Naissance :
11/11/1729 - Paris
Décès :
31/08/1811 - Paris
Profession ou qualité :
Officier de marine ; explorateur

Elu le 25/12/1799

BOUGAINVILLE (LOUIS-ANTOINE, COMTE DE), membre du Sénat conservateur, né à Paris, le 11 novembre 1729, mort à Paris, le 31 août 1811, fils d'un notaire de Paris, se fit d'abord recevoir avocat au Parlement, pour se conformer aux désirs de sa famille. Mais sa vocation pour l'état militaire, vocation qui s'était déjà, manifestée par ses succès dans l'étude des sciences mathématiques, l'emporta bientôt ; il entra dans les mousquetaires noirs, et passa, en 1753, en qualité d'aide major, dans le bataillon provincial de Picardie. En 1754, il était aide de camp de Chevert, et fut, la même année, envoyé à Londres avec le titre de secrétaire d'ambassade. Deux ans après, il partit pour le Canada, comme aide de camp du marquis de Montcalm, chargé de la défense de cette colonie. Nommé, l'hiver suivant, commandant d'un détachement d'élite, il alla, à la suite d'une marche forcée de près de soixante lieues, brûler au fond du lac du Saint-Sacrement, une flottille anglaise, au pied même du fort qui la protégeait. Le 6 juin 1758, un corps de cinq mille Français se trouvait en vue d'une armée anglaise de vingt-quatre mille hommes ; Bougainville émit et fit adopter l'avis d'attendre l'ennemi de pied ferme. En moins de vingt-quatre heures, un camp retranché fut construit, et l'ennemi repoussé fut obligé de se retirer, après avoir perdu six mille hommes ; Bougainville avait été blessé à la tête, à la fin de l'action. Le gouverneur, ne croyant pas pouvoir défendre plus longtemps la colonie, envoya Bougainville demander des renforts à Paris. Bougainville retourna en Amérique, en 1759, avec le grade de colonel, mais sans avoir obtenu les secours qu'il demandait; le 10 septembre de la même année, la mort de Montcalm décida du sort de la colonie. Bougainville revint alors en Europe, et fut employé, en 1761, à l'armée d'Allemagne, en qualité d'aide de camp du général Choiseul-Stainville. Il s'y distingua si honorablement, que, pour le récompenser d'une manière particulière, le roi lui fit présent de deux canons de 4. La signature de la paix le rendit à la vie civile; mais son infatigable activité eut bientôt besoin d'un nouvel aliment. Ses voyages en Amérique l'avaient mis en relation avec des armateurs de Saint-Malo; il les engagea à fonder un établissement aux îles Malouines. Ses conseils furent suivis; les armateurs firent les frais de l'expédition; il fit ceux de l'établissement, dont le roi lui donna le commandement, avec le grade de capitaine de vaisseau. Bougainville partit de Saint-Malo avec sa flottille, en 1763, mais à peine était-il de retour, au bout de trois ans, que les Espagnols réclamèrent la propriété des îles Malouines. Le gouvernement français crut devoir céder à cotte réclamation, et Bougainville fut chargé de remettre son établissement aux fonctionnaires espagnols, à la charge d'être remboursé des frais qu'il avait faits. Il partit, en 1766, avec la frégate la Boudeuse et la flûte l'Etoile. C'est en revenant de cette expédition qu'il fit le beau voyage de découvertes qui a immortalisé son nom. De retour en France, en 1769, il publia la relation de son Voyage autour du monde. Ce livre eut un succès immense; Bougainville s'était d'ailleurs déjà fait connaître comme savant et comme écrivain, par son Traité du calcul intégral, pour servir de suite à l'analyse des infiniment petits, du marquis de l'Hospital, Paris (1752). Il fut promu, en 1779, au grade de chef d'escadre, et, l'année suivante, à celui de maréchal de camp des armées de terre. En 1781, commandant d'une division de la flotte du comte de Grasse, il soutint un brillant combat, à la Martinique, contre l'amiral anglais Hood. Il prépara ensuite une expédition au pôle Nord, qui échoua par le mauvais vouloir du ministre Brienne, et fut chargé, en 1790, du commandement de l'armée navale de Brest, et du soin d'y rétablir la discipline; il jugea bientôt cette partie de sa mission au-dessus de ses forces, et il donna sa démission : il avait dignement servi son pays pendant près de quarante ans. Les dernières années de sa vie furent consacrées aux sciences qu'il avait toujours aimées. Membre de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire an XII, et grand officier de cet ordre le 25 prairial de la même année, comte de l'Empire le 26 avril 1808, membre de la section de géographie de l'Institut depuis 1796, ainsi que du bureau des Longitudes, le vice-amiral Bougainville avait été appelé au Sénat conservateur lors de la création de ce corps, le 4 nivôse an VIII. Il mourut dans sa quatre-vingt neuvième année. On a encore de lui un Essai historique sur les navigations anciennes et modernes, et une Notice historique sur les sauvages de l'Amérique du Nord.