et commerciale, le sénateur d'Alger précise, qu'après la reconnaissance de l'autodétermination, « notre tâche est d'agir de telle sorte que le jour où les Algériens seront appelés à se prononcer, ils le fassent dans un sens qui évite la sécession. » Si, à partir de 1960, Laurent Schiaffino ne doute plus de l'indépendance prochaine, il n'en demeure pas moins figé sur des positions favorables au maintien des intérêts français. Le délégué général en Algérie, Jean Morin, le désigne comme « la plus grosse fortune du pays et qui possédait à lui seul une bonne partie de ses navires de commerce se montrait réticent à toute politique d'ouverture ». Logiquement, le 3 février 1960, il ne prend pas part au vote sur les articles et sur l'ensemble du projet de loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'Etat, à la pacification et à l'administration de l'Algérie. En janvier 1962, le général de Gaulle le reçoit. Préoccupé par le sort des Français après la signature des accords d'Evian en mars suivant ainsi que du devenir des chambres de commerce et des échanges avec la métropole, Laurent Schiaffino choisit de demeurer à Alger pendant la phase transitoire qui mène à l'indépendance. L'Organisation de l'armée secrète (OAS) le condamne à mort ce qui prouve sa fidélité, sans doute résignée, à l'autorité légitime. Le 4 juillet 1962, en application de l'ordonnance n° 62-737 du 3 juillet 1962 consécutive à l'indépendance de l'Algérie, son mandat de sénateur prend fin.

D'une manière prudente, le grand armateur avait déjà rapatrié à Paris les sièges sociaux de ses diverses activités, entre autres Mines et carrières en juin 1961, et surtout l'armement des flottes commerciales : la Société algérienne de navigation (SAN) en juin 1962. Cependant la coopération prévue par les négociations entre Français et Algériens ne se traduit guère dans les faits. Laurent Schiaffino abandonne dès 1962 plusieurs présidences, celle du Conseil algérien du Crédit populaire et celle de la Chambre de commerce d'Alger et de la région économique d'Algérie détenues depuis 1949. En septembre 1963, son quotidien, La Dépêche d'Algérie, est nationalisé et, en 1971, il cesse toute activité de remorquage en Algérie. Dès lors, administrateur de plusieurs grandes entreprises nationales, parmi lesquelles la Caisse centrale des Banques populaires et les Chantiers navals de La Ciotat, Laurent Schiaffino, président de l'Entreprise de remorquage, de sauvegarde et d'acconage (ERSA), recentre ses activités de transporteur sur les ports de la Manche et de la mer du Nord. Son ultime et discrète intervention dans la vie politique concerne, via l'ERSA, une prise de participation dans la Librairie de l'amitié, peu favorable au gaullisme, en février 1966.

C'est à plus de quatre-vingt et un an qu'il décède, des suites d'un accident cardio-vasculaire alors qu'il se rendait de son domicile à son lieu de travail. Lors de la messe d'obsèques, célébrée à Saint Honoré d'Eylau, son engagement au service du pays est rappelé. Laurent Schiaffino en avait été récompensé par plusieurs hautes distinctions : officier de la Légion d'honneur, il est également commandeur dans l'ordre national du Mérite, et décoré du Mérite maritime.

Sa société cesse ses activités maritimes au début des années quatre-vingt dix.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Laurent SCHIAFFINO

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