- Naissance :
- 18 novembre 1750 - Reims
- Décès :
- 27 mai 1798 - Sinnamary (Guyane)
- Profession ou qualité :
- Avocat
Membre du Conseil des anciens du 6 brumaire an IV au 30 Floréal an VI
TRONSON-DUCOUDRAY (GUILLAUME-ALEXANDRE), député au Conseil des Anciens, né à Reims (Marne) le 18 novembre 1750, mort en déportation à Sinnamary (Guyane) le 27 mai 1798, le dernier des dix enfants d'un commerçant, fut destiné à l'état ecclésiastique et fit ses études au séminaire de Reims. Mais l'absence de vocation lui fit bientôt abandonner cette carrière pour s'occuper de commerce. Trompé par un de ses associés, il plaida lui-même sa cause avec un tel succès qu'il résolut d'entrer au barreau. Il vint à Paris dans ce but, en 1778, et, sous les auspices d'Elie de Beaumont et de Malesherbes, fut reçu avocat au parlement. Il débuta dans l'affaire Cazeaux contre Solan, élève de l'abbé de l'Epée, et ce procès, qui fut une des causes célèbres de l'époque et qu'il gagna, le mit aussitôt en vue. Au moment de la Révolution, il adopta avec une certaine réserve les idées nouvelles, protesta contre le pillage de la manufacture Réveillon, et sollicita de la Convention le périlleux honneur de défendre Louis XVI ; sa demande ne fut pas admise. Il parla du moins en faveur de plusieurs accusés devant le comité révolutionnaire, et fut désigné d'office, le 12 octobre 1793, pour défendre Marie-Antoinette, avec Chauveau-Lagarde. Après la plaidoirie, il fut arrêté, par mesure de sûreté générale, sur l'ordre de la Convention, interrogé par Bayle et Voulland auxquels il remit deux anneaux d'or et une boucle de cheveux que la reine lui avait confiés pour l'une des dames de sa suite, et, remis en liberté, il quitta Paris, n'y rentra qu'après le 9 thermidor, et défendit, le 16 décembre 1794, Pinel et Grandmaison, membres du comité révolutionnaire de Nantes. Élu, le 27 vendémiaire an IV, député de Seine-et-Oise au Conseil des Anciens, par 223 voix (354 votants), il fut l'un des chefs du parti de Clichy, parla sur la loi du 9 floréal concernant les parents d'émigrés, fit un rapport sur l'envoi aux départements et aux armées des rapports de Camus et de Bancal, discuta l'abrogation de la loi du 3 brumaire, s'opposa au serment exigé des électeurs, fut nommé secrétaire le 10 mai, et fit en cette qualité un rapport favorable aux fugitifs de Toulon. Il attaqua avec vigueur la politique du Directoire, et ; le 10 août 1797, rédigea le rapport sur la marche des troupes appelées par le Directoire à Paris. Le 18 fructidor le condamna à la déportation. Conduit à Rochefort, par étapes, il écrivait de Lusignan à un ami, le 2jour complémentaire de l'an V : « Me voilà déporté, et probablement nous ne nous reverrons plus. Mon arrêt tient à des haines personnelles : j'ai été droit mon chemin, j'ai voulu la Constitution. S'arracher à sa patrie, à ses enfants, à ses amis, c'est un malheur affreux ; mais j'ai fait de bonne heure provision de morale et de philosophie :je la retrouve, et je suis aujourd'hui beaucoup plus calme. » Embarqué le 22 septembre suivant, avec 14 autres députés, il fut conduit à Sinnamary, où il mourut, en confiant à Barbé-Marbois, son compagnon d'exil, ses Instructions rédigées pour ses enfants et ses concitoyens, que celui-ci remit à sa famille, à son retour en France. Sa femme, « la citoyenne Nau », demanda un secours au gouvernement (frimaire an VI) : elle avait trois enfants en bas âge et de nombreuses dettes criardes ; le gouvernement lui répondit qu'il ne pourrait s'occuper de sa demande que lorsqu'il serait assuré de l'arrivée de son mari à son lieu d'exil. Ses Œuvres choisies, avec une notice, ont paru à Paris en 1829.