5. Les observations de la commission

Alors que les enseignants expriment désormais leurs réserves à l'égard du principe de l'unicité du collège, votre commission considère que le collège unique, dont les parcours ont déjà fait l'objet d'un début de diversification avec les itinéraires de découverte, peut être maintenu, mais que ce maintien doit s'accompagner de mesures concrètes de rattrapage scolaire, notamment en direction des élèves les plus en difficulté : à l'évidence, l'implantation de classes de troisième, déjà réalisée, en lycée professionnel, accueillant des élèves conservant leur statut de collégien, et le développement de classes de quatrième autorisant des formations en alternance, aussi bien au collège qu'en lycée professionnel ou en entreprise, participent de ce souci d'aménager la filière générale du collège.

Devant la commission, le ministre a justement rappelé que le croisement de deux réformes -l'allongement de la scolarité obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans en 1959, et la réforme Haby de 1975 instituant le collège unique- avait conduit à accueillir et à maintenir dans un enseignement général indifférencié tous les élèves, y compris ceux en difficulté qui sont alors condamnés à l'échec.

Il est donc nécessaire, selon lui, de réaliser dans le cadre du collège unique une diversification réelle des parcours pour ouvrir d'autres voies aux élèves en échec scolaire, tout en leur permettant éventuellement de revenir dans la filière générale.

Dans cette perspective, les recteurs auront la possibilité de créer ou d'étendre des classes en alternance, offrant le matin des enseignements généraux un peu allégés et consacrant les après-midi à la découverte de métiers dans des ateliers situés en collège, dans le cadre de stages en lycée professionnel ou de stages en entreprise : ces trois modalités de l'alternance, qui ont déjà fait la preuve de leur efficacité, seraient de nature à réduire l'échec scolaire, à remotiver les élèves en difficulté dans les matières générales et à permettre à certains d'entre eux de reprendre une classe de seconde d'enseignement général.

Le ministre a souligné que ce dispositif permettrait de préserver le statut scolaire de tous les élèves, quelle que soit la spécificité de leur parcours, et d'aller bien au-delà des « itinéraires de découverte » existants. Cette réforme devrait permettre aux élèves de s'orienter de manière positive vers l'enseignement professionnel, ce qui suppose également, que les cours de technologie dispensés dans l'enseignement général soient repensés en faisant une part plus importante aux métiers et aux sciences appliquées. L'ancien recteur Philippe Joutard a été chargé de la réécriture des programmes de technologie au collège.

Votre commission ne peut que souscrire à ces orientations, même si elle garde un souvenir mitigé des tentatives engagées depuis le début des années 70, -classes préparatoires à l'apprentissage, qui peuvent être implantées en collège ou en lycée professionnel, classes pré-professionnelles de niveau, classes d'initiation professionnelles par alternance- pour répondre aux besoins des collégiens en situation d'échec scolaire.

Son rapporteur tient à rappeler que ces classes, comme d'ailleurs toute formule de transition, constituaient déjà des parcours diversifiés au collège et permettaient à leurs élèves de découvrir les métiers dans les entreprises ; celles-ci sont cependant déjà trop sollicitées pour des stages de toute nature intégrés dans le cursus des divers diplômes professionnels, et n'ont souvent pas les moyens d'accompagner ces élèves en leur faisant acquérir des connaissances, en particulier dans les bassins d'emploi déshérités.

Votre commission estime que le dispositif proposé doit s'inscrire dans une réflexion plus approfondie sur la formation en alternance, sur la formation continue, sur la reconnaissance des activités manuelles et la revalorisation de l'image des métiers, ce qui suppose la mise en place de passerelles entre les différents types de formation.

A tout le moins, il conviendrait que le ministre apporte des précisions au Sénat sur les modalités des trois formules d'alternance annoncées, sur les moyens qui y seront consacrés et sur les perspectives de leur développement, étant rappelé, comme il a été vu, que quelque 328 000 collégiens seraient susceptibles de bénéficier de ces actions de pré-professionnalisation.

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