Naissance :
23/01/1730 - Brest (Finistère)
Décès :
01/11/1817 - Paris
Profession ou qualité :
Général
Autres mandats :
Chambre de Pairs du 4 juin 1814 au 1er novembre 1817.

Elu le 14/09/1802

ABOVILLE (MARIE-FRANÇOIS, COMTE D'), sénateur et pair de France, né à Brest le 23 janvier 1730, mort à Paris, le 1er novembre 1817, était originaire de Normandie et comptait dans sa famille, une des plus anciennes du pays, un grand nombre d'officiers distingués. Un arrêt de la cour des Aides du 19 mars 1486 maintient dans leur noblesse d'extraction sur preuve centenaire Guillaume, Gilles, Jacques, Thomas et Jean d'Aboville, de la paroisse de Gonneville, en la sergenterie de Valognes. Il était le neveu du général d'artillerie, Julien d'Aboville, commandant sous le maréchal de Saxe, et il l'assista comme aide de camp aux batailles de Fontenoy (1745) et de Lawfeld (1747). S'étant signalé dans la suite, pendant la guerre de Sept ans, notamment au siège de Munster (1759), il passa successivement par tous les grades jusqu'à celui de colonel et prit, en cette qualité, une part glorieuse à l'expédition d'Amérique. Il fut de ceux qui contribuèrent puissamment à la réduction d'York-Town, et lord Cornwallis, généralissime des forces britanniques, dit en signant la capitulation : « C'est à M. d'Aboville que je rends les armes. » La campagne terminée, il fut fait général, puis maréchal de camp. En 1789, il était membre du comité militaire, et il y proposait d'importantes réformes, telles que la réunion de l'artillerie et du génie, et la création de l'artillerie à cheval, mesure qui fut adoptée. Partisan de la Révolution, il reçut en 1792 le commandement de l'armée du Nord, puis le commandement général de l'armée des Ardennes (1793). Là, il se déclara contre Dumouriez, après la défection de celui-ci, dans une curieuse proclamation, datée « de Sarrelouis, le 12 avril, an II de la République », et ou il était dit : « L'audacieux et traître Dumouriez n'eut jamais les vertus d'un républicain. L'ambition dévorait son cœur, et l'égoïsme en fit un partisan de la Révolution; il chercha, à tourner à son avantage les succès des troupes qu'il commandait ; il fut trompé dans son espoir et dès lors il résolut de trahir sa patrie. » Mais bientôt suspect lui même, d'Aboville fut décrété d'arrestation et retenu en prison jusqu'au 9 Thermidor. Relâché alors, il fut chargé de la direction de l'arsenal de Paris. Apres le 18 Brumaire, Bonaparte le nomma premier inspecteur général de l'artillerie, et, le 27 fructidor an X, membre du Sénat conservateur. Le comte d'Aboville, vice-président du Sénat en 1803, et titulaire de la sénatorerie de Besançon la même année, reçut de Napoléon la mission d'aller chercher à Alexandrie le pape Pie VII et de l'accompagner à Paris pour la cérémonie du sacre. Le 14 juin 1804, il fut créé grand officier de la Légion d'honneur, pourvu du gouvernement de Brest le 26 mars 1807 et nommé comte héréditaire au mois de juin 1808. Enfin, il fut chargé, en 1809, du commandement d'une réserve destinée à secourir le port d'Anvers, assiégé par les Anglais. D'Aboville vota, au Sénat, la déchéance de l'Empereur et le rétablissement de la royauté. Louis XVIII le maintint parmi les membres de la nouvelle Chambre des pairs (juin 1814), et le fit, en outre, commandeur de l'ordre de Saint-Louis, le 25 août, puis grand-croix du même ordre en 1817. Napoléon ne tint pas rigueur à d'Aboville de son évolution et le maintint, lui aussi, à la Chambre des pairs des Cent-Jours. Louis XVIII, rentrant pour la seconde fois, raya tout d'abord d'Aboville de la liste des pairs, par application de l'ordonnance du 23 juillet 1815, mais exception fut faite, à un mois de là, en sa faveur, et il fut compris dans la nomination ultérieure de 94 nouveaux pairs. Le général comte d'Aboville mourut à 88 ans doyen des pairs de France.