Alors que la course à l'espace est dominée par une rivalité entre États-Unis et Chine qui laisse peu de place aux autres, l'Europe pourrait bien, avec les ressources spatiales, avoir une nouvelle carte à jouer.

Elle dispose en tout cas d'atouts technologiques et industriels non négligeables, dans un domaine où rien n'est encore joué - à condition toutefois de lever un certain nombre de tabous politiques, de malentendus juridiques et de blocages économiques. La délégation a adopté le rapport le 1er juin 2023.

Pourquoi ce contrôle ?

Extraire les métaux rares des astéroïdes, aller chercher sur la Lune l'helium-3 nécessaire à une fusion nucléaire qu'on ne maîtrise pas encore sur Terre... l'exploitation des ressources spatiales a longtemps relevé du scénario d'anticipation, si ce n'est de la science-fiction.

Avec la relance inédite des grandes ambitions spatiales et la perspective d'un retour rapide sur la Lune, prélude au voyage vers Mars, l'enjeu est soudain devenu très concret et très immédiat : il faudra bien, une fois sur place, maîtriser les technologies permettant de produire, à partir des ressources locales, de l'oxygène pour l'équipage, du carburant pour le retour, voire de quoi construire une base au sol, réparer des équipements ou même cultiver des plantes.

De nombreux projets ont déjà été lancés dans le monde, soutenus par des États qui en ont compris l'importance stratégique, et des entreprises qui y voient un nouveau modèle économique.

Quels constats et recommandations ?

Après avoir entendu plus d’une cinquantaine d’experts – ingénieurs, juristes, entreprises, agences et administrations, etc. –, la mission a présenté ses conclusions, dont ressort une conviction : l’exploitation des ressources spatiales n’est pas le rêve d’un futur lointain, c’est un défi technique d’aujourd’hui, un secteur économique de demain, et aussi un puissant levier d’autonomie stratégique. Contrairement à la Chine et aux États-Unis, l’Europe n’en a clairement pas assez pris conscience.

Nous ne devons pas laisser passer notre chance, d’autant que nous ne manquons dans ce domaine ni d’avantages technologiques, ni d’acteurs dynamiques. Pour cela, le rapport formule deux propositions générales :

  • assumer une stratégie européenne en matière d’exploitation des ressources spatiales, ce qui suppose d’abord de le dire, en affrontant les nombreux préjugés qui entourent le sujet, puis de s’y tenir ;
  • adapter sans perdre de temps le cadre juridique national et européen afin de permettre à de nouveaux modèles économiques d’émerger.

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