Appartenance politique :
Membre du Groupe de l'Union pour la Nouvelle République
État civil :
Né le 17 novembre 1910
Décédé le 9 octobre 1989
Profession :
Préfet
Département :
Guyane
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Travaux parlementaires

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

VIGNON (Robert)

Né le 17 novembre 1910 à Constantine (Algérie)

Décédé le 9 octobre 1989 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines)

Sénateur de Guyane de 1962 à 1971

Robert Vignon voit le jour à Constantine, en 1910. Son père, directeur d'école, est originaire de l'Hérault et a épousé en Algérie une institutrice née dans les Vosges. Robert Vignon poursuit ses études secondaires à Constantine puis à Oran. Il gagne ensuite la métropole et fréquente l'Université de Toulouse. Il travaille comme maître d'internat dans la Ville rose et obtient une licence de droit et une licence de lettres en 1933. Il réussit ensuite le concours de chef de cabinet de préfet. Sa première affectation est à Albi, dans le Tarn. Il y reste en poste de 1934 à 1939. Chef de cabinet du préfet de la Haute-Vienne au moment de la campagne de France, sa carrière se poursuit sous l'Occupation, d'abord en Vendée puis à Orléans, comme directeur de cabinet du préfet de région désigné par Vichy. Il est secrétaire général de la préfecture du Loir-et-Cher à la Libération. Un temps placé en position d'expectative, il retrouve ensuite son rang dans l'administration. De décembre 1945 à juillet 1947, il est chef-adjoint du cabinet du ministre de l'Agriculture François Tanguy-Prigent. Le socialiste Edouard Depreux fait de Robert Vignon le premier préfet de Guyane - le territoire est devenu un département -, à l'été 1947.

Ce poste ultra-marin imprime un nouveau cours à l'existence de Robert Vignon, qui se passionne pour l'avenir de la Guyane. Le département offre un champ d'action très étendu à ce préfet qui se veut bâtisseur et aménageur plus qu'administrateur. Robert Vignon n'a pas 37 ans lorsqu'il s'installe à Cayenne ; il en repart 8 ans plus tard et marque profondément la mémoire locale. De retour en métropole, Robert Vignon effectue un bref passage par le cabinet du ministre de l'Intérieur, au printemps 1955, avant d'être nommé préfet de l'Allier. Il ne reste qu'un an à Moulins et devient préfet de Tizi-Ouzou, en Kabylie, en août 1956. Après les événements du 13 mai 1958, il refuse la soumission du pouvoir civil aux militaires, que le général Salan entend imposer. Il donne l'ordre de faire dresser des barrages sur les routes et d'organiser la défense républicaine, mais se heurte au général Guérin, commandant des troupes en Kabylie. Arrêté, Robert Vignon est transféré au camp d'Aïn-Taya ; il y côtoie notamment l'avocate Gisèle Halimi. L'ordre revient en Algérie avec l'investiture du général de Gaulle, le 1er juin 1958. Libéré, Robert Vignon ne reprend pas son poste à Tizi-Ouzou. Il est mis à la disposition du ministre de l'Intérieur en juillet 1958, puis placé en disponibilité à l'automne.

Robert Vignon entre en politique en novembre 1958, à la faveur des législatives en Guyane. Se réclamant de la gauche, il est néanmoins soutenu par certains élus modérés contre le sortant « gaulliste » Edouard Gaumont. Robert Vignon affronte en outre Justin Catayée, qui a quitté la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) pour fonder le Parti socialiste guyanais (PSG). Au premier tour, le leader du PSG arrive en tête avec 39,18% des suffrages exprimés. Cinq voix séparent Robert Vignon (30,44%) d'Edouard Gaumont (30,38%). Ce dernier refuse de se désister au second tour en faveur de l'ancien préfet de Guyane, ce qui permet à Justin Catayée de l'emporter le 30 novembre 1958. Robert Vignon se présente ensuite aux élections sénatoriales en Guyane, le 26 avril 1959. Il est toujours considéré à l'époque comme un candidat de gauche et arrive en tête du 1er tour avec 33 voix de grands électeurs sur 74. Lors du scrutin décisif, c'est toutefois le gaulliste Georges Guéril qui est élu avec 42 suffrages contre 34 à Robert Vignon.

Ce dernier est nommé chargé de mission au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) l'année suivante. Le canton d'Iracoubo, situé au nord-ouest de Cayenne, le choisit comme conseiller général en juin 1961. Candidat aux élections sénatoriales du 23 septembre 1962, Robert Vignon est, cette fois, élu dès le premier tour, grâce au soutien de 40 grands électeurs guyanais sur 73. Il a bénéficié pour l'essentiel de voix modérées qui ne se sont pas portées sur le sortant Georges Guéril et a subi la concurrence de deux candidats de gauche.

Placé hors cadre en janvier 1963, puis admis à la retraite du corps préfectoral en septembre 1965, Robert Vignon siège donc à la Haute assemblée de 1962 à 1971. Il y rejoint le groupe gaulliste. Membre de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale d'octobre 1962 à octobre 1967, il devient ensuite membre de la commission des affaires sociales du Sénat. Robert Vignon effectue sa première intervention en qualité de rapporteur des projets de lois portant répression des crimes et délits contre la sûreté de l'Etat et instituant une Cour de sûreté de l'Etat. Il rappelle que l'objectif est de créer une « juridiction permanente à laquelle seraient déférés en temps de paix les crimes et délits contre la sûreté de l'Etat » dans le souci de « juguler d'une manière efficace toute tentative de subversion ». Cette juridiction unique, dont le ressort s'étendrait à l'ensemble du territoire national, pourrait également examiner « les infractions à la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées », ainsi que « certaines infractions de droit commun [...] de nature à porter atteinte à l'autorité de l'Etat ». Au terme de son propos, Robert Vignon croit pouvoir affirmer que la commission des lois « propose d'adopter », compte tenu d'un certain nombre d'amendements, les textes en question. Le socialiste Marcel Champeix, membre de cette commission permanente, s'insurge alors contre ce qu'il considère comme un abus de langage du sénateur de Guyane, la commission des lois ne s'étant pas prononcée par un vote sur l'ensemble du texte. Marcel Champeix estime même que, si elle avait été « appelée à voter, elle se fût, dans sa majorité, prononcée contre le texte » (séance du 9 janvier 1963). Robert Vignon défend devant le Sénat un autre texte important à l'été 1966 : il s'agit de mettre fin à l'existence de « deux administrations séparées » depuis le XIXe siècle en fusionnant les corps de la Préfecture de police de Paris et ceux de la police nationale (29 juin 1966). Il est également rapporteur de plusieurs projets de loi « techniques » concernant les fonctionnaires polynésiens ou les modalités du vote pour les Français de l'étranger.

Robert Vignon est convaincu que le problème de la Guyane n'est pas politique, mais économique et social dans les années 1960. Il préconise par exemple de « reprendre de grands travaux d'équipement » à Cayenne (2 février 1963) et précise que « l'effort à entreprendre commence par la zone côtière, zone sur laquelle se trouve pratiquement toute la population » (27 novembre 1963). Il se réjouit à cet égard de « l'installation d'une base spatiale à Kourou » et estime qu'elle va « dans tous les domaines, influer sur le devenir » de la Guyane (14 novembre 1964), voire lui faire gagner « une bonne dizaine d'années » sur le « déroulement normal » de son « plan d'équipement » (17 novembre 1966). Cette opportunité vient en effet compenser le « retard d'équipement considérable » dont souffre un département « terriblement déshérité » (27 novembre 1966). Robert Vignon s'oppose à « la création d'une région antillo-guyanaise » (18 décembre 1968). Il approuve la réforme des régimes matrimoniaux (11 mai 1965) mais ne prend pas part au vote sur la légalisation de la contraception médicamenteuse (5 décembre 1967).

Maire de Maripasoula depuis 1968 - cette commune couvre un territoire de plus de 18.000 km2 -, Robert Vignon ne sollicite pas le renouvellement de son mandat parlementaire le 26 septembre 1971. Il décède en région parisienne, 18 ans après avoir quitté le Sénat. Il avait été décoré de la Croix de guerre 1939-1945 et était officier de la Légion d'honneur.

Elu le 23 septembre 1962
Fin de mandat le 1er octobre 1971 (ne se représente pas)

Membre de la commission des affaires sociales
Membre du Groupe de l'Union pour la Nouvelle République

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Robert VIGNON

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