Cérémonie abolition de l’esclavage
10 mai 2016
(Jardin du Luxembourg)
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Madame la Présidente du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Mesdames, Messieurs les Sénateurs,
Mes chers collègues,
Monsieur le Recteur,
Révérend,
Mesdames et Messieurs,
Il y a dix ans, jour pour jour, Jacques Chirac, Président de la République célébrait pour la première fois la journée des « Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions ».
Ce 10 mai, c’est la date où notre Haute assemblée a solennellement qualifié la traite et l’esclavage de crimes contre l’humanité et bien sûr, je n'oublie pas que cette date évoque également le 10 mai 1802, date à laquelle Louis Delgrès adresse « à l'univers entier le dernier cri de l'innocence et du désespoir ». Par une proclamation affichée sur les murs de Basse-Terre, en Guadeloupe, cet officier de l'armée de la Révolution revendique le droit de Résistance à l'oppression et lance un appel à la fraternité.
C’est l’honneur du Sénat d’avoir été, au cours de son Histoire, à la pointe de ce combat au travers d’hommes libres et humanistes tels que l’Abbé Grégoire et Victor Schœlcher, qui ont toujours placé leur engagement républicain au-dessus de tout.
« Disons nous et disons à nos enfants que tant qu’il restera un esclave sur la surface de la Terre, l’asservissement de cet homme est une injure permanente faite à la race humaine tout entière. » disait Victor Schœlcher.
Cette résistance contre l’esclavage s’inscrivait alors dans une défense passionnée et acharnée des valeurs de la République.
Cette résistance s’appuyait sur les esclaves qui s’étaient révoltés pour se libérer en Guadeloupe avec Louis Delgrès, en Guyane, en Martinique et à Saint-Domingue avec Toussaint Louverture.
Jamais ils ne se sont résignés, jamais ils n’ont accepté leurs chaînes. Jamais ils n’ont accepté ce « code noir » qui décidait de leur vie et de leur mort !
Révoltes, marronnages et suicides n’ont jamais cessé aux Antilles comme ailleurs.
Il n’y a pas « d’échelle » entre les formes de barbarie, mais force est de constater que la traite et le commerce triangulaire furent l’organisation économique, politique et sociale la plus barbare qui soit.
C’est ce qu’a affirmé le Sénat le 10 mai 2001 !
La barbarie peut changer de visages et de victimes. Elle reste une abomination de l’Histoire.
Tout le sens de cette commémoration, c’est le refus de l’oubli, le refus de la négation, l’honneur de ceux qui combattent pour la fraternité.
« Je rêve qu‘un jour les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. » disait Martin Luther King dans son célèbre discours « I have a dream ».
L’esprit de résistance, celui de Delgrès, celui de Solitude et de tant d’autres doit nous guider et nous mobiliser face à toutes les formes d’asservissement.
Cet asservissement dont parlait Gaston Monnerville, Président du Sénat et petit-fils d’esclave, je le cite : « L’esclavage des Noirs n’était qu’une des formes de la servitude humaine. Des formes de servitudes ont disparu ; d’autres sont nées qui pèsent lourdement sur l’humanité. Tant il est vrai que le progrès lui même crée ses servitudes.
Chacune des conquêtes de l’homme tend à s’imposer à lui, à l’asservir. Il doit ajouter à l’effort sur la matière, un effort sur lui même pour se libérer encore…. S’il s’arrête, il est perdu. Il importe que ceux qui sont éclairés se dévouent pour le soutenir, pour veiller à ce que sa flamme intérieure ne s’éteigne pas. »
Veillons à ce que cette flamme intérieure qui constitue cet esprit de résistance et éclaire les valeurs universelles ne s’éteigne jamais et s’ouvre à l’espérance !
Je vous remercie.