III. LA PROMOTION DES ÉCHANGES ÉDUCATIFS, SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES

La France attire deux fois moins d'étudiants européens que l'Allemagne, et trois fois moins que le Royaume-Uni. Il importe donc pour notre pays, dans le contexte d'une économie du savoir mondialisée et compétitive , de développer une politique d'attractivité en direction des élites étrangères qui permette de rééquilibrer en notre faveur le flux mondial d'échanges éducatifs, scientifiques et techniques.

A. L'ÉTAT DES LIEUX DE L'ATTRACTIVITÉ DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR FRANÇAIS

1. Une perte de vitesse maîtrisée mais non totalement résorbée

D'après les chiffres communiqués par le ministère des affaires étrangères, 216 362 étudiants étrangers étaient inscrits à l'université en France pour l'année scolaire 2008-2009, au sein des établissements appartenant au système d'information SISE 3 ( * ) , contre 212 932 en 2007-2008 (soit une augmentation de + 1,61 % en un an, et 141 700 en 2000-2001 (soit une augmentation de + 52,7 % en 7 ans).

Sur un total de 1 452 972 étudiants inscrits dans les universités françaises en 2008-2009, les étudiants étrangers en représentaient 17,5 %, soit une proportion analogue à celle enregistrée l'an passé.

Si l'on ajoute les étudiants inscrits dans d'autres établissements d'enseignement supérieur (écoles d'ingénieurs, de commerce, classes préparatoires aux grandes écoles, etc.), le nombre total d'étudiants étrangers en France atteint 266 448 en 2008-2009, contre 260 596 en 2007-2008 (soit une augmentation de 2,2 % par rapport à l'an passé) et ce, après deux années consécutives de diminution des effectifs. La population étudiante étrangère représente désormais 11,9 % (contre 11,7 % l'année précédente) des étudiants inscrits dans l'enseignement supérieur français.

L'évolution des effectifs d'étudiants étrangers inscrits dans les universités françaises entre 2003-2004 et 2008-2009 est de 7,8 % avec la plus forte progression pour les étudiants venus d'Asie et d'Océanie (54,4 %), suivis par ceux des Amériques (29,1 %), du Proche et Moyen-Orient (14,1 %) puis d'Europe (2 %). Le nombre d'étudiants venus d'Afrique a diminué de 3,1 % (ceux venus du Maghreb ayant diminué de 11,3 %). On constate cette année une augmentation globale de 7,8 % du nombre total d'étudiants étrangers en France.

Si le nombre d'étudiants peut ainsi être traité en termes d'inscrits (autrement dit de « stock »), les données ne sont pas actuellement entièrement disponibles pour définir les flux. Ils peuvent être approchés par le nombre de visas (pour les pays extracommunautaires dans lesquels la venue en France pour motif d'études est subordonnée à la délivrance d'un visa étudiant) ou de titres de séjour.

En 2008 on a assisté à une augmentation des visas délivrés aux étudiants : 69 822, soit + 9,9 % par rapport à 2007. Cette hausse peut s'expliquer en partie par la politique d'attractivité menée à l'égard de certains pays d'Asie et d'Amérique latine.

En 2005-2006, année la plus récente pour laquelle la Conférence des grandes écoles dispose de statistiques, les écoles membres de la Conférence ont accueilli près de 27 000 étudiants étrangers. Les étudiants étaient de 147 nationalités différentes.

Les écoles d'ingénieurs ont accueilli 94 565 étudiants dont 16 990 étrangers (soit 17,93 %), les écoles de management 38 363 étudiants dont 8 903 étrangers (soit 23,20 %) et les écoles à spécialités diverses 8 458 étudiants dont 804 étrangers (soit 9,5 %).

2. La répartition des étudiants étrangers inscrits dans les universités français selon leur zone géographique d'origine

La répartition par région d'origine fait apparaître que l'Afrique (Afrique du Nord et Afrique sub-saharienne) reste, en 2008-2009, la première région d'origine des étudiants étrangers en totalisant la moitié des étudiants (50,21 %) , mais en enregistrant un taux d'évolution en diminution depuis deux ans (- 1 % sur un an), le taux des pays du Maghreb étant stable, celui des pays d'Afrique subsaharienne en diminution de - 1 %.

L'Europe se classe à la deuxième place avec 24,7 % et un faible taux d'évolution de + 0,7 % en un an. Il faut cependant souligner que les flux d'étudiants dans le cadre du programme d'échanges universitaires européen « Erasmus », qui restent inscrits dans leur établissement d'origine, ne sont pas toujours recensés et contribuent à minimiser les chiffres des étudiants en provenance des 26 pays membres de l'Union européenne.

L'Asie et l'Océanie viennent ensuite avec 16,2 % des étudiants étrangers et un taux d'accroissement de 8,6 % en un an.

L'Amérique (Nord et Sud) représente 8 % des étudiants étrangers pour un taux d'accroissement de 7,1 %.

Enfin, les pays du Proche et Moyen-Orient représentent 5,4 % des étudiants étrangers, avec une baisse de 2,2 % sur un an. La dynamique en cours conduit à un certain rééquilibrage entre régions d'origine même si cela ne se traduit pas de façon visible dans les évolutions en valeur absolue.

RÉPARTITION DES ÉTUDIANTS DE NATIONALITÉ ÉTRANGÈRE INSCRITS DANS LES UNIVERSITÉS FRANÇAISES (2008-2009)

Source : Ministère des affaires étrangères et européennes.

3. L'accueil des étudiants étrangers privilégié dans les formations de haut niveau

En 2008-2009, les étudiants étrangers représentaient 12 % du nombre total d'étudiants inscrits en licence, 22 % des inscrits en master et 67,5 % des inscrits en doctorat. En 2008, la proportion d'étudiants étrangers dans les différentes filières universitaires était, par ordre décroissant :

- administration, économie et gestion : 23 % ;

- sciences fondamentales et appliquées : 21 % ;

- langues, lettres, sciences du langage, arts : 20 % ;

- sciences humaines et sociales : 12 % ;

- droit, sciences politiques : 11 % ;

- filières de santé : 9 % ;

- sciences de la vie, de la terre et de l'univers : 5 %.

Sur l'ensemble des étudiants inscrits dans les universités françaises en 2007-2008 et en 2008-2009, on constate une augmentation du nombre d'étudiants inscrits en licence (+ 0,5 %), en master (+ 2,8 %) et en doctorat (+ 1 %). Cette tendance résulte l'accent mis sur les formations de haut niveau en matière de promotion et aux efforts accomplis par les SCAC, les Centres pour les études en France (CEF) et les services consulaires.

4. Une place insatisfaisante dans le classement des systèmes d'enseignement supérieur les plus attractifs

La mobilité internationale des étudiants et des chercheurs apparaît aujourd'hui de plus en plus comme un instrument destiné à équilibrer les marchés nationaux du travail. Sur la base de réflexions stratégiques, différents États ont renforcé leurs dispositifs destinés à constituer, attirer et conserver un « réservoir » de personnels scientifiques et techniques.

Par ailleurs, la mobilité internationale assure la compétitivité internationale des établissements d'enseignement et des laboratoires de recherche publics et privés, compétitivité de plus en plus évaluée au travers des classements internationaux (le classement de Shanghai notamment, dont les critères sont certes controversés mais dont la notoriété est durablement installée).

Le nombre d'étudiants étrangers inscrits dans des établissements d'enseignement supérieur a ainsi doublé au cours des vingt dernières années.

Les États-Unis arrivent clairement en tête de ce classement. Ils continuent de constituer la destination favorite des étudiants et des chercheurs étrangers, notamment grâce à l'extraordinaire potentiel de leurs universités qui, au moins en ce qui concerne les plus prestigieuses d'entre elles, se sont mobilisées pour continuer à attirer le plus grands nombre d'étudiants et de chercheurs étrangers, en particulier les doctorants et les post-doctorants.

Les États-Unis ont ainsi accueilli 623 805 étudiants étrangers au cours de l'année scolaire 2007-2008, soit 7 % de plus que l'année précédente, mais leur suprématie se trouve désormais remise en cause. En effet, d'autres pays tels que le Royaume-Uni, l'Australie et la Chine ont développé de solides politiques d'attractivité en direction des étudiants étrangers.

L'Australie se classe, en effet, en deuxième position. La progression amorcée en 2006 du nombre d'étudiants étrangers s'inscrivant dans le système éducatif australien se poursuit : plus de 435 000 étudiants ont séjourné dans les universités australiennes en 2008, soit une augmentation de 17,6 % par rapport à 2007. Ce chiffre représente près de 20 % de l'effectif total des étudiants. En 2008, le nombre de Français inscrits dans des établissements australiens s'est élevé à 3 742, soit une augmentation de 85 % depuis 2002 !

La politique du gouvernement australien a essentiellement pour objectif de promouvoir la croissance dans la zone Asie-Pacifique, c'est pourquoi la quasi-totalité des 9 000 bourses octroyées chaque année se concentre sur une trentaine de pays partenaires de la région.

Le Royaume-Uni arrive en troisième position avec 341 790 étudiants étrangers accueillis en 2007-2008 (soit une diminution 2,7 % depuis l'année précédente). Le pourcentage d'étudiants étrangers accueillis par les 166 universités britanniques représente ainsi 14,8 % de la population étudiante. En 2007-2008, il y avait 12 685 étudiants français sur le sol britannique.

Les frais d'inscription pour un étudiant étranger sont de deux à trois fois plus élevés que pour un étudiant ressortissant de l'Union européenne. Les étudiants étrangers représentent donc une importante source de revenus pour les établissements britanniques qui proposent des produits de plus en plus concurrentiels sur le marché international de l'éducation. Ils sont aujourd'hui perçus comme entrant en concurrence avec les étudiants britanniques qui rencontrent des difficultés pour s'inscrire. Les difficultés financières liées à la crise ont par ailleurs un impact certain sur les mobilités étudiantes.

L'Allemagne, avec 233 066 étudiants étrangers dans ses universités en 2008 (soit 12 % des effectifs inscrits dans l'enseignement supérieur), se place en cinquième position derrière la France. La croissance en 2008 du nombre des étudiants internationaux poursuit son tassement par rapport aux années antérieures (+ 14,3 % en 2003 ; + 10,5% en 2004 ; + 3,5 % en 2005 ; + 1,5 % en 2006 ; - 0,01 % en 2007 ; - 5,4 % en 2008).

L'Office allemand des échanges universitaires (DAAD) reste en Allemagne l'un des acteurs essentiels de la mobilité universitaire et professionnelle et du financement des bourses.

Il convient désormais d'intégrer dans ce paysage la Chine qui se hisse pratiquement à égalité avec l'Allemagne. En effet, selon le ministère de l'éducation chinois, le nombre d'étudiants étrangers en Chine a atteint 223 499 en 2008, soit une hausse de 14,32 % par rapport à l'année précédente, accueillis par 592 établissements d'enseignement supérieur à travers le pays.

La Chine est devenue une destination populaire pour les étudiants étrangers. Ces dernières années, le gouvernement chinois a augmenté le montant et le nombre des bourses accordées aux étudiants étrangers. En 2008, 13 516 étudiants étrangers ont ainsi reçu des bourses du gouvernement chinois, soit une hausse annuelle de 33,15 %.

L'IMPACT DE LA CRISE DES UNIVERSITÉS ET DE LEUR BLOCAGE SUR LA SITUATION DES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS EN FRANCE EN 2008-2009

I. Un impact limité de la crise des universités sur les étudiants étrangers en France pendant l'année universitaire 2008-2009

En ce qui concerne les candidats étrangers boursiers du Gouvernement français, le Centre national des oeuvres universitaires et scolaires (CNOUS) a indiqué que seule une douzaine d'entre eux seraient concernés par les reports d'examens ; leur situation aurait été traitée directement au cas par cas par le SCAC de l'ambassade de France située dans leur pays d'origine.

L'annulation de sessions d'examens et l'organisation de sessions de rattrapage ont surtout posé problème aux étudiants étrangers poursuivant leurs études en France dans le cadre d'un programme de coopération avec leur établissement d'origine. Effectivement, ne pouvant passer la totalité de leurs examens en France, ils éprouvent de graves difficultés à faire valider leur année d'études à l'étranger, car ils ne sont pas en mesure de justifier un nombre de crédits suffisants. Nos postes diplomatiques au Canada , Mexique et à Maurice nous ont fait part du mécontentement de certains étudiants à la suite de l'impossibilité de valider complètement l'ensemble des cours suivis en France. Les universités canadiennes, notamment, ont été affectées par ce problème et pourront dans l'avenir se montrer plus réticentes à la mobilité de leurs étudiants vers la France.

Un nombre important d'étudiants étrangers sont inscrits dans des établissements n'ayant pas été concernés par ces perturbations, tels que la moitié des 83 universités ainsi que les différentes écoles faisant partie du système d'enseignement supérieur.

II. Une attractivité de l'enseignement supérieur français maintenue malgré les mouvements de grève au sein des universités

Si le dysfonctionnement de certaines universités ne semble avoir un impact que sur un nombre limité d'étudiants étrangers, il s'agit maintenant de s'interroger sur les éventuelles conséquences que cette crise pourrait avoir sur l'attractivité de l'enseignement supérieur français.

À travers l'application logicielle « CEF-Pastel » développée par le ministère des affaires étrangères, il est possible d'obtenir des statistiques sur les candidatures d'étudiants étrangers émanant des 30 pays disposant du dispositif « Centre pour les études en France » (CEF). Ce contingent d'étudiants représente plus de 80 % du flux total d'étrangers s'inscrivant dans un établissement d'enseignement supérieur en France, ce qui permet d'obtenir une tendance globale assez proche de la réalité.

Si l'on compare les campagnes 2008 et 2009 sur une période allant du 1 er octobre au 31 juillet, on constate les évolutions suivantes :

- 182 398 dossiers ont été déposés par les étudiants contre 154 610 en 2008, soit une augmentation de 18 % ;

- 77 263 formulaires ont été complétés par les étudiants sur l'application CEF contre 72 425 en 2008, soit une hausse 7 % ;

- 67 621 dossiers ont été validés par les espaces CampusFrance à procédure CEF contre 51 351 en 2008, soit une augmentation de 32 % du nombre de dossiers soumis aux établissements d'enseignement supérieur.

Après consultation des postes diplomatiques à l'étranger, il s'avère que les bouleversements rencontrés en France au niveau des universités n'auraient eu qu'un impact très limité sur les candidatures d'étudiants étrangers. D'une façon générale, il a été constaté un problème de communication avec les universités concernées par ces blocages qui répondaient parfois avec beaucoup de retard aux demandes des candidats . Certains étudiants risquent maintenant d'obtenir leur visa tardivement et de ne pas être présents au moment de la rentrée universitaire.

En Afrique de l'Ouest, il semblerait que la crise des universités en France n'ait eu aucun impact sur l'attractivité de l'enseignement supérieur français. Il faut souligner aussi que la France demeure le premier pays d'accueil des étudiants de cette région, d'où une forte mobilité malgré la conjoncture actuelle des universités françaises.

La situation dans les pays du Maghreb s'avère assez similaire à celle décrite pour la région de l'Afrique de l'Ouest, ce qui signifie que la réputation de l'enseignement supérieur français ne devrait pas se voir ternie et le flux d'étudiants vers la France devrait être constant, voire croissant.

En Asie, et plus précisément en Russie, en Chine et en Corée du Sud, il semblerait que les grèves menées dans les universités françaises n'aient reçu qu'une très faible couverture médiatique et que, par conséquent, aucun impact particulier n'est à signaler.

Sur le continent américain, nos ambassades au Canada, aux États-Unis et au Mexique nous ont transmis les préoccupations de certaines universités disposant de programmes d'échanges avec des établissements français. Les difficultés de validation de crédits rencontrées par leurs étudiants envoyés en France cette année pourraient peut-être les amener à réduire dans l'avenir la mobilité de leurs étudiants vers notre pays. Le rôle de nos représentants diplomatiques dans les prochains mois sera de les rassurer à ce sujet.

Source : Ministère des affaires étrangères et européennes.

* 3 La collecte et l'édition de ces données sont de la responsabilité du ministère de l'éducation nationale. Le système SISE comprend les 83 universités publiques françaises, les trois instituts nationaux polytechniques, les trois universités de technologie, les cinq établissements spécifiques à l'agglomération parisienne (INALCO, Institut d'études politiques de Paris, Observatoire de Paris, Institut de physique du globe et Paris-Dauphine), ainsi que l'école du paysage de Blois.

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