Naissance :
1752 - Saint Julien-de-Concelles (Loire-inférieure)
Décès :
1814 - Saint Julien-de-Concelles (Loire-inférieure)
Profession ou qualité :
Avocat, procureur-général syndic

Membre du Conseil des anciens du 1er Prairial an VII au 18 brumaire an VIII

LETOURNEUX (FRANÇOIS-SÉBASTIEN), ministre et député au Conseil des Anciens, né à Saint Julien-de-Concelles (Loire-inférieure) en 1752, mort à Saint-Julien-de-Concelles en 1814, était avocat avant la Révolution. En 1791, il devint procureur-général syndic du département de la Loire-inférieure, Letourneux n'avait pas d'autres antécédents politiques, et n'était même jamais venu à Paris, lorsque, le 28 fructidor an V, il fut appelé au ministère de l’Intérieur ; il occupa cette fonction jusqu'au 30 messidor an VI. Il rédigea plusieurs circulaires assez importantes : sur la reproduction des bois, sur la nécessité d'organiser les institutions républicaines, sur l'emploi des nouveaux poids et mesures, sur l'instruction publique, sur la célébration de la fête de l'agriculture, sur les fêtes nationales en général, etc. Il se montra d'ailleurs, dans ces hautes fonctions, assez gauche et fort emprunté. Les mémoires du temps rapportent que sa femme disait : « Nous mangeons le fricot dans de la poterie de Sèvres. » Placé ensuite dans l'administration de l'enregistrement et des domaines, il la quitta en mars 1799, et fut élu à cette époque (27 germinal an VII) député de la Loire-inférieure au Conseil des Anciens. Il y vota le rejet de la résolution sur la liberté civile et politique, appuya celle qui avait trait aux émigrés naufragés à Calais, fit fixer les dépenses du ministère de l'Intérieur pour l'an VIII, fit appliquer à la Loire-inférieure la loi des otages et donna des détails sur l'attaque de Nantes par les Chouans, Soit opposition au coup d'État du 18 brumaire l'empêcha de faire partie du nouveau Corps législatif mais il se rallia vite an fait accompli et fut nommé, le 12 floréal an VIII, juge au tribunal d'appel du département d'Ille-et-Vilaine, titre qu'il échangea, le 14 avril 1811, contre celui de conseiller à la cour impériale de Rennes. « Letourneux, écrivaient les auteurs de la Biographie nouvelle des Contemporains, est un homme de mérite dont la conduite politique a été constamment sage et mesurée, et qui a laissé les souvenirs les plus honorables dans ses différents emplois. » Si l'on en croit les biographies et les journaux de l'époque, cet ancien ministre aurait été pendant longtemps, par ses naïvetés, le sujet des conversations des premiers cercles de la capitale. Dinant un jour chez le citoyen Talleyrand, alors comme lui ministre du Directoire, Talleyrand, qui savait que ce jour même son collègue avait été visiter le jardin des Plantes, lui demanda s'il avait vu Lacepède, qui dans ce temps y était logé comme administrateur de l'établissement. « Non, répondit naïvement le ministre de l'Intérieur, mais j'ai vu la girafe. » Des éclats de rire apprirent, au bon Letourneux l'étrange erreur dans laquelle il était tombé. Ce fait est fort plaisant sans doute, mais malheureusement il est controuvé. Les savants et les gens de lettres se vengèrent par le ridicule, de l'indifférence que le ministre des sciences et des arts affectait pour cette brillante partie de la gloire française. »