Mission commune d’information
sur le fonctionnement des dispositifs de formation professionnelle
Déplacement à Marseille
I. L’expérience Défi jeunes à la Mission locale de Marseille
Participants : M. Charles GARIBIAN, Directeur Général de La Mission Locale de Marseille, M. Marco CALEGARI, Directeur des Ressources Humaines de La Société Générale, M. Hassane Bouod, Elu à la Chambre de Commerce, Madame Chafia Natouri, Directrice du pôle Emploi Formation et Insertion CCIMP, M.Christian Perrier, Directeur à l'emploi et à l'insertion CCIMP, Mme Christine TEZARIS, Directrice du groupe école pratique CCIMP, Mme Nathalie GONZALEZ, Conseillère emploi et Responsable Formation PRF, Mme Samira AGEM, Chargée de projet Mission Locale de Marseille, M. Jean-Claude ROYANNEZ, tuteur du jeune Abdeljalil SPIGA au sein de l'agence Société Générale d'Aubagne, Chérine BOUAZA,Conseillère d'insertion socio-professionnelle dans le cadre du CIVIS Mission Locale de Marseille et les stagiaires de l’expérience « Défi jeunes » ainsi que les jeunes stagiaires.
1. Présentation du projet : « donner envie aux jeunes de faire un pari professionnel » dans le secteur de la vente.
Dans le cadre du Contrat d’Insertion dans la Vie Sociale (CIVIS) confié par l’État, la Mission locale de Marseille (MLM) s’est engagée à accompagner 2 000 jeunes en difficulté vers un emploi durable. Cet accompagnement est personnalisé et renforcé en faveur des jeunes sans qualification (niveau VI et V).
L’attention de la mission sénatoriale a été attirée sur l’expérimentation suivante : un établissement de crédit, la Société Générale, s’est mobilisé au travers du projet intitulé « Défi Jeunes » en prenant l’engagement de recruter douze jeunes sans qualification et à les former au métier de chargé(e) d’accueil.
Pour réaliser cet objectif, la mission locale a construit avec cette entreprise un parcours de formation en alternance d’une durée de quatre ans, permettant l’acquisition des compétences et l’obtention des diplômes (BEP Vente, bac professionnel commerce, BTS NRC).
Le financement du projet est assuré par le Conseil régional et la Société Générale.
60 jeunes ont été présélectionnés par la mission locale, 17 ont été présentés par la Société Générale et 12 jeunes (3 garçons et 9 filles) ont été sélectionnés pour ce parcours comportant quatre étapes pédagogiques :
Phase 1 : | un BEP Vente Action marchande en 8 mois (octobre 2006-mai 2007) au sein de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence au titre de la commande publique régionale de formation 2006-2007. Cette phase incluse des périodes d’alternance au sein de la Société Générale. |
Phase 2 : | un baccalauréat professionnel vente (juillet 2007-juillet 2008). |
Phase 3 : | un BTS Négociation Relation Clientèle (juillet 2008-juillet 2010) dans le cadre du programme régional d’apprentissage. |
Phase 4 : | obtention d’un CDI chargé(e) d’accueil au sein de la Société Générale. |
2. Le dialogue entre les acteurs de ce projet, les stagiaires et les parlementaires de la mission a fait ressortir plusieurs enseignements.
L’évolution démographique accroît les besoins de formation professionnelle.
On constate aujourd’hui en Région PACA et, plus généralement en France, une certaine pénurie de main d’œuvre dans le secteur de la vente. En même temps, le vieillissement de la population active conduit les entreprises à anticiper le départ de ses salariés âgés.
La motivation des jeunes est la « pierre angulaire » de l’efficacité des dispositifs
Le « Défi jeune » constitue, dans ce contexte, en partenariat avec l’entreprise une expérimentation qui vise à « donner envie de faire un pari professionnel » à des jeunes en difficulté. La « clef d’entrée » de ce dispositif est la motivation et ce facteur fondamental est soigneusement vérifié. A ce titre, il a été souligné que les candidats à ce parcours ont fait preuve, au cours des entretiens, d’une franchise et d’un naturel qui a conduit l’entreprise à augmenter sa prévision de recrutement initiale. L’insertion est une affaire de conviction et de confiance réciproque.
Cette motivation est liée à la garantie d’embauche en cas de succès.
La filière complète, qui va du BEP au BTS, dure 4 ans, à raison d’environ 1 200 heures par an (selon un rythme de 3 jours de formation scolaire et deux jours dans l’entreprise par semaine). Le futur employeur s’engage, en cas de succès, à recruter les stagiaires en CDI ou à transformer l’intégralité des CDD en CDI : cet engagement fort d’une entreprise constitue le pilier du partenariat. La « soif d’accès au monde professionnel » des stagiaires ne doit pas pour autant les conduire à négliger les cours.
La région joue un rôle majeur dans l’orientation de la formation vers les besoins sectoriels.
Le conseil régional a un rôle d’initiative et d’orientation essentiel et procède à des appels d’offres pour des formations adaptées aux besoins sectoriels: la banque ces dernières années et le tourisme l’année prochaine. Le Conseil général intervient pour dans le cadre de l’insertion des rmistes.
La tendance des entreprises à privilégier le recrutement des diplômes ou des surdiplômés se vérifie sur le terrain.
Les entreprises ont tendance à recruter au niveau BTS, notamment dans le secteur de la vente, même si on peut être un excellent vendeur en possédant un BEP. Les entreprises ne recrutent plus au niveau CAP, qui ne suffit pas pour une formation, même basique. Arrêt du BEP secrétariat.
« On s’ennuie depuis la classe de sixième »
Grâce à de tels dispositifs, certaines situations d’échec se révèlent finalement être une chance. Le succès de ces parcours qui apportent une nouvelle chance aux jeunes amène à poser, en amont, le problème de l’orientation. Certains élèves expriment leur ennui et leur « fatigue » scolaire, ne trouvant pas de « but » suffisamment concret dans l’enseignement général. En même temps, ils redoutent l’orientation et la spécialisation trop précoce. Il est souhaitable de mieux impliquer les acteurs de l’orientation que sont les parents pour éviter de s’engager dans des filières inadaptées.
Conjuguer l’alternance, qui répond au besoin de « sécurité sociale professionnelle », en préservant la liberté de choix des jeunes qui redoutent l’enfermement dans une spécialisation excessive.
L’éducation nationale, qui a parfois des difficultés à reconnaître ses échecs, évolue à l’égard du monde du travail : l’entreprise n’est plus guère « diabolisée » mais l’« intelligence de la main » est insuffisamment reconnue. Il convient de revaloriser les bourses scolaires et l’aide aux jeunes.
II. Visite de Marseille Direct Emploi
(Photos Ville de Marseille-DR)
Le Forum Marseille Direct Emploi s’est déroulé au cours de la journée du 14 mars 2007.
« Parce qu’une rencontre directe avec un employeur reste la meilleure opportunité pour accéder à un poste, la Ville de Marseille soutient depuis plus de 7 ans le Forum Jobs qui met en relation directe les employeurs phares de la Ville et des candidats potentiels.
Cette année, plus de 5000 offres d’emplois en CDD, CDI ou contrat d’apprentissage sont proposées par plus de 90 entreprises. Afin d’améliorer le succès des rencontres et favoriser l’adéquation entre l’offre et la demande, le Forum Marseille Direct Emploi propose pour la première fois des outils d’aide à la préparation des candidats :
- un site Internet permettant aux candidats de consulter les offres d’emplois du Forum et d’obtenir des renseignements sur les entreprises présentes :
www.marseilledirectemploi.info
- un partenariat avec l’APEC, l’ANPE et les sites Internet spécialisés pour multiplier les candidats potentiels ;
- une présélection des candidats par les équipes d’accompagnateurs à l’emploi de la Mission Locale de Marseille pour positionner les candidats en adéquation avec les offres. »
III. Visite de l’École de la Deuxième Chance
M. Lionel URDY, directeur général de l’École de la Deuxième Chance, accompagné de M. Max DELFINO, directeur pédagogique, et de Mme Lucile DEBAILLE, directrice du pôle entreprise a présenté l’établissement et répondu aux questions des membres de la mission d’information.
Un projet d’origine européenne qui connaît aujourd’hui un développement rapide
Les Écoles de la deuxième chance (E2C), qui visent à lutter contre l’exclusion, sont l’une des initiatives européennes proposées dans le Livre Blanc « Enseigner et apprendre : vers une société cognitive », présenté par Mme Edith Cresson en décembre 1995, et adopté par les ministres de l’éducation des Etats membres de l’Union européenne. La ville de Marseille s’est, dès juillet 1995, portée candidate à l’organisation de la première école de la deuxième chance en Europe avec le soutien de toutes les collectivités locales environnantes.
Cette initiative répond à une nécessité qui n’a cessé de croître. Dans la zone métropolitaine marseillaise, plus de 4000 jeunes sortent chaque année sans diplôme et sans qualification reconnue du système d’enseignement initial.En France, les jeunes sont particulièrement touchés par le chômage : le taux d’emploi des personnes de 18 à 25 ans est parmi les plus bas d’Europe et la situation des jeunes vivant dans les quartiers s’est régulièrement et constamment dégradée depuis plusieurs années.
Principes de fonctionnement : « ne pas refaire ce qui a conduit les jeunes à l’échec scolaire ».
Le fonctionnement des écoles de la deuxième chance repose sur trois grands principes :
- renforcer la prise en compte de la situation sociale des stagiaires et de leur sentiment d’exclusion;
- associer dès le départ les entreprises à l’effort de formation;
- utiliser des pédagogies actives.
Chaque école de la 2eme chance doit cependant s’adapter à son territoire et à son environnement institutionnel et économique afin de mobiliser tous les acteurs qui adhèrent à ses principes fondateurs.
Trois conditions essentielles déterminent la réussite du projet :
- les jeunes qui s’engagent dans le dispositif doivent être volontaires et devenir acteurs de leur insertion ;
- les écoles de la deuxième chance accueillent les jeunes tels qu’ils sont, sans autre critère que leur motivation ; elles développent une pédagogie basée sur l’individualisation, la dynamique collective, et la réussite personnelles ;
- le rôle déterminant et l’implication des entreprises dans le projet des écoles de la deuxième chance.
Le réseau des écoles de la deuxième chance s’est étoffé
A ce jour, près de 40 écoles de la deuxième chance ont été créées en Europe.En France, 14 écoles sont en activité, crées et soutenues par les conseils régionaux, les conseils généraux, les villes et communautés d’agglomération, les organismes consulaires. Certaines écoles disposent de plusieurs « sites, antennes ou opérateurs décentralisés » ce qui porte à près de 30 le nombre d’établissements en opération. De nouveaux projets sont en cours de développement, au sein de la région Ile-de-France, en Bourgogne, en Auvergne, en Loire-Atlantique, en Guadeloupe et en Martinique.
La démarche de mutualisation de leurs pratiques a conduit ces écoles à rédiger une « Charte de principes fondamentaux des écoles de la deuxième chance en France ».
Les parcours sont fondés sur l’alternance et l’individualisation : le dispositif repose sur la présence soutenue des adultes.
La durée du parcours au sein de l’école de la deuxième chance n’est pas limitée. La sortie de l’école peut intervenir au terme de 6 mois pour certains, au terme de 24 mois pour d’autres, le temps d’acquérir les savoirs et les compétences nécessaires pour une insertion professionnelle réussie. Le parcours-type est de dix mois ; en pratique, sa durée moyenne avoisine sept mois.
Les écoles de la deuxième chance s’inspirent notamment des expériences des « accelerated schools ». L’alternance en entreprise qui intervient dès les premières semaines d’entrée à l’école, est gérée de manière progressive afin d’éviter de déstabiliser les élèves ainsi que les entreprises d’accueil. Les formateurs mesurent les acquis des élèves en assurant un suivi et une évaluation permanente des jeunes entre chaque période en entreprise. La confrontation directe avec le monde du travail constitue un principe de réalité indispensable pour structurer le projet professionnel.
La période d’intégration du jeune est déterminante. Dès son entrée, il est invité à réaliser un bilan pour faire émerger l’ensemble des compétences qu’il possède. Un travail est ensuite mené pour construire un ou plusieurs projets professionnels.
L’individualisation se traduit par des enseignements en groupes réduits ; chaque élève bénéficie en outre d’un suivi assuré par un « référent » unique. En moyenne, on compte un enseignant pour 12 à 15 élèves.
Les formateurs sont des salariés sous contrat de droit privé dont la durée du travail est de 39 heures par semaine et qui se caractérisent par leur polyvalence.
Tout jeune devient stagiaire de la formation professionnelle
Sa rémunération varie, selon sa situation familiale, entre 300 et 600 euros
L’usage des technologies de l’information et de la communication et la maîtrise du socle de base.
L’apprentissage des technologies de l’information et de la communication (TIC), du multimédia et d’internet représente un puissant levier de motivation et de valorisation des élèves. La maîtrise des TIC est un vecteur d’ouverture sur le monde, d’autonomie et d’autoformation à travers l’utilisation de logiciels adaptés.
Compte tenu de l’utilisation TIC dans le monde du travail, il est, en outre, capital de prévenir les nouvelles formes « d’analphabétisation » : l’enseignement délivré pour la maîtrise du socle de base (lire, écrire, compter) s’inspire des ateliers pédagogiques personnalisés (APP).
Les résultats
L’école a accueilli plus de 410 stagiaires pour la seule année 2006, le nombre d’inscriptions n’ayant cessé d’augmenter depuis 2002. Au total, près de 2500 jeunes adultes ont été stagiaires de l’école de la 2e chance de Marseille depuis sa création.
Les stagiaires de l’école de la 2e chance regroupent 55 % d’hommes et 45 % de jeunes femmes ; à la date de leur entrée, leur âge moyen est d’un peu plus de 20 ans et ils ont quitté l’éducation nationale depuis environ 3 ans ; plus de 90 % des stagiaires entrés en 2006 habitent Marseille, 55 % proviennent des quartiers « Nord » et près de 23 % habitent le territoire d’Euroméditerranée ; 91 % des stagiaires entrés en 2006 sont français et 12 nationalités sont représentées.
Plus de 1700 entreprises, majoritairement très petites ou petites, sont partenaires de l’E2C : localisées principalement à Marseille, elles embauchent et accueillent des stagiaires dans plus de 100 métiers différents : l’éducation, la santé, l’action sociale, le commerce, les services et la construction sont les activités les plus représentées. Cette structure reflète une stratégie centrée sur l’accès à l’emploi puisque les principaux secteurs partenaires sont aussi ceux qui proposent le plus grand nombre d’emplois aux jeunes adultes sans qualification : hôtellerie restauration, commerce, grande distribution, bâtiment et travaux publics.
Le coût moyen d’un stagiaire est inférieur à celui d’un collège (moins de 7000 € par an). Un projet d’hébergement est en cours de réalisation.
On recense plus de 60 % de sorties « positives » et 66 % d’accès à l’emploi pour les 1600 stagiaires sortis d’avril 1998 à fin 2006.
En 2006, l’école a engagé la phase expérimentale d’extension de ses activités, dont l’objectif est le quadruplement de ses capacités d’accueil. En effet, sur les 4500 jeunes qui quittent le système scolaire sans diplôme à Marseille, 1500 jeunes par an environ relèvent du dispositif de l’E2C.
IV. Initiative Alphabétisation technique
Mme Marie-Pierre DI LEO, responsable régionale PACA Corse du FARE (Fonds d’action pour la réinsertion et l’emploi)et M. Rashid SOLAIMANI , directeur de l’Association Provençale de Culture et Enseignement Populaire (ASPROCEP).
Une opération expérimentale de formation linguistique et technique destinée aux demandeurs d’emplois dans le secteur de la propreté a ensuite été présentée à la mission d’information.
Le constat de la branche professionnelle de la propreté, représentée par la Fédération des Entreprises de Propreté et Services Associés (FEP), est celui d’un décalage croissant entre les exigences requises pour les métiers proposés et le faible niveau des demandeurs d’emploi souhaitant assurer une fonction dans la filière de la propreté.
Une initiative de la branche professionnelle co-financée par les pouvoirs publics.
Le Fonds d’Action pour la Réinsertion et l’Emploi (FARE), développe, au sein de cette branche professionnelle, les actions visant à satisfaire les recrutements des entreprises et le placement des demandeurs d’emploi. Cette structure spécifique à la branche de la propreté est financée par une cotisation des entreprises (indépendante des contributions consacrées à la formation professionnelle) représentant 0,15% de leur masse salariale. En partenariat avec le conseil général des Bouches-du-Rhône et la direction régionale du travail, pour la rémunération des stagiaires, le FARE co-finance une formation pilote « pré-qualification propreté » organisée par l’Association Provençale de Culture et Enseignement Populaire (ASPROCEP). Le financement du conseil général est conditionné par la présence d’au moins 50% d’allocataires au RMI.
« Apprendre le français à partir du langage professionnel » en se fondant sur les besoins de formation que rencontre le stagiaire dans l’entreprise.
Il s’agit d’améliorer le potentiel d’initiative et l’employabilité des publics qui souhaitent accéder à un emploi au regard des besoins et des ressources du secteur professionnel de la propreté.
Le projet présenté aux parlementaires prévoit d’améliorer l’efficacité du parcours des stagiaires en concentrant les heures passées en entreprise dans la phase initiale de la formation afin de développer et élargir le potentiel d’employabilité des stagiaires et en renforçant leur accompagnement individuel, social et professionnel.
Des précisions sur l’objectif final de la formation ont été apportées à la mission sénatoriale: il ne s’agit pas d’une formation linguistique au sens « généraliste » du terme, ni même d’une qualification technique, mais d’une action visant à apporter à des futurs agents polyvalents du secteur de la propreté, une représentation réaliste du domaine professionnel au moyen :
- d’un apprentissage linguistique axé sur les connaissances de base requises pour intégrer un poste de travail ;
- et de périodes de stages pratiques permettant une immersion dans le milieu professionnel choisi.
L’interaction entre les savoirs de base techniques et linguistiques a facilité l’embauche.
Un premier bilan effectué à Marseille à partir de 30 parcours a permis de faire ressortir les effets bénéfiques d’une telle formation : 70% des stages ont débouché sur un contrat de travail à durée indéterminée, au moins à temps partiel, ou sur un C.D.D. : les stagiaires bénéficient dans cette hypothèse d’un suivi personnalisé pendant les trois premiers mois de leur emploi. 30% se sont réorientés ou n’ont pas poursuivi l’expérience pour des raisons de santé ou d’évènements familiaux.
Dans le secteur de la propreté, les emplois sont souvent à temps partiel et à horaires décalés : la branche professionnelle développe un projet tendant notamment à « acclimater » l’entretien des bureaux pendant la journée et non pas exclusivement avant ou après la fermeture des établissements.
V. L’Association de la Gestion de la Formation des Salariés des petites et moyennes entreprises (AGEFOS-PME) de Provence-Alpes-Côte d'Azur.
M. Philippe MORO, Président ( collège salarié), M. Gérard MOUROUX administrateur (collège employeur), M. Didier ANTONIOLE, Directeur Régional, et Mme Lisette FRECCERO, chargée du service d’études et projets.
L’organisation de la collecte des fonds de la formation professionnelle s’appuie, en France, sur un réseau de cent organismes paritaires collecteurs agrées (OPCA) : 98 OPCA de branches et deux réseaux nationaux interprofessionnels (24 OPCAREG Organisme Paritaire Collecteur Agréé REGional, et l’AGEFOS –PME).
L’Association de la GEstion de la FOrmation des Salariés des petites et moyennes entreprises (AGEFOS-PME) est, au plan national, le premier organisme gestionnaire des fonds de la formation professionnelle (284 000 entreprises cotisantes et 720 millions d'euros collectés au titre de l'exercice 2005).
Une activité fondée sur le respect de la liberté de choix de l’entreprise en matière de formation et la surveillance des éventuelles dérives.
La délégation régionale en Provence-Alpes-Côte d'Azur, l’AGEFOS PME PACA a résumé, en quelques chiffres, à la mission sénatoriale son activité au cours de l’année 2006 :
- 22 300 entreprises adhérentes, dont 20 000 de moins de 10 salariés ;
- 203 000 salariés couverts ;
- et une collecte globale de 45 millions d’euros et 47 millions d’investissement de formation couvrant 29 500 actions financées par an pour 49 000 stagiaires et 2 970 000 heures de formation.
En région PACA, AGEFOS travaille avec 4000 organismes de formation, sur un total qui avoisine 80 000 au plan national.
L’AGEFOS PME PACA a ensuite précisé les principes qui guident son action : elle exerce son devoir de conseil tout en s’efforçant de préserver le libre choix des entreprises. Son rôle de surveillance consiste à éviter les dérives et, en particulier, les surfacturations ainsi que la désorganisation pédagogique. Cette mission se traduit concrètement par un certain nombre de procédures judiciaires.
La nécessité d’un effort de structuration de certains réseaux – celui des Groupements d'établissements publics locaux d'enseignement (GRETA), de l’Association nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes (AFPA), et le réseau consulaire – pour apporter des offres de formation sur l’ensemble du territoire régional a été soulignée.
L’AGEFOS PME PACA a ensuite noté une montée en puissance progressive du nouveau droit individuel à la formation (DIF) : 400 ont été financés en 2005, 3000 en 2006 et les prévisions pour 2007 sont de l’ordre de 8000 à 9000. Le DIF, initialement porté par les partenaires sociaux constitue un instrument d’amélioration des ressources humaines et peut permettre de développer des formations à l’entretien professionnel.
L’expérimentation de lutte contre l’illettrisme conduite dans le Pays d’Arles
De façon générale, plus de 10 % de la population française serait en situation d’illettrisme : le sujet est trop souvent tabou et constitue un frein à l’évolution professionnelle. Les conseillers en formation professionnelle doivent être sensibilisés à cet enjeu pour que les salariés osent plus volontiers évoquer cette difficulté dans l’entreprise et se porter candidats à des sessions d’une durée de 120 heures en moyenne, envisageables, à terme, dans le cadre du droit individuel à la formation (DIF).
En 2006, des actions de remise à niveau et de maîtrise des savoirs de base dans les moyennes, petites et très petites entreprises de la région PACA ont été conduites. Le bilan chiffré est le suivant :
- 25 entreprises et 144 stagiaires y ont pris part ; 63 % des stagiaires étaient employés par des entreprises de plus de 50 salariés et 56 % par des entités comprenant entre 10 et 49 salariés ; le secteur d’activité qui utilise le plus le dispositif est le secteur sanitaire et social ( 52 % des stagiaires) ;
- 6512 heures stagiaires ont été financées, la durée moyenne du parcours étant de 46 heures ; le coût pédagogique global s’élève à 83 990 € soit un coût horaire de 12,90 €.
Certains organismes de formation ont des pédagogues particulièrement compétents ; cependant, il convient de souligner la nécessité de travailler en relation avec les besoins des salariés et de leur apporter les outils permettant notamment de maîtriser les consignes de sécurité et les fiches de postes.
Une extension de la démarche de lutte contre l’illettrisme à partir de l’expérience d’Arles est en voie de réalisation.
VI. Fédération Nationale des Unions Régionale des Organismes de Formation (UROF)
Roland BOURGLAN, Président a présenté la Fédération Nationale des Unions Régionales des Organismes de Formation.
Fondée en 2000, elle regroupe onze unions régionales et représente plus de deux cent trente organismes de formation. Ceux-ci sont principalement impliqués dans les actions de lutte contre l’exclusion et donc majoritairement financées par des fonds publics : ces organismes adhérents à l’UROF interviennent ainsi largement dans le cadre de la commande publique de formation.
Avec la mise en œuvre, depuis 2001, du nouveau code des marchés publics, l’achat public de formation est passé d’une logique de subvention à des associations offreuses de formation à l’achat de prestations à des offreurs de services.
Selon la Fédération Nationale des Unions Régionale des Organismes de Formation, d’une part, l’intégration de l’ensemble des actions de formation dans le champ des marchés publics ne résulte pas d’une exigence européenne, et d’autre part, l’application du code des marchés publics a un « impact dramatique » dans le domaine des formations qui s’adressent à des publics en difficulté sociale.