c) « L'habitat insalubre et indigne dans les départements et régions d'outre-mer : un défi à relever », rapport de Serge Letchimy, député de Martinique, septembre 2009

Serge Letchimy a d'abord travaillé comme urbaniste à la mairie de Fort-de-France, puis a été élu local, maire de la ville et député. Depuis 2010, il est président du conseil régional de Martinique. En 2009, il a établi, à la demande du Gouvernement, un rapport qui fait référence sur l'habitat insalubre dans les Dom et qui lui a permis de préparer et présenter la proposition de loi aujourd'hui en débat.

Selon les estimations basses fournies par les administrations locales à l'occasion de ce rapport, l'habitat insalubre est évalué à 15 000 logements en Guadeloupe, 6 000 en Martinique, 10 000 en Guyane et plus de 16 000 à La Réunion. Plus de 150 000 personnes habitant dans ces quelque 50 000 locaux seraient ainsi touchées .

Il s'agit principalement d'un habitat « informel » , formé de constructions et installations implantées sans droit ni titre, formant de véritables zones ou poches d'urbanisation de fait, sans desserte, assainissement, eau potable ou autres équipements publics.

Le rapport déplore l'impact trop limité des opérations de RHI, la perte de dynamique de la politique de la ville, la faiblesse du traitement des constructions insalubres, de la production de logements et des relogements et la longueur des procédures.

Les procédures et les outils, tant en matière de RHI que de police administrative (arrêtés d'insalubrité ou de péril), sont clairement dénoncés comme inadaptés aux spécificités des départements d'outre-mer ou obsolètes.

En outre, l'habitat indigne est mal connu par les acteurs, à l'exception de La Réunion qui a construit et mis à jour un inventaire géographique et quantitatif des différentes formes d'insalubrité repérées.

Au final, le rapport propose un véritable plan d'action pour faire de lutte contre l'habitat indigne une priorité absolue de la politique du logement et de la politique sociale dans les Dom.


Les 14 propositions du rapport Letchimy

1°) Inciter chaque commune et chaque établissement public de coopération intercommunale (EPCI) des Dom à mettre en place un « plan communal de résorption de l'habitat insalubre et informel » (PCRHII) comportant une identification de l'habitat spontané et insalubre sur son territoire ainsi que des objectifs quantitatifs et qualitatifs. L'État soutiendrait ces plans par une dotation spéciale pour la lutte contre l'habitat insalubre et informel ;

2°) mettre en place entre l'Etat, les communes et les opérateurs, des conventions et des instances de pilotage pour toutes les opérations publiques traitant de l'insalubrité ;

3°) mettre en place des pôles départementaux de lutte contre l'habitat indigne, assurant le pilotage d'un plan d'action départemental fixant les priorités de l'État et de ses partenaires institutionnels ;

4°) ouvrir une formation « départements d'outre-mer » au pôle national de lutte contre l'habitat indigne (PNLHI) afin de soutenir les responsables locaux, fournir de l'information et de la documentation ;

5°) modifier la législation afin notamment de permettre dans les Dom l'indemnisation pour perte de jouissance des « occupants fonciers sans titre » expulsés pour les besoins d'une opération d'aménagement, de travaux d'équipements publics ou pour des raisons de sécurité (dans les zones de risques naturels) ;

6°) introduire dans la législation des dispositions spécifiques aux Dom en matière de police administrative, adaptées à la situation des « occupants fonciers sans titre » ;

7°) permettre, le cas échéant en modifiant la loi de 30 décembre 1996 relative aux zones des cinquante pas géométriques, les opérations de résorption de l'habitat insalubre dans ces zones ;

8°) distinguer le type d'opérations publiques dans les quartiers d'habitat informel, entre les quartiers insalubres et les quartiers d'habitat spontané ;

9°) adapter les financements des opérations de RHI pour favoriser la régularisation et le maintien sur place des occupants sans titre avec l'amélioration de leur habitat dans des opérations d'accession-amélioration ;

10°) mettre en place des opérations légères d'amélioration de l'habitat pour traiter des situations urgentes hors et dans les opérations de RHI ;

11°) adapter les outils financiers à mobiliser selon les différentes situations à traiter (ligne budgétaire unique ; fonds Barnier...) ;

12°) favoriser la création de fonds locaux regroupant des crédits d'origines diverses à l'appui des opérations de lutte contre l'insalubrité ;

13°) réécrire la circulaire RHI Dom pour faciliter la lutte contre l'habitat indigne et informel dans ces départements ;

14°) créer un comité de suivi chargé d'accompagner la mise en oeuvre de ces propositions pendant une durée de trois ans.

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