III. HÉBERGEMENT D'URGENCE, PRÉPARER L'APRÈS-CRISE

A. UNE REMARQUABLE PRISE EN CHARGE LORS DE LA CRISE SANITAIRE

Il convient de saluer l'action qui a été menée par le Gouvernement en matière d'hébergement d'urgence pendant la crise sanitaire. M. Julien Denormandie, ministre du logement durant cette période, a fait montre d'une grande volonté. Il est resté tout au long des événements à l'écoute des associations avec lesquelles il tenait des réunions très régulières.

« 450 millions d'euros supplémentaires pendant la crise »

Sans entrer dans tous les détails, il peut être souligné que le Gouvernement a organisé la mise à l'abri de plus de 180 000 personnes et a assuré l'isolement des malades dans des structures spécifiques. 61 400 places de nuitées hôtelières ont été financées, soit 12 000 de plus qu'en 2019 et une augmentation de 24 %. Budgétairement parlant, pour un programme qui pèse environ 2 milliards d'euros, 450 millions de crédits ont été ouverts dans les lois de finances rectificatives de juillet et novembre, soit + 22,5 %. Le « quoi qu'il en coûte » a trouvé en l'espèce une belle illustration. Des consignes ont été données aux préfets pour qu'à la fin de la trêve hivernale, qui a été reportée à l'été, aucune personne ne soit remise à la rue sans solution de logement. Concrètement, aujourd'hui, selon les informations transmises, plus de 28 000 personnes restent toutefois sans solution.

B. PRÉPARER L'APRÈS CRISE, DES MESURES FORTES DANS LE PLF

Dans le PLF 2021, le Gouvernement a pris des mesures importantes . Comme ces dernières années, le budget du programme 177 dédié à ces questions a fait l'objet d'un rebasage pour atteindre 2,2 milliards d'euros, soit moins que la dépense exceptionnelle de 2020, qui a atteint 2,4 millions d'euros, mais 210 millions d'euros de plus que dans le budget 2019 . Ces moyens supplémentaires vont servir à pérenniser de nouvelles places d'hébergement, 14 000 sur deux ans dont 1 000 pour les femmes victimes de violence, le développement de la politique dite du « logement d'abord » avec 64,5 millions d'euros pour favoriser l'intermédiation locative et les pensions de famille. Il consacrera également 12 millions d'euros pour le repérage et l'orientation des personnes hébergées en créant notamment 150 postes dans les Services intégrés d'accueil et d'orientation, les SIAO.

Par ailleurs, 1,7 % du plan de relance, soit un peu moins de 200 millions d'euros , est consacré aux personnes précaires. La moitié environ sera dévolue aux associations de lutte contre la précarité et l'autre moitié sera employée à améliorer les structures d'hébergement . 50 millions d'euros iront à la création de places et à l'humanisation des structures et 30 millions au rachat d'hôtels, à la construction de logements modulaires et à l'accélération du plan de traitement des foyers de travailleurs migrants.

Ce sont des évolutions que nous avions demandées dans le rapport sur la crise et les moyens de la relance, notant en particulier que les hébergements collectifs sans intimité ni isolement étaient complètement dépassés à l'heure de la Covid-19. Il faut s'en féliciter.

En outre, l'expérience dans les Alpes-Maritimes du pilotage de deux territoires d'accélération de la politique du logement d'abord à travers la communauté d'agglomération de Sophia Antipolis et la métropole de Nice Côte d'Azur montre que c'est efficace. Il est réellement nécessaire de rénover les foyers de travailleurs migrants qui accueillent une population vieillissante et fragile compte tenu de l'épidémie actuelle. Les conditions d'hébergement datent souvent, comme à Nice, des années 1970. Leur transformation en résidence sociale contemporaine est donc très attendue.

La crise que nous traversons doit donc être l'occasion d'impulser une vraie évolution structurelle de la manière dont nous abordons le sans-abrisme et le mal-logement .

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