État civil :
Né le 12 juin 1919
Décédé le 26 novembre 1989

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Sénat de la République francaise

Groupe de l'union pour la Communauté

Membre de la commission des affaires économiques

Membre de l'Assemblée de l'Union française

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

AHMED (Abdallah Abderamane)

Né le 12 juin 1919 à Domoni-Anjouan (Comores)

Décédé le 26 novembre 1989 à Moroni (Comores)

Sénateur des Comores de 1959 à 1973

Fils d'Abdallah Abderemane, planteur et commerçant comorais* fortuné, Abdallah Abderamane Ahmed grandit dans une famille nombreuse. Après des études secondaires dans les écoles régionales de Majunga puis de Madagascar, il se marie en 1944 avec Ghamyat bin Massrond, dont il aura neuf enfants. Sa carrière professionnelle débute en 1945 à Domoni lorsqu'il prend la suite de son père à la tête d'une société d'import- export spécialisée dans le commerce de la vanille, du coprah, des tissus et du riz. Ses activités commerciales deviennent particulièrement lucratives au temps de l'autonomie comorienne, accordée par la France en 1961, car il détient alors le monopole de l'importation du riz, qui constitue la base de l'alimentation des Comoriens. Son parcours politique commence en 1946, lorsqu'il est élu conseiller général des Comores, avant de prendre la présidence du Conseil général (1950-1953). Abdallah Abderamane Ahmed est ensuite élu représentant des Comores à l'assemblée de l'Union française où il siège de 1953 à 1958.

Sa carrière parlementaire se poursuit avec l'avènement de la Ve République : il est élu sénateur des Comores en 1959, apparenté au Groupe d'Union des Démocrates pour la République avant de prendre ses distances et de rejoindre la réunion administrative des Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe. Membre de la commission des affaires sociales de 1959 à 1961, Abdallah Abderamane Ahmed rejoint la commission des affaires culturelles de 1962 à 1973. Au Palais du Luxembourg, le sénateur des Comores vote les pouvoirs spéciaux au Gouvernement en Algérie (4 février 1960), ainsi que la réforme des régimes matrimoniaux (13 juillet 1965) et la création des régions (5 juillet 1972).

Son activité parlementaire se porte essentiellement sur la défense du territoire ultra-marin des Comores, dont le processus d'autonomie est alors en cours. Ainsi le 15 décembre 1961, lors de la discussion du projet de loi relatif à l'organisation des Comores, le sénateur comorien invite ses collègues à voter sans réserve le texte prévoyant l'autonomie interne, rappelant à cet égard que « le statut que réclame depuis deux ans le peuple comorien a longtemps traîné de bureau en bureau. Aujourd'hui nous nous félicitons qu'il ait été voté à l'unanimité par l'Assemblée nationale. Le Sénat, j'en suis sûr, en fera autant. » Le 11 juillet 1962, lors des discussions du IVe Plan de développement économique et social, il rappelle les retards de développement de son territoire et souligne que « l'accession récente des Comores à l'autonomie interne nécessite une aide accrue de la France pour la mise en oeuvre des institutions nouvelles », avant de demander au Gouvernement un calendrier précis plutôt que de simples promesses. Après quelques interventions à l'occasion de l'examen des projets de loi de finances en 1963, 1965 et 1966, toujours concernant les territoires d'outre-mer, Abdallah Abderamane Ahmed participe à la discussion du nouveau projet de loi portant organisation des Comores le 14 décembre 1967 : après avoir déposé une série d'amendements visant à rassurer les Comoriens, il défend le texte, expliquant en ces termes la question de l'indépendance et de la souveraineté : « A l'époque où l'interdépendance du monde ne cesse de s'accroître, il est archaïque de vouloir poser les termes d'un débat sur la base d'une motion de souveraineté exclusive telle qu'on la concevait au XIXe siècle. C'est précisément parce que nous avons conscience, aux Comores, que la souveraineté ne peut être, à l'époque actuelle, que l'apanage véritable d'un grand ensemble, si l'on veut qu'elle soit réelle et sans situation de dépendance [...], que nous choisissons librement de rester Français tout en voulant être plus que jamais citoyens d'une patrie dont nous sommes fiers, celle des Comores, qui fut celle de nos ancêtres et doit demeurer celle de nos enfants. »

Réélu sénateur en 1968, Abdallah Abderamane Ahmed évolue dans ses prises de position sur la question comorienne lorsque son destin politique local se précise : en décembre 1972, il est élu à la présidence du Conseil de gouvernement comorien par la Chambre des députés des Comores, juste après que celle-ci a donné mandat au gouvernement d'étudier et de négocier l'accession des Comores à l'indépendance. Il démissionne de son mandat de sénateur français le 9 janvier 1973. En 1974, les résultats du référendum organisé par la France montre** une division de l'archipel : alors que les trois principales îles se sont prononcées à 95% en faveur de l'indépendance, une majorité des habitants de Mayotte s'y oppose. Face au refus de la France d'abandonner Mayotte, le président du Conseil proclame unilatéralement l'indépendance des Comores en juillet 1975. Seul candidat en lice pour l'élection présidentielle qui a lieu dans la foulée, Abdallah Abderamane Ahmed est élu avec 99,94% des suffrages, aussitôt chassé du pouvoir en août 1975. Réélu en 1978 et 1984, le Président des Comores est finalement assassiné dans des circonstances opaques le 26 novembre 1989, alors qu'il avait 70 ans. Il était commandeur de l'Etoile royale de la Grande Comore et de l'ordre national malgache, chevalier de l'Etoile d'Anjouan et chevalier du Mérite social.

Notes de la division des Archives :
* Fils d'Abdallah Abderemane, planteur et commerçant comorien fortuné [...]
** En 1974, les résultats du référendum organisé par la France montrent une division de l'archipel [...].

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