B. ENCOURAGER LA LECTURE PUBLIQUE

Le 30 mars 2010, le ministre de la culture a énoncé 14 propositions pour le développement de la lecture. Selon le ministère de la culture, la question « ne peut être conçue qu'en termes d'échange et de partenariat, d'où le concept de « propositions », et non pas de « plan » ou de « programme ». Ces propositions s'articulent autour de 3 axes :

• l'adaptation des structures aux nouveaux usages ;

• l'accompagnement des projets innovants ;

• la conception d'outils d'aide à la décision.

Les propositions s'adressent aussi bien au monde associatif, qui oeuvre dans le domaine du développement de la lecture publique, qu'aux bibliothèques des collectivités territoriales.

Le soutien au développement de la lecture bénéficie de 1,129 million d'euros en AE=CP en crédits centraux (dont ils représentent 55 %) et de 7,63 millions d'euros en AE=CP en crédits déconcentrés (dont ils représentent près de 77 %). Le budget consacré à cette politique doit permettre de financer les propositions évoquées ci-avant. Votre rapporteur souhaite mettre l'accent sur celles qui concernent principalement les bibliothèques.

1. L'adaptation des structures aux nouveaux usages

Il s'agit du premier axe autour duquel s'articulent les propositions pour le développement de la lecture.

Proposition 1 : « Un nouveau projet pour la Bibliothèque publique d'information (Bpi - Centre Pompidou) pour en faire un établissement pilote et innovant en matière de lecture publique ».

L'objectif annoncé par le ministère de la culture et de la communication est de rendre à la Bpi son rôle d'établissement pilote en matière d'usages dans le secteur de la lecture publique, grâce à la nomination d'un nouveau directeur (Patrick Bazin, précédemment directeur de la bibliothèque municipale de Lyon) et au lancement d'une mission d'appui de l'Inspection générale des affaires culturelles et de l'Inspection générale des bibliothèques.

Par conséquent, l'année 2011 verra la mise en oeuvre du projet d'établissement dont les futures conclusions auront un impact budgétaire, avec une hausse des besoins d'investissement. Comme l'indique le ministère de la culture et de la communication, un double objectif sera poursuivi :

- « redonner à la Bpi le dynamisme et l'exemplarité qui la caractérisait pendant les vingt premières années de son histoire, en tenant compte de l'évolution des pratiques culturelles et éducatives des publics (plus particulièrement des jeunes, qui ont tendance à s'éloigner du livre), de la prégnance croissante de la culture numérique et du rôle de la lecture dans le maintien de la cohésion sociale ;

- définir une stratégie cohérente de partenariats et mettre la Bpi en ordre de marche afin qu'elle puisse aider les bibliothèques publiques françaises dans leur développement et leur coopération mutuelle » . Cette stratégie, basée sur l'expérimentation conjointe de nouveaux services, la diffusion des bonnes pratiques ou la mise en place de réseaux thématiques, devra porter sur des enjeux divers : l'accès le plus large possible aux ressources électroniques payantes, la mise en oeuvre de nouveaux dispositifs de médiation autour du livre, le développement de la lecture chez les adolescents, la lutte contre les diverses fractures culturelles (socio-économique, numérique, multiculturelle, liée au handicap), ou encore la mobilisation concertée des savoir-faire bibliothécaires pour un usage maîtrisé du web.

Pour 2011, la Bpi disposera de 7,015 millions d'euros d'après le projet annuel de performances, dont 6,64 millions d'euros au titre du fonctionnement et 0,375 million au titre de l'investissement. Ce montant destiné à la Bpi représente 36,41 % des crédits totaux de la sous-action 3 « Développement de la lecture et des collections » . Ces crédits sont en légère hausse par rapport à l'année dernière (6,81 millions), ce qui paraît justifié au regard du rôle pilote que la bibliothèque jouera dans le développement de la lecture.

La politique de coopération de la Bpi

La mission nationale de la Bpi couvre au profit des bibliothèques en région de nombreux champs :

- études nationales : la Bpi procède chaque année à des études nationales sur le livre et la lecture sur demande du ministère de la culture et de la communication : enquête sur la librairie (2008-2009), étude sur le lectorat de la bande dessinée (2010-2011) ;

- enquêtes locales et évaluation : la Bpi analyse régulièrement les usages et pratiques de ses publics et a développé des compétences particulières en matière d'évaluation. Elle fait bénéficier la communauté professionnelle de cette expérience (enquête de fréquentation tous les 2 ans, évaluation annuelle de la consultation sur place depuis 2003, analyse de l'usage des ordinateurs personnels en bibliothèque en 2010, usages et attentes des publics du champ social en 2010, etc.) ;

- consortium pour l'acquisition de ressources électroniques (CAREL) : la Bpi négocie des tarifs à l'usage de l'ensemble des bibliothèques publiques avec les éditeurs et fournisseurs de ressources. Un nombre croissant d'établissements en bénéficient (161 en 2008, 214 fin 2009). À ce titre, la Bpi a participé au schéma numérique des bibliothèques en 2009 et fait des propositions relatives à la création de licences nationales et d'une plate-forme de gestion ;

- catalogue national pour l'audiovisuel : la Bpi sélectionne des films documentaires non édités pour en acquérir les droits de représentation et de prêt au bénéfice des bibliothèques publiques : fin 2008, le catalogue comptait 1 443 titres et 554 établissements avaient acquis des supports DVD ou reçu gratuitement des fichiers numériques ; fin 2009, 1 481 titres étaient disponibles et 599 bibliothèques utilisaient le catalogue ;

- autoformation : depuis 2009, dans un contexte où la formation tout au long de la vie fait de plus en plus partie des missions des bibliothèques publiques, la Bpi met à disposition gratuitement pour une durée limitée des logiciels d'autoformation dans des bibliothèques partenaires (en 2010, 10 bibliothèques en région, 8 à Paris). L'objectif est d'encourager le développement de cette offre et de permettre à ces établissements de tester ce service auprès de leur public ;

- réseau « bibliosésame » : la Bpi pilote depuis 2006 le réseau « bibliosésame », service de questions-réponses à distance par courriel dans lequel les bibliothécaires mettent en commun leurs compétences et leurs ressources, en se répartissant les questions selon leurs compétences spécifiques.

Des échanges avec le réseau mondial sont possibles grâce à l'utilisation d'un logiciel commun créé et géré par la Bibliothèque du Congrès (USA). Le réseau fonctionne en 2010 avec les bibliothèques suivantes : Amiens, Brest, Cergy-Pontoise, Lille, Limoges, Marseille, Martigues, Metz, Montpellier, Sainte-Geneviève (Paris), Institut du monde arabe (Paris), Reims, Bibliothèque départementale de Saône-et-Loire, Strasbourg (ville et communauté urbaine), Toulouse, Troyes, Valenciennes. Le nombre de questions traitées dans le réseau a augmenté de 20,20 % en 2008 et de 24,50 % en 2009. La création fin 2009 d'un site national, www.bibliosesame.org, s'est accompagnée en 2010 d'une campagne de communication qui a permis d'accroître sensiblement l'activité du réseau ;

- « Alphabib » : la Bpi anime un travail collaboratif sur l'accueil des personnes handicapées dans les bibliothèques ; environ 50 bibliothèques y participaient en 2009. La nouvelle version de l'outil d'échange (« wiki ») mise en place en 2010 et la journée professionnelle organisée à Rennes sur l'accessibilité numérique ont entraîné la participation de dix nouvelles bibliothèques.

Source : ministère de la culture et de la communication - réponse au questionnaire budgétaire - PLF pour 2011

Proposition 2 : « Développer l'action de la Bibliothèque nationale de France (BnF) en direction des populations éloignées de la lecture ».

Cela devrait se faire en s'appuyant sur le nouveau projet pour le haut-de-jardin du site François-Mitterrand, avec l'objectif d'une diversification sociale de ses publics.

Proposition 3 : « Étendre les horaires d'ouverture pour les 50 bibliothèques municipales les plus importantes ».

Il s'agit d'intensifier les projets d'extension des horaires d'ouverture des bibliothèques municipales afin de rattraper les standards européens en la matière ; d'où l'idée de passer à 50 heures d'ouverture pour les 50 premières bibliothèques françaises d'ici à 5 ans. La mise en oeuvre s'est concrétisée par un appel à projets annuel lancé le 23 juin 2010. Le soutien de l'État est un soutien financier dégressif sur 3 ans ; les expériences seront à terme modélisées et mises à disposition de tous. L'enveloppe réservée pour les candidats retenus en 2010 est de 200 000 euros. Un nouvel appel à projets est prévu en 2011.

Propositions 4 à 7 : « Proposer aux collectivités territoriales un contrat numérique pour les bibliothèques se déclinant en 4 volets ».

Il s'agit de 4 propositions distinctes mais articulées :

• « moderniser » les crédits du concours particulier « bibliothèques » de la dotation générale de décentralisation (DGD) en l'adaptant aux nouveaux usages numériques en matière de lecture (voir ci-dessus) ;

• pour qu'en conséquence, d'ici à 2015, l'ensemble des bibliothèques et médiathèques des communes de plus de 20 000 habitants soient informatisées, disposent d'un site Internet et offrent des ressources électroniques à leurs lecteurs ainsi qu'un accès à Internet, de préférence gratuit pour l'usager ;

• et que des partenariats avec cinq grandes bibliothèques en région permettent la création de bibliothèques numériques de référence ;

• enfin, moderniser la mise à disposition gratuite des conservateurs d'État au moyen de conventions tournées vers l'expertise numérique. En lien avec le service du livre et de la lecture, la mise en oeuvre des nouvelles conventions qui encadrent désormais les missions de ces personnels d'État sera évaluée, et les différentes actions menées dans ce nouveau cadre seront précisément identifiées.

2. L'accompagnement des projets innovants

Proposition 8 : « Lutter contre les inégalités territoriales d'accès au livre et à la lecture par la création de contrats territoires-lecture ».

Pour lancer ces « contrats-territoires-lecture », 2 millions d'euros seraient réservés en faveur de projets de territoire innovants en matière de lecture publique, plus particulièrement ciblés dans les quartiers périphériques et les zones rurales, et dédiés aux publics éloignés du livre (personnes handicapées, personnes emprisonnées, ...). Il s'agit de contrats de partenariat entre l'État, les collectivités et des représentants du milieu associatif . La participation de l'État représenterait 50 % du coût des projets. La mise en oeuvre, qui vient d'être lancée, va se réaliser jusqu'en 2011 :

• au deuxième semestre 2010, sont prévus :

- une consultation des partenaires potentiels (associations d'élus, milieu associatif, professionnels des bibliothèques) pour affiner la définition et les attentes liées à ces contrats ;

- le soutien financier à quelques « contrats-villes-lecture » susceptibles d'évoluer en contrats-territoires (ces crédits, déconcentrés, sont identifiés sur les crédits du « plan rural » du ministère ; ils représentent moins de 50 000 euros) ;

• en 2011, le lancement à grande échelle des contrats-territoires-lecture aura lieu, avec peut-être une montée en charge financière qui permettrait d'atteindre progressivement 2 millions d'euros. Il s'agira de crédits déconcentrés, suivis par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC).

3. La conception d'outils d'aide à la décision

Proposition 13 : « Rénover les outils de connaissance de l'activité des bibliothèques publiques sur l'ensemble du territoire national pour une meilleure évaluation de leurs activités ».

Il s'agit de mieux connaître et faire connaître les lieux de lecture publique et leurs activités, en modernisant le système d'information national de l'Observatoire de la lecture publique du ministère (élargissement du champ d'observation de 4 000 à 16 000 lieux de lecture publique, adaptation aux échanges internationaux de données, restitution dynamique des résultats grâce à Internet). La mise en oeuvre est en cours :

- un circuit rénové de remontée des statistiques a été expérimenté en 2010 auprès de 7 départements, il sera étendu à 5 régions en 2011 ;

- l'outil de visualisation, porté techniquement et financièrement par les services de la Bibliothèque publique d'information, sera présenté en septembre 2010 (première maquette) et mis en activité progressivement à partir de la fin de l'année.

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