État civil :
Né le 3 juin 1914
Décédé le 18 octobre 2001

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Sénat de la République francaise

Aucun groupe

Membre de la commission des traités, accords internationaux et Défense commune

Député de l'Assemblée nationale française

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

CHEVIGNY (Pierre, Marie de BOISSONNEAUX de)

Né le 3 juin 1914 à Colmey (Meurthe-et-Moselle)

Sénateur de Meurthe-et-Moselle de 1952 à 1956

Député de Meurthe-et-Moselle de 1956 à 1958

Né le 3 juin 1914 au château familial de Martigny, d'un père officier d'infanterie et propriétaire foncier, Pierre de Boissonneaux de Chevigny fréquente l'Ecole des Roches avant d'obtenir le diplôme de l'Ecole nationale de la France d'outre-mer. Lieutenant d'artillerie pendant la guerre de 1939-1945, d'abord affecté dans la D.C.A. à Metz, il prend ensuite part aux campagnes de Hollande et de Belgique. Fait prisonnier, il s'évade et rejoint les lignes françaises. Pendant l'Occupation il s'engage dans la Résistance. Arrêté une première fois à Paris en février 1941, relaxé, il dirige le secteur lyonnais du réseau de renseignements militaires franco-britannique « Alliance ». Quelques mois après son mariage, il est arrêté par la Gestapo ainsi que sa femme qui s'était associée à son action clandestine. Il connaît diverses prisons avant d'être déporté à Buchenwald. Sur le point d'être mère, Madame de Chevigny sera libérée après un long séjour à Fresnes. Le comportement de Pierre de Chevigny lui vaut la Croix de guerre avec deux citations, le grade de Chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur attribuée à titre militaire et la Médaille de la Résistance.

De retour à Colmey il reprend l'exploitation familiale qui avait beaucoup souffert de la guerre et de l'Occupation. Sa réussite, ses compétences et ses intérêts pour les questions agricoles l'amènent à exercer de nombreuses responsabilités : président du comice agricole de Briey, président de la coopérative laitière du bassin de Longwy, il est par ailleurs vice-président de la Chambre d'agriculture.

Parallèlement à sa vie professionnelle et familiale - il aura cinq enfants - Pierre de Chevigny entreprend une carrière politique. Elu maire de Colmey en 1945, réélu en 1947 et en 1953, il se présente aux élections législatives du 17 juin 1951 en troisième position sur la liste des Indépendants paysans et républicains nationaux. Avec 23,6 % des suffrages exprimés elle arrive en tête distançant légèrement le R.P.F. avec lequel elle était apparentée. Malheureusement pour Pierre de Chevigny l'apparentement ne franchit pas la majorité absolue - il réalise un peu moins de 47 % des suffrages - et chacune des listes le constituant n'obtient que deux élus sur les six sièges à pourvoir. Quatre mois plus tard, Pierre de Chevigny conquiert le canton de Longuyon représenté par un communiste. De 1955 à 1958, il sera vice-président du conseil général mais ne retrouvera pas son siège aux élections d'avril 1958. Nettement en tête au premier tour, devant le candidat du Parti communiste, il affronte au second tour un divers gauche arrivé en troisième position pour lequel le candidat communiste s'était désisté. Il est battu de quelques voix.

Aux élections du 18 mai 1952, Pierre de Chevigny est élu au Conseil de la République. S'inscrivant au groupe du Centre républicain d'action rurale et sociale, il siège à la Commission du travail et de la Sécurité sociale pendant toute la durée de son mandat, à celle des boissons en 1952, à celle de la famille en 1953 puis à la Commission du suffrage universel à partir de 1954.

C'est en tant qu'ancien résistant qu'il prononce sa première intervention, le 7 juillet 1953, dans la discussion de propositions de loi qui deviendront la loi du 6 août 1953 portant amnistie. En termes émouvants il relate son engagement et décrit les souffrances qu'il a côtoyées. Favorable au pardon, spécialement pour ceux qui, sans commettre de crimes, n'ont fait qu'obéir aux ordres, il stigmatise les « faux résistants » et demande que l'amnistie ne couvre pas les crimes et délits commis, après 1946, « dans l'esprit de la Résistance ». Deux ans plus tard, le 12 juillet 1955, il s'opposera à ce que les termes « travailleurs déportés » soient substitués aux mots « personnes contraintes au travail » dans le titre de la loi du 14 mai 1951.

Partisan de la réforme de l'Etat, il rapporte devant le Conseil de la République le projet de loi sur le regroupement des dates des élections (20 juillet 1954). Dans le même domaine, il intervient le 8 novembre 1955 sur le projet de loi relatif au renouvellement de l'Assemblée nationale. Il y dépose un amendement instituant le vote obligatoire. Par sa proposition de résolution du 1er mars 1955, Pierre de Chevigny souhaite faciliter l'exercice du droit de dissolution : celle-ci devenant automatique si deux crises ministérielles surviennent dans la période de dix-huit mois suivant les dix-huit premiers mois de la législature.

Enfin, au titre de la Commission du travail et de la Sécurité sociale, il rapporte une proposition de loi tendant à la coordination des régimes de retraite professionnels (8 novembre 1955).

Pierre de Chevigny aurait pu poursuivre sa carrière de sénateur mais le 2 janvier 1956, il est à nouveau candidat aux élections législatives, toujours en troisième position sur la liste d'Union des indépendants et paysans. Arrivé à nouveau en tête, cette fois-ci devant le Parti communiste, elle obtient trois sièges. Le nouvel élu opte pour l'Assemblée nationale.

Apparenté aux Indépendants et paysans d'action sociale puis membre du groupe Paysan d'action rurale et sociale, il siège à la Commission de la famille, de la population et de la santé publique ainsi qu'à celle du travail et de la Sécurité sociale puis à la Commission de la presse. Avec de nouveaux élus il fonde un groupe de jeunes députés rassemblant notamment Valéry Giscard d'Estaing (Indépendant), Jean de Lipkowski (R.P.F.), Christian Bonnet (M.R.P.), Pascal Arrighi (Radical) et Paul Alduy (S.F.I.O.). Pendant cette courte législature, le député de la Meurthe-et-Moselle dépose quatre propositions à caractère social, deux d'entre elles concernent les victimes de la guerre. Le 9 octobre 1956 il prend à nouveau part à la discussion d'une proposition de loi relative à la désignation des personnes contraintes au travail en pays ennemi. Il estime que le titre de déporté doit être réservé à ceux qui ont connu les camps de concentration et condamne l'attitude du Parti communiste à l'égard des requis du S.T.O.

S'il s'abstient volontairement sur l'investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956), il lui accorde les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars) et vote la confiance après l'expédition de Suez (25 octobre). Il ne participe pas au scrutin d'investiture de Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957) mais contribue à sa chute sur les institutions de l'Algérie (30 septembre). Il accorde la confiance à Félix Gaillard lors de son investiture (5 novembre) ainsi que les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 novembre) mais vote contre le gouvernement le 15 avril 1958 (chute du cabinet). En matière européenne, il s'abstient volontairement sur la ratification des traités relatifs à la C.E.E. et à l'Euratom (9 juillet 1957). Dans les dernières semaines de la IVe République, il s'oppose à l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958), à la déclaration de l'état d'urgence sur le territoire métropolitain (16 mai), à la révision de la Constitution (27 mai) avant d'accorder sa confiance au général de Gaulle (1er juin), de voter les pleins pouvoirs et d'approuver la révision constitutionnelle (2 juin).

Ve République

CHEVIGNY (Pierre, Marie de BOISSONNEAUX de)

Né le 3 juin 1914 à Colmey (Meurthe-et-Moselle)

Décédé le 18 octobre 2001 à Colmey (Meurthe-et-Moselle)

Sénateur de la Meurthe-et-Moselle de 1952 à 1956, puis de 1959 à 1974.

Député de la Meurthe-et-Moselle de 1956 à 1958.

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome III, p. 136-137)

Député sortant, Pierre de Chevigny ne se présente pas aux élections législatives de novembre 1958, qui voient le retour au scrutin d'arrondissement. La commune de Colmey, dont il est l'élu, fait partie de la 7e circonscription de Meurthe-et-Moselle : c'est le gaulliste Joseph Nou qui est désigné pour la représenter à l'Assemblée nationale.

Les élections sénatoriales du 26 avril 1959 représentent la dernière étape dans la mise en place des institutions. Pierre de Chevigny décide de solliciter les suffrages des grands électeurs mais n'aborde pas ce scrutin dans les meilleures conditions : il a été défait aux élections cantonales des 20 et 27 avril 1958 par l'UDSR Robert Drapier, ami de François Mitterrand et futur député de Meurthe-et-Moselle sous la cinquième législature. Son association avec le sortant Robert Gravier et le maire de Nancy Raymond Pinchard permet à Pierre de Chevigny de compenser cet échec récent. Leur liste « d'Union des Indépendants et paysans d'action sociale » se présente comme hostile au dirigisme en économie et favorable à une stricte application de la Constitution. Les gaullistes de l'UNR sont représentés à ces élections sénatoriales par une liste que conduit Bernard Guy, premier adjoint au maire de Pont-à-Mousson. La confiance de 888 grands électeurs sur 1 630 permet à Pierre de Chevigny de retrouver le Palais du Luxembourg dès le premier tour de scrutin.

Il rejoint la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat en mai 1959 et y siège jusqu'en 1974. S'il prend peu la parole en séance publique entre 1959 et 1963, Pierre de Chevigny - qui appartient aux groupes se réclamant successivement des Indépendants entre 1959 et 1974 - s'intéresse aux questions nucléaires, sans voir de contradiction immédiate entre les engagements européens de la France et la force de frappe. Ses positions en la matière sont nuancées et très informées. Ayant réfléchi à des projets de construction européenne dès décembre 1945 aux côtés de l'économiste Daniel Villey, le sénateur de la Meurthe-et-Moselle estime, le 7 novembre 1960, « que des réalisations du genre de la force de frappe [...] entraîneront presque obligatoirement des pas en avant vers l'unification européenne ». Ancien partisan de la Communauté européenne de défense (CED), il ne croit plus désormais que l'intégration politique européenne doive précéder tout nouvel équipement militaire sur le vieux continent. Il souhaite pourtant que la force nucléaire puisse à terme devenir commune aux pays d'une Europe unie. En décembre 1964, à l'occasion de la discussion de la loi de programme relative aux équipements militaires, Pierre de Chevigny regrette en outre que le pouvoir gaulliste conçoive la force de frappe comme le moyen d'une prise de distance à l'égard de l'Alliance atlantique. Le sénateur lorrain est choisi comme rapporteur pour avis de la partie « dépenses militaires » du projet de loi de finances pour 1963, et conserve cette responsabilité jusqu'à 1973.

Le 26 septembre 1965, Pierre de Chevigny, qui figure sur une liste d'Union des Indépendants, est confirmé dans ses fonctions de sénateur de la Meurthe-et-Moselle. Il est toutefois le moins bien élu des membres de la Haute assemblée dans son département et n'obtient qu'une majorité relative au second tour de scrutin (749 voix sur 1 716 suffrages exprimés).

Pierre de Chevigny consacre la quasi-totalité de ses interventions au Sénat entre 1965 et 1974 aux questions militaires. En avril 1966, il dépose une question orale avec débat afin d'obtenir des explications sur la participation française à l'OTAN ; le retrait de la France du commandement intégré a été annoncé quelques semaines auparavant. Pierre de Chevigny rappelle à cette occasion qu'il a toujours plaidé pour un dédoublement de l'OTAN sur les deux rives de l'Atlantique, l'arme nucléaire ne pouvant être utilisée qu'après une concertation entre les Etats-Unis et leurs alliés européens. Il reproche au pouvoir gaulliste de faire le jeu de l'URSS en affaiblissant l'Alliance atlantique et de favoriser le réarmement de l'Allemagne en s'engageant dans une démarche de défense « solitaire ». Ses compétences reconnues lui permettent d'accéder à la vice-présidence de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat en octobre 1966. Il y demeure jusqu'en 1972.

Depuis les débuts de la Ve République, le maire de Colmey s'en tient à une attitude d'indépendance critique à l'égard du pouvoir. Il s'abstient sur le projet de loi autorisant le gouvernement Debré à prendre des mesures de maintien de l'ordre en Algérie après la semaine des barricades (3 février 1960), ne prend pas part au vote sur la réforme des régimes matrimoniaux (11 mai 1965) et s'oppose à la contraception médicamenteuse (5 décembre 1967). Rapporteur des projets de lois réformant le service national en juin 1970 et mai 1971, Pierre de Chevigny observe que ces textes reprennent nombre des observations formulées par le Sénat depuis le début des années 1960 : raccourcissement du service, rajeunissement des appelés, égalité réelle en regard des obligations militaires. Il se voit confier plusieurs rapports sur des accords ou des conventions bilatérales entre 1965 et 1974. Atlantiste convaincu, il préside la délégation française des parlementaires auprès de l'OTAN de mai 1972 à mai 1973 et fait partie de la délégation à la XXVIIe session de l'Assemblée générale des Nations Unies fin 1972. Fidèle à ses conceptions en matière stratégique, Pierre de Chevigny préconise que la force de frappe française devienne « un instrument de coopération » et non « un instrument de solitude » lors d'une intervention au Palais du Luxembourg, le 29 mai 1973.

Réélu maire de Colmey en mars 1971, Pierre de Chevigny perd son mandat de sénateur en septembre 1974. Le retrait de Robert Gravier, qui avait conduit la liste des Indépendants en 1959 et 1965, ainsi que la poussée à gauche constatée aux élections municipales de 1971, coûtent leurs sièges à Marcel Martin, maire de Nancy, et à Pierre de Chevigny. Au soir du 22 septembre 1974, la Meurthe-et-Moselle envoie donc siéger trois nouveaux élus au Palais du Luxembourg, dont le centriste Roger Boileau.

C'est vingt-sept ans après avoir quitté le Sénat que l'ancien résistant Pierre de Chevigny s'éteint dans sa commune natale de Colmey.

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