- Naissance :
- 10 novembre 1751 - Souilly (Meuse)
- Décès :
- 24 février 1816 - Paris
- Profession ou qualité :
- Juge
- Autres mandats :
- Député de la Convention, député du Conseil des Cinq-Cents
Membre du Conseil des anciens du 6 brumaire an IV au 30 Floréal an VI
HARMAND (JEAN-BAPTISTE), membre de la Convention, député au Conseil des Anciens et ; au Conseil des Cinq-Cents, né à Souilly (Meuse) le 10 novembre 1751, mort à Paris le 24 février 1816, entra au séminaire qu'il quitta pour étudier le droit, puis servit quelque temps au régiment de Vivarais-infanterie, passa aux Indes, y fit la guerre, et ne revint qu'on 1787 à Bar-le-Duc, où il se fit avocat. Juge de paix au début de la Révolution, il se déclara pour les idées nouvelles, et, le 7 septembre 1792, fut élu membre de la Convention par le département de la Meuse, le 8e et dernier, avec 85 voix sur 169 votants. Son attitude dans l'Assemblée fut sujette à quelques variations. C'est ainsi que lors du procès du roi, il rejeta d'abord l'appel au peuple ; puis, sur la question de la peine, il opina avec les plus modérés en disant : « Je vote pour le bannissement immédiat. » Enfin il se prononça contre le sursis. Envoyé, en août 1793, en mission à l'armée de la Moselle, puis dans la Charente le 14 octobre 1793, pour la réquisition des chevaux, il constata que, « dans ce département, l'esprit public avait été livré à la fatale oscillation du royalisme et du fédéralisme, et que les habitants des campagnes disaient qu'il valait autant avoir affaire au roi d'Angleterre qu'à un autre. » Siégeant à la Plaine, Harmand resta étranger aux débats des Girondins et de la Montagne, se fit oublier jusqu'à la chute des Jacobins, et figura ensuite parmi les plus zélés partisans de la réaction thermidorienne. Devenu membre du comité de sûreté générale, il poursuivit les sociétés populaires, parla sur « L'épuration » des autorités constituées, et dénonça les « continuateurs de Robespierre ». Il pressa l'organisation de la police et applaudit à la répression de l'insurrection de prairial an III. En l'an IV, il combattit la réunion de la Belgique à la France, en la représentant comme impolitique, dangereuse et contraire au vœu des Belges, Le 21 vendémiaire de la même année, Harmand fut élu, par 243 voix (258 votants), député de la Meuse au Conseil des Cinq-Cents. Devenu secrétaire de la nouvelle assemblée, il fit tous ses efforts pour se ménager la faveur de la majorité que les élections récentes avaient fait passer du côté des clichyens, appuya les mesures contre-révolutionnaires, et, dans un rapport dont il fut chargé sur la situation des fugitifs des Haut et Bas-Rhin, attaqua vivement les actes des représentants précédemment envoyés en mission dans ces départements, Cependant, aux approches du 18 fructidor, sentant que la fortune tournait contre le parti royaliste, il l'abandonna pour revenir au Directoire, qui le désigna pour secrétaire dans cette fameuse journée. Sorti du Conseil des Anciens en 1798, il reparut un an après, le 25 germinal an VII, au Conseil des Cinq-Cents, toujours comme député de la Meuse, se prononça contre la liberté de la presse, et se montra favorable au coup d'État de brumaire. Il fut récompensé de son adhésion par la préfecture du Haut-Rhin, d'où il passa à celle de la Mayenne. Membre de la Légion d'honneur en 1804, il exécuta docilement les ordres du gouvernement impérial, et s'associa sans réserves à la politique napoléonienne, ce qui ne l'empêcha pas de publier, en 1814, sous la Restauration, une brochure intitulée : Anecdotes relatives à quelques personnages et à plusieurs événements remarquables de la Révolution, et qui était destinée à appeler sur sou auteur la bienveillance du pouvoir royal : « L'aurore d'un jour plus prospère et plus juste, y était-il dit, vient de luire pour la France; c'est sous ses auspices tutélaires que je livre aujourd'hui ces anecdotes à l'impression. Mon intention n'est pas de troubler les délicieuses jouissances du moment par des souvenirs déchirants, et lorsque la magnanimité du prince offre et garantit l'oubli du passé, je serais bien coupable si je cherchais à alarmer la confiance. » On petit juger, d'ailleurs, du degré de créance que méritaient ces anecdotes par celle qui a trait à Robespierre : Harmand raconte que ce dernier aurait été proposé en 1791 pour gouverneur du prince royal, et que Louis XVI, sur les instances de Mme de Lamballe, était tout prêt à l'accepter, lorsque la reine déclara qu'elle ne pouvait se résoudre à confier son fils à « un tel monstre! » La perte de ses fonctions avait réduit Harmand à la misère ; il n'en souffrit pas longtemps, étant mort au commencement de 1816.