3. Redonner un nouveau souffle à l'enseignement agricole : les propositions de votre rapporteur

Dans ce contexte en mutation, votre rapporteur a souhaité, après la discussion budgétaire de l'automne 2006, prolonger la réflexion sur la place de l'enseignement agricole au sein du paysage éducatif, dans le cadre de la préparation d'un rapport d'information, au nom de la commission des affaires culturelles du Sénat.

La mise en oeuvre de la LOLF, qui regroupe, dans une même mission, l'enseignement agricole et l'enseignement scolaire relevant de l'éducation nationale, incite à repenser les spécificités et l'identité d'un système de formation « hors norme », et de développer une logique de complémentarité -plutôt que de concurrence- entre les deux voies de formation.

Ainsi, comme le souligne fort justement l'Observatoire national de l'enseignement agricole (ONEA), que préside notre collègue M. Jean François-Poncet, dans son récent rapport annuel pour 2006 : « Parce que sa place et son rôle dans le système éducatif national ne paraissent plus suffisamment intelligibles et explicites, parce que l'on assiste à l'émergence de nouveaux métiers dans son champ de compétences et parce que la profession agricole est confrontée à de nouveaux défis, l'enseignement agricole, qui a maintes fois prouvé sa capacité à se réformer et à innover, doit se fixer de nouvelles ambitions : il est temps d'envisager un nouveau projet mobilisateur pour l'enseignement agricole. »

En ce sens, votre rapporteur a formulé des propositions qui s'articulent autour de trois axes .


• Il s'avère impératif, tout d'abord, de changer l'image d'un enseignement qui n'est plus seulement « agricole » et d'améliorer l'orientation des élèves vers cette voie de formation.

Il ressort en effet très nettement qu'en dehors du cercle restreint des « initiés », l'enseignement agricole est méconnu ou mal connu du grand public - et notamment des jeunes -, qui n'en a qu'une image décalée, désuète, empreinte des préjugés négatifs attachés au monde agricole. Cette voie apparaît encore trop souvent réservée aux enfants d'agriculteurs et à la formation des agriculteurs ou éleveurs. Or la réalité est désormais toute autre, puisque seuls 17 % des élèves sont issus de familles agricoles et que l'offre de formation s'est fortement diversifiée, dans le secteur des services aux personnes, de l'aménagement, des travaux paysagers, etc.

Un effort renouvelé de promotion de la filière s'impose, en association étroite avec les milieux professionnels (notamment dans les secteurs où il existe une pénurie de personnels qualifiés : ainsi, 10 000 emplois ne sont pas pourvus, chaque année, dans les entreprises des industries agroalimentaires). Par ailleurs, votre rapporteur considère qu'un changement de dénomination serait à envisager, afin de mieux valoriser la diversité des formations et des métiers préparés ; cela a été souligné par une large majorité des personnes auditionnées.

En matière d'orientation, et comme l'a également fait observer l'Observatoire national de l'enseignement agricole dans son rapport pour 2006, il est nécessaire de favoriser les rapprochements et partenariats avec les services et établissements relevant de l'éducation nationale, afin d'améliorer l'information des élèves et pour que l'inscription dans un établissement agricole ne soit plus un « parcours du combattant » pour les familles.


L'offre de formation doit évoluer, ensuite, pour rester en phase avec les besoins des jeunes et des territoires .

Votre rapporteur a insisté, tout d'abord, sur la nécessité de clarifier et simplifier une offre de formation devenue de plus en plus segmentée et spécialisée, en évoluant, progressivement, vers une organisation de certaines filières autour de troncs communs , par « familles » de métiers. Cela répond à un triple objectif : faciliter les réorientations pour les jeunes, répondre aux besoins de polyvalence requis dans certains métiers, regrouper les effectifs pour préserver les sections n'accueillant qu'un nombre limité d'élèves.

La rénovation du baccalauréat technologique « sciences et technologies de l'agronomie et du vivant », mise en oeuvre à la rentrée 2006, va dans ce sens, de même que la révision, en cours, des diplômes du secteur de la production agricole 86 ( * ) .

En outre, les liens avec les milieux professionnels devraient être resserrés, afin d'identifier les besoins de compétences et de qualification, notamment dans les secteurs émergents (comme la forêt, le tourisme rural...) et d'analyser les débouchés des filières à court et moyen termes.


• Enfin, en matière de pilotage , votre rapporteur a insisté sur la nécessité de fédérer les énergies pour renforcer la cohérence, l'identité et l'excellence du système de formation.

Il s'agit de tirer les bénéfices du pilotage de proximité, dans le cadre du double processus de décentralisation et de déconcentration, et de favoriser la constitution de réseaux d'établissements, en vue d'assurer la cohérence et la complémentarité de l'offre de formation, ainsi que les mutualisations de moyens et de compétences.

Votre rapporteur insiste, ensuite, sur la nécessité de renforcer le dispositif de formation des enseignants, de façon à transmettre et renouveler les spécificités de cette voie de formation (exercice des cinq missions, pluridisciplinarité, « pédagogie du concret »...).

Il s'agit, enfin, de renforcer les points de contact entre l'enseignement technique, l'enseignement supérieur et la recherche agricoles, notamment dans le cadre du développement des licences professionnelles ou de la mise en place des sept pôles régionaux de compétences.

* 86 Cette révision concerne le baccalauréat professionnel « conduite et gestion de l'entreprise agricole » et le brevet professionnel « responsable d'exploitation agricole ».

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