Naissance :
1er avril 1745 - Beausset (Var)
Décès :
25 août 1807 - Paris
Profession ou qualité :
Magistrat
Autres mandats :
Député aux Etats de Provence

Membre du Conseil des anciens du 6 brumaire an IV au 30 Floréal an VI

PORTALIS (JEAN-ETIENNE-MARIE), député au Conseil des Anciens, et ministre, né au Beausset (Var) le 1er avril 1745, mort à Paris le 25 août 1807, issu d'une vieille famille bourgeoise, étudia chez les oratoriens à Toulon puis à Marseille, et suivit les cours de l'Ecole de droit d'Aix. En même temps il débutait dans les lettres par un essai intitulé : Observations sur l'ouvrage intitulé Emile ou de l'éducation (1763), et par une brochure qui fit quelque bruit dans sa province : Des préjugés. Reçu avocat (1765), il débuta avec succès au barreau d'Aix, et se fit surtout remarquer, dans les discussions, par l'affectation de simplicité qu'il apportait à ses plaidoiries : c'était rompre avec les traditions, et les vieux avocats blâmèrent le ton du débutant, qui riposta, dit-on, avec vivacité : « C'est le barreau qui a besoin de changer d'allure, et non pas moi ! » La science juridique de l'ortalis se révéla pour la première fois dans un écrit intitulé : Sur la distinction des deux puissances, écrit composé à l'occasion d'une lutte engagée par le clergé contre le parlement d'Aix : l'auteur fut l'objet de violentes attaques, mais se défendit à son honneur. Une consultation qu'il publia en 1770, à la demande de M. de Choiseul, sur la validité des mariages des protestants en France, lui valut des éloges de Voltaire, et le désigna bientôt pour les fonctions d'assesseur d'Aix ; il était le second des quatre administrateurs électifs de la province de Provence, connus sous le nom de procureurs du pays. Député aux Etats de Provence, il y tint un rang distingué, retrouva, sa mission expirée, de brillants succès au barreau, et se vit confier plusieurs affaires qui eurent un grand retentissement, par exemple la cause de la comtesse de Mirabeau, plaidant en séparation de corps contre son mari, le célèbre comte de Mirabeau, qui se défendit lui-même. Il eut aussi Beaumarchais pour adversaire dans le procès de l'écrivain contre le légataire de Paris Duverney. En 1788, Portalis rédigea, au nom de l'ordre des avocats du parlement d'Aix, une Lettre au garde des sceaux contre les tentatives de l'archevêque de Sens ; Loménie de Brienne, pour amener un changement dans la constitution du royaume : cette lettre fut bientôt suivie d'un autre écrit sur le même sujet, intitulé : Examen partial des édits du 8 mai 1788. Le jeune avocat était en possession d'une belle situation dans sa province quand éclata la Révolution. L'inimitié de Mirabeau à son égard, et aussi le peu d'enthousiasme que Portalis semble avoir manifesté pour les idées nouvelles, l'éloignèrent de l'Assemblée constituante. Dans les premiers mois de 1790, il refusa d'être commissaire du rci pour l'organisation d'un des trois départements formés de l'ancienne Provence. La même année, il se retira avec les siens dans une maison de campagne des environs de la ville et y demeura à l'écart des affaires jusqu'en février 1792. Bien qu'éloigné de la politique, il craignit cependant d'être inquiété, se rendit à Lyon, d'où on l'expulsa à la fin de 1793, parce qu'il n'y était pas né, se réfugia à Villefranche où l'on tua son secrétaire, et alla chercher un asile plus sûr à Paris. Mais il ne tarda pas à être dénoncé et arrêté : il est vrai qu'il subit sa détention dans une maison de santé, grâce à la recommandation d'un de ses compatriotes, en attendant que le 9 thermidor le rendit à la liberté. Il se fixa alors à Paris, y reprit l'exercice de sa profession d'avocat et se fit élire, le 28 vendémiaire an IV, député de la Seine au Conseil des Anciens, par 316 voix (685 votants). En même temps, il obtenait la majorité dans les Bouches-du-Rhône. Il opta pour Paris et prit place, aux Anciens, dans les rangs du parti contre-révolutionnaire qui faisait au Directoire une vive opposition. Il unit ses efforts à ceux de Siméon, son compatriote et son beau-frère, de Barbé-Marbois, de Lebrun et autres, s'opposa à la création d'un ministère de la Police, fut secrétaire, puis président de l'assemblée, prit la défense des prêtres et des émigrés, combattit la résolution relative aux délits de presse, se prononça en maintes circonstance contre les sociétés populaires, fut mêlé à l'affaire de la conspiration de La villecheurnoy, comme devant remplacer Cochon au ministère de la Police, fit un rapport sur le divorce, et fut atteint, comme royaliste, par le coup d'État du 18 fructidor. Il se cacha chez le banquier de Lessert à Passy, put gagner la Suisse, puis le Holstein, et ne rentra en France qu'au 18 brumaire. Bonaparte, qui estimait ses talents, le nomma d'abord commissaire du gouvernement près le conseil des prises ; puis commissaire, avec Tronchet, Bigot de Préameneu et Maleville, pour la rédaction du code civil. Conseiller d'Etat en septembre 1800, il se vit chargé principalement de toutes les affaires concernant les cultes qu'il eut à réorganiser : Portalis prit personnellement la plus grande part au Concordat conclu avec le pape Pie VII, et aux articles organiques destinés à le compléter. Les discours qu'il prononça à cette époque furent empreints des idées et des sentiments qu'avait toujours professés l'Église gallicane. C'est à Portalis que sont dus le discours préliminaire qui précède le projet de code civil, et les exposés des motifs des titres du Mariage, de la Propriété, des Contrats aléatoires, etc. : la science, la clarté, l'élégance et la pureté de style, dont il fit preuve, ont été souvent admirées, et sa collaboration au code civil a constamment passé pour son principal titre de gloire. « Portalis, disait Napoléon, serait l'orateur le plus fleuri et le plus élégant, s'il savait s'arrêter. » Quand Louis XVIII fit des ouvertures de restauration à Bonaparte, Portalis, consulté, conseilla « de détruire jusque dans leurs germes les espérances chimériques d'une ancienne famille, moins préoccupée de recouvrer ses titres que de faire revivre les abus qui les lui ont fait perdre. » Membre de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire au XII, grand officier de l'ordre le 25 prairial suivant, et grand aigle le 13 pluviôse au XIII, Portalis fut nommé, le 10 juillet 1804, ministre des Cultes. L'année d'avant il était entré à l'Institut, à la réorganisation de ce corps, et avait composé en cette qualité l'Eloge de l'avocat général Séguiner. Atteint alors d'une cécité presque complète, il se fit opérer de la cataracte ; mais le succès ne répondit pas à ce qu'on espérait et Portalis mourut sans avoir recouvré la vue, le 25 août 1807. Son corps fut déposé dans les caveaux du Panthéon. Le fils et le petit-fils de Jean-Etienne-Marie Portalis ont publié un ouvrage posthume de lui : De l'usage et de l'abus de l'esprit philosophique durant le dix-huitième siècle (1820), et des Discours, rapports et travaux inédits.