Appartenance politique :
Membre du Groupe socialiste et républicain
État civil :
Né le 21 avril 1937
Décédé le 27 août 2019
Profession :
Professeur d'anglais
Département :
Gironde
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Travaux parlementaires

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République


MADRELLE (Philippe)

Né le 21 avril 1937 à Saint-Seurin-de-Cursac (Gironde)

Décédé le 27 août 2019 à Bordeaux (Gironde)

Député de la Gironde de 1968 à 1980

Sénateur de la Gironde de 1980 à 2019

Philippe Madrelle voit le jour le 21 avril 1937 à Saint-Seurin-de-Cursac, petite commune viticole du Blayais. Titulaire d'un certificat d'études littéraires générales obtenu à la faculté des lettres de Bordeaux, il débute comme instituteur de 1957 à 1960. Il est ensuite professeur d'anglais de 1960 à 1968, exerçant au collège d'enseignement général de Cartelègue puis à celui d'Ambarès, près de Bordeaux, dans le département de la Gironde.

Il s'oriente rapidement vers la vie politique suivant l'exemple de son père Jacques Madrelle, agent des contributions indirectes, militant de la SFIO et maire de Saint-Seurin-de-Cursac de 1947 à 1953. Son frère Bernard Madrelle est député de la Gironde durant vingt-trois ans (1978-1986, 1988-1993, 1997-2007), et maire de Saint-Seurin-de-Cursac puis de Blaye.

D'abord Conseiller municipal SFIO d'Ambarès, de 1965 à 1971, Ph. Madrelle est élu suppléant du député socialiste René Cassagne, en mars 1967. Il lui succède lorsque ce dernier disparaît le 12 novembre 1968.

Plus jeune député de France, il est également élu conseiller général du canton de Carbon-Blanc en 1969. Réélu sans interruption, il siège au sein de l'assemblée départementale jusqu'en 2015. Il est aussi adjoint au maire de Carbon-Blanc de 1971 à 1976, puis maire de cette commune de l'Entre-deux-Mers (1976 - 2001). À trente-neuf ans, Ph. Madrelle devient le plus jeune président de conseil général de France. Il dirige le département de la Gironde de 1976 à 1985 et de 1988 à 2015.

Il est réélu à deux reprises député de la Gironde sous les couleurs du Parti socialiste (PS), qu'il a rejoint dès sa fondation en 1969. Aux élections législatives des 4 et 11 mars 1973, il arrive en tête du premier tour avec 43,49 % des suffrages exprimés, puis est réélu au second tour avec 69,29 % des voix contre 30,71 % pour le candidat de la Majorité, Jean-Pierre Pomade. Aux élections législatives des 12 et 19 mars 1978, le maire socialiste de Carbon-Blanc remporte le second tour après avoir obtenu 41,3 % des suffrages exprimés au premier tour : avec 67,33 % des voix, il bat le RPR Jean-François Korber qui n'obtient que 32,67 %.

À l'Assemblée nationale, il s'inscrit au groupe politique de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste en 1968 avant de rejoindre le groupe socialiste de 1969 à 1980, dont il est également membre du bureau de 1973 à 1976. Siégeant à la commission des affaires culturelles (1968-1976) puis à celle des finances (1976-1980), il est rapporteur spécial, en 1976 et 1977, des budgets des Journaux officiels et du Conseil économique et social, ainsi que de celui de la Légion d'honneur et de l'Ordre de la Libération. Le député girondin est également rapporteur spécial du budget du Tourisme en 1978 et 1979.

L'élu girondin porte une attention particulière à la situation des viticulteurs de son département, qu'il s'agisse de questions financières, des prix de leurs productions ou des calamités naturelles que ceux-ci subissent. En matière de collectivités territoriales, estimant que le département devrait devenir « une collectivité majeure », le député appelle, en décembre 1978, au cours de la discussion du projet de loi modifiant le code des communes et relatif à la dotation globale de fonctionnement, à « casser les ressorts institutionnels de la centralisation », en bouleversant les règles de désignation de l'exécutif du conseil général, en supprimant « la tutelle de l'État » et en renforçant « la légitimité politique de l'assemblée départementale1 ».

À l'Assemblée nationale, Ph. Madrelle prend également la parole à propos du droit syndical dans les entreprises (1968), des travailleurs âgés et des handicapés (1971), de la protection sociale des mères de famille (1974) ou du chômage des jeunes (1975). Il vote contre la loi portant création et organisation des régions en 1972, la loi Veil relative à l'interruption volontaire de grossesse en 1974 et la loi portant réforme du divorce en 1975. Il s'abstient sur la loi Royer d'orientation du commerce et de l'artisanat en 1973.

Fort de son expérience à la tête du conseil général Ph. Madrelle décide, après douze ans de présence à l'Assemblée nationale, d'être candidat aux élections sénatoriales du 28 septembre 1980. Membre du comité directeur du PS durant quatorze ans (1979-1993), il conduit la liste socialiste dans la Gironde qui, en obtenant 965 des 2 219 suffrages exprimés, remporte deux sièges. Ph. Madrelle démissionne de son mandat de député pour entrer au Sénat. De 1981 à 1989, il est également conseiller régional d'Aquitaine. Succédant à André Labarrère, il préside le conseil régional d'Aquitaine de 1981 à 1985.

Il est réélu au Sénat par les grands électeurs girondins en 1989, 1998, 2008 et 2014. La liste du PS qu'il conduit à chaque fois, remporte trois sièges, le 24 septembre 1989 (avec 1 224 des 2 681 suffrages exprimés), le 21 septembre 2008 (avec 1 240 des 3 188 suffrages exprimés) et le 28 septembre 2014 (avec 1 146 des 3 188 suffrages exprimés), et deux sièges le 27 septembre 1998 (avec 1 172 des 2 769 suffrages exprimés).

Membre du conseil national du PS (1990-2003), il s'inscrit au groupe socialiste. Il siège à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1980-2011), avant de rejoindre celle de la culture (2011-2014) puis celle du développement durable (2014-2019).

Il s'investit particulièrement au Sénat dans les débats sur les questions de politique étrangère. Membre suppléant de la délégation française à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, il rapporte en 1990 le projet de loi autorisant l'approbation d'un accord entre la France et l'Agence de coopération culturelle et technique sur le statut de l'École internationale de Bordeaux. Il intervient en séance publique à propos du rôle du président de la République dans la politique étrangère (1982), de l'élargissement de la Communauté européenne à l'Espagne et au Portugal (1983) et du recul de l'influence française dans le monde (2005). Il porte aussi intérêt aux questions de défense, s'exprimant sur l'armement nucléaire tactique français (1983), la construction du Rafale (1986) ou la programmation militaire pour les années 1997 à 2002 (1996).

Le sénateur girondin se fait également le défenseur de la décentralisation. Dans l'éloge funèbre qu'il prononce, en octobre 2019, le président du Sénat, Gérard Larcher, souligne que Ph. Madrelle, « décentralisateur acharné », était, « dans tous les sens du terme, un Girondin2. » Partisan des lois de décentralisation de 1982 et 1983, et avocat de l'échelon départemental, il vote contre la loi de réforme des collectivités territoriales déposée par le gouvernement de François Fillon en 2010. De même, s'oppose-t-il, pendant la campagne sénatoriale de 2014, à la réforme territoriale mise en oeuvre par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui met à ses yeux en péril le binôme département-communes.

Ancien champion universitaire de Gironde de course à pied, il conserve un intérêt particulier pour le milieu sportif et prend, presque chaque année au Sénat, la parole sur le budget de la jeunesse et des sports. Il regrette fréquemment la faiblesse de ces crédits, qui traduit à ses yeux l'absence de politique du sport en France. En 2018, il interpelle le Gouvernement sur les conséquences sur les clubs sportifs de la forte baisse des crédits alloués par le Centre national pour le développement du sport.

Le sénateur de la Gironde évoque également, notamment lors des séances de questions orales à la Haute Assemblée, les sujets qui concernent son département : l'ostréiculture du bassin d'Arcachon (1981), le port de Bordeaux (1982), la fermeture des raffineries d'Ambès et de Pauillac (1985), la réalisation du TGV Atlantique (1989), la sécurité de la centrale nucléaire du Blayais (2012), la viticulture bordelaise (2012) et le grand contournement routier de Bordeaux (2017).

Il approuve la loi portant abolition de la peine de mort en 1981, la loi relative aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage en 1982, la loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre : « De l'Union européenne » (Maastricht) en 1992, la loi constitutionnelle relative à l'égalité entre les femmes et les hommes en 1999, la loi relative à la création de la Banque publique d'investissement en 2012, la loi relative à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme en 2012, la loi pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes en 2014, la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République en 2015 et les cinq lois prorogeant l'application de l'état d'urgence en 2015 et 2016.

Il vote contre la loi Peyrefitte renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes en 1980, la loi relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale en 1993, la loi d'orientation et d'incitation relative à la réduction du temps de travail en 1998, la loi constitutionnelle relative à l'organisation décentralisée de la République en 2002, la loi constitutionnelle de modernisation des institutions de la Ve République en 2008 et la loi constitutionnelle de protection de la Nation en 2016.

Il s'abstient sur la loi Deferre relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions en 1982, la loi relative au revenu minimum d'insertion en 1988, la loi constitutionnelle modifiant le titre XV de la Constitution (Constitution européenne) en 2005, la loi autorisant la ratification du traité de Lisbonne modifiant le traité sur l'Union européenne, le traité instituant la Communauté européenne et certains actes connexes en 2008, la loi généralisant le revenu de solidarité active et réformant les politiques d'insertion en 2008 et la loi autorisant la ratification de la décision du Conseil européen modifiant l'article 136 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne en ce qui concerne un mécanisme de stabilité pour les États membres dont la monnaie est l'euro en 2012. Il ne prend pas part aux scrutins sur la loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet en 2009 et sur la loi interdisant le cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de député ou de sénateur en 2014.

Doyen d'âge du Sénat, il préside le 2 octobre 2017 la séance d'ouverture de la session ordinaire consécutive au renouvellement de la Haute Assemblée. En cette qualité, le sénateur de la Gironde prononce une allocution dans laquelle il fait un éloge appuyé du bicamérisme et du rôle du Sénat. Se référant à Montesquieu, pour qui « le bicamérisme était une condition essentielle de l'équilibre des pouvoirs », il décrit le Sénat comme « l'assemblée de l'approfondissement du travail législatif » et « un lieu de travail serein et sincère, dont la valeur essentielle est le respect : respect des principes de la République, respect du Gouvernement, respect du pluralisme et de la diversité idéologique, et surtout respect des collègues et de leurs expressions ou opinions, en toutes circonstances5. »

Il s'éteint le 27 août 2019 à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Quelques semaines auparavant, le 9 juillet 2019, luttant contre la maladie, il était intervenu une dernière fois au Sénat, lors d'une séance de questions d'actualité au Gouvernement, à propos de la situation des sapeurs-pompiers.

Dans un communiqué du 28 août 2019, le président de la République salue cette figure de la vie politique girondine, qui a manifesté « une fidélité jamais démentie à l'égard de sa famille politique, le Parti socialiste, de son territoire, la Gironde, et de ses habitants6 ».

1 : Journal officiel, comptes rendus des débats de l'Assemblée nationale, séance du 12 décembre 1978, p. 9262.

2 : Journal officiel, comptes rendus des débats du Sénat, séance du 8 octobre 2019, p. 12841.

3 : Journal officiel, comptes rendus des débats du Sénat, séance du 2 octobre 2017, p. 3615.

4 : Ibid.

5 : Ibid.

6 : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/08/28/deces-de-philippe-madrelle

Sources

Archives du Sénat : dossier personnel de sénateur.

Who's Who in France.

Elu le 28 septembre 1980
Réélu le 24 septembre 1989
Réélu le 27 septembre 1998
Réélu le 21 septembre 2008
Réélu le 28 septembre 2014
Fin de mandat le 27 août 2019 (décédé)

Député de la Gironde

Membre de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable
Membre du Groupe socialiste et républicain

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Philippe MADRELLE

Activités parlementaires

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de Philippe MADRELLE

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