- Naissance :
- 23/03/1749 - Beaumont-en-Auge (Calvados)
- Décès :
- 05/03/1827 - Paris
- Profession ou qualité :
- Professeur ; mathématicien
- Autres mandats :
- Chambre des Pairs du 4 juin 1814 au 19 mars 1815 et du 8 juillet 1815 au 5 mars 1827.
Elu le 24/12/1799
LAPLACE (PIERRE-SIMON, MARQUIS DE , membre du Sénat conservateur et pair de France, né à Beaumont-en-Auge (Calvados) le 23 mars 1749, mort à Paris le 5 mars 1827, était le fils d'un modeste cultivateur. Destiné d'abord à l'état ecclésiastique, il suivit ensuite comme externe les cours de l'école militaire de Beaumont ety devint même professeur intérimaire. Les dispositions dont il fit preuve et que secondait une mémoire prodigieuse, engagèrent ses maîtres à l'envoyer à Paris. Muni de recommandations pressantes, il se présenta chez d'Alembert qui ne le reçut pas. Laplace lui écrivit alors une longue lettre où il exposait ses idées sur les principes de la mécanique. Cette lettre décida de sa carrière. D'Alembert lui répondit : « Monsieur, vous voyez que je fais assez peu de cas des recommandations; vous n'en aviez pas besoin; vous vous êtes fait mieux connaître, et cela me suffit. Mon appui vous est dû. » Il obtint ainsi une place de professeur de mathématiques à l'Ecole militaire. C'est là qu'il commença la publication de ses plus remarquables travaux, et notamment des mémoires qui devaient servir de base à sa Mécanique céleste et à sa théorie des fonctions génératrices. Entre temps, il exécutait avec Lavoisier des recherches sur la chaleur, l'électricité et les gaz. L'Académie des Sciences l'admit, en 1773, comme membre adjoint, et comme titulaire en 1785, en remplacement de Leroy. Professeur d'analyse aux écoles normales en 1794, membre et président du bureau des Longitudes, ses nombreuses publications scientifiques, qu'un ami généreux, le président Saron, faisait imprimer et répandre à travers l'Europe, ne l'empêchèrent pas d'entrer dans la politique. Adversaire de la dictature et ardent républicain, comme Lacépède, avant le 18 brumaire, il se rallia sans hésiter au gouvernement consulaire, fut nommé membre du Sénat conservateur, à la création de ce corps, le 3 nivôse an VIII, remplit pendant quelques jours les fonctions de ministre de l'Intérieur, ou, « administrateur plus que médiocre », a dit Napoléon, il fut vite remplacé par Lucien, et devint vice-président du Senat et chancelier en 1803. Membre de la Légion d'honneur (19 vendémiaire an XII), grand-officier (25 prairial), créé comte de l'Empire le 24 avril 1808, grand-croix de l'ordre de la Réunion le 3 avril 1813. il n'en vota pas moins, en avril 1814, la déchéance de l'empereur. Pour l'en récompenser, Louis XVIII le fit marquis et le nomma pair de France, le 4 juin 1814. Le marquis de Laplace se tint à l'écart pendant les Cent-Jours, et reprit, après la seconde abdication, son siège a la Chambre haute; il vota pour la mort dans le procès du maréchal Ney. En 1816, il présida la commission chargée de réorganiser l'Ecole polytechnique. Il montra pour les Bourbons à la Chambre des pairs le même dévouement qu'au Sénat de l'empire: un de ses biographes a noté, avec justice, que la conclusion de son Exposition du système du Monde reflétait très exactement les variations de ses opinions politiques. Membre de l'Académie des Sciences depuis la réorganisation, membre de l'Académie française en 1816, correspondant des académies de Turin, de Copenhague, de Milan, de Berlin, de l'Institut de Hollande (1809), Laplace a publié un nombre considérable de travaux pour la réimpression desquels la Chambre des députés, en 1842, vota un crédit de 40.000 francs. Les trois œuvres capitales qui résument et synthétisent toutes les autres sont: Mécanique céleste, parue par parties successives en 1799, 1802, 1805, 1823 et 1825 ; son Exposition du système du Monde, qui eut plusieurs éditions (1794-1813-1824-1835); enfin sa Théorie analytique des probabilités, partie aussi par fragments détachés, en 1774, 1809, 1812 et 1820. Dans ce dernier ouvrage, Laplace a démontré que les événements étaient soumis à des fonctions calculables et précises et il en a fait une heureuse application à la natalité et à la mortalité humaines. Dans sa Mécanique céleste, il .a prouvé que les particularités inexpliquées des mouvements de la Lune, de Jupiter et de Saturne étaient une conséquence de la loi de gravitation, que les satellites de Jupiter étaient soumis à des lois concordantes auxquelles il a laissé son nom, que la forme de la terre rendait compte de certains mouvements de la lune et qu'il était possible de prédire, à l'aide de sa théorie, la hauteur des marées. Enfin, dans son Exposition du système du Monde, il a magnifiquement esquissé les origines de la marche de l'univers, l'unité et la fixité de la loi qui y préside, et écrit ainsi le premier chapitre de cette « Création naturelle» dont la science actuelle semble s'être donné pour mission de reconstituer l'histoire.