Naissance :
25/12/1772 - Pont-à-Mousson (Meurthe)
Décès :
23/05/1813 - Mackersdorff (Saxe)
Profession ou qualité :
Diplomate

Elu le 05/04/1813

DUROC (GÉRAUD-CHRISTOPHE MICHEL), DUC DE FRIOUL, membre du Sénat conservateur, né à Pont-à-Mousson (Meurthe) le 25 octobre 1772, mort à Reichenbach (Saxe) le 23 mai 1813, était fils d'un capitaine, chevalier de Saint-Louis ; il suivit les cours de l'Ecole militaire de Pont-à-Mousson, puis entra comme élève sous-lieutenant d'artillerie à J'école de Châlons. Lieutenant en second d'artillerie, le 1er juin 1793, au 4e régiment, il devint successivement lieutenant en premier (20 novembre 1793), capitaine en second (22 octobre 1794) et capitaine commandant (23 mai 1797), En 1792, il avait émigré en Allemagne et avait été dénoncé comme royaliste ; il se disculpa, rentra en France et fit les premières campagnes de la Révolution en qualité d'aide-de-camp du général Lespinasse. Recommandé par son ancien camarade de l'Ecole militaire, Marmont, il devint aide-de-camp du général Bonaparte, auquel il témoigna autant de dévouement que de fidélité. Aux passages de l'Isonzo et des gorges de la Brenta (Frioul), où il eut un cheval tué sous lui, il fit des prodiges de valeur. A la prise de Gradiska, il fut cité à l'ordre du jour de l'armée d'Italie. Nommé chef de bataillon, il accompagna Bonaparte en Egypte; à la bataille de Salahieh, le rapport du général en chef au Directoire le signala comme ayant couru les plus grands dangers. Il se fit également remarquer aux sièges de Jaffa et de Saint-Jean-d'Acre. Il avait été grièvement blessé d'un éclat d'obus à la bataille d'Aboukir. Rentré en France avec son général en chef, il prit une part active au 18 brumaire, fut nommé général de brigade et premier aide-de-camp de Bonaparte. Gouverneur des Tuileries, il quitta ce poste pour accompagner Bonaparte en Italie, et assista à la bataille de Marengo. Le premier consul lui confia les missions les plus délicates, successivement près des cours de Berlin, de Vienne, de Stockholm et de Saint-Pétersbourg. Général de division en l'an XI, puis membre de la Légion d'honneur le 19 frimaire an XII, grand officier de l'ordre le 25 prairial suivant, et grand-aigle le 25 prairial an XIII, il remplaça momentanément, en 1805, dans le commandement des grenadiers de l'armée d'Allemagne, le général Oudinot, grièvement blessé. Il quitta ce poste important pour de nouvelles missions diplomatiques, d'abord auprès du roi Frédéric-Guillaume de Prusse, puis auprès de l'Electeur de Saxe, avec lequel il signa un traité de paix (1806). Ce fut encore par ses soins que furent obtenus l'acte d'adhésion de plusieurs princes allemands à la Confédération du Rhin, l'acte par lequel Charles IV et le prince Ferdinand cédaient à la France leurs droits à la couronne d'Espagne (5 mai 1SOS), et l'armistice de Znaïm (juillet 1808). Duroc avait été, le 19 mars de cette année, créé duc de Frioul. Le roi de Hollande, Louis-Bonaparte, le nomma général-major de l'armée hollandaise. Il prit une part glorieuse aux batailles de Wagram et d'Essling, survit Napoléon en Russie, et fut nommé membre du Sénat conservateur, le 5 avril 1813. Duroc n'eut pas le temps de siéger. Il accompagna l'empereur en Saxe, et assista à la bataille de Lutzen. Le 22 mai, à Wurtzen, il escortait, avec les ducs de Vicence et de Trévise, l'Empereur, qui descendait au galop un petit chemin creux pour gagner une éminence d'où il pût juger de l'effet de la charge des 14,000 cavaliers du général Latour-Maubourg dans la plaine de Reichenbach. Tout à coup, un boulet vint frapper un arbre, ricocha, tua le général Kirgener, de l'escorte, et atteignit mortellement Duroc au bas-ventre; on le transporta dans une petite ferme. Le Moniteur du 30 mai 1813 raconte ainsi les adieux de Duroc à l'Empereur, qui était venu le voir, aussitôt la bataille gagnée et l'armée rentrée au bivouac. « Il le trouva avec sa pleine connaissance et montrant le plus grand sang-froid. Le duc serra la main de l'Empereur..... « Toute ma vie, dit-il, a été consacrée à votre service et je ne la regrette que par l'utilité dont elle pouvait vous être encore..... J'ai vécu en honnête homme, je ne me reproche rien. Je laisse une fille, Votre Majesté lui servira de père. » - L'Empereur, serrant de la main droite le grand maréchal, resta un quart d'heure la tête appuyée sur la main gauche dans le plus profond silence. Duroc rompit le premier le silence: « Ah ! Sire! allez-vous-en, ce Spectacle vous peine !... » L'Empereur quitta le duc de Frioul sans pouvoir lui dire autre chose que ces mots : « Adieu donc... mon ami. » Duroc expira peu après. Napoléon acheta au prix de 20,000 fr. la chaumière où Duroc était mort, fit un legs considérable à sa fille, ordonna que son corps fùt déposé aux Invalides, que son nom fût gravé sur l’Arc de Triomphe et sur les tables de bronze du palais de Versailles. Louis-Philippe a fait, depuis, placer les cendres de Duroc à côté de celles de Napoléon.