CHAPITRE V -

DES MESURES IMPORTANTES EN FAVEUR
DU PARC DE LOGEMENTS PRIVÉS

Comme en 1998, le projet de loi de finances prend des engagements importants vis-à-vis du parc de logements privés.

I. LA CONSOLIDATION DES EFFORTS BUDGÉTAIRES EN MATIÈRE DE RÉHABILITATION

1. La reconduction des crédits budgétaires de l'ANAH

•  L'ANAH, créée en 1971, a pour objet d'aider à la réhabilitation des logements locatifs, achevés depuis plus de quinze ans, appartenant à des propriétaires privés.

Pour cela, depuis 1987, l'ANAH reçoit une dotation du budget de l'Etat et attribue des subventions pour des travaux d'amélioration. Après travaux, les propriétaires prennent l'engagement de louer le logement à titre de résidence principale pendant dix ans et ils sont redevables de la taxe additionnelle au droit de bail, sauf si les loyers perçus sont trop faibles (moins de 12.000 F par an).

Les travaux doivent permettre d'améliorer l'habitat en matière de sécurité, de salubrité, d'équipement et d'accessibilité aux handicapés, ou encore d'économiser l'énergie et d'améliorer l'isolation acoustique.



•  Le taux de subvention de l'ANAH est en général de 25 % du coût des travaux éligibles.

Il peut être porté à 35 % lorsque le logement situé dans une opération programmée d'amélioration de l'habitat (OPAH) fait l'objet d'une convention passée entre l'Etat et le bailleur rendant obligatoires un plafond de ressources pour les locataires et un plafond de loyer ; en outre, il peut être porté de 35 % à 40 % pour les logements conventionnés en OPAH sous réserve de l'octroi d'une subvention complémentaire de 5 % versée par une collectivité locale.

Le taux de subvention peut être porté de 40 à 70 % lorsque le logement est destiné à des personnes défavorisées dans le cadre des programmes sociaux thématiques (PST).

En zone centrale Ile-de-France (Paris et les trois départements limitrophes), le taux de subvention peut être de 40 % pour les logements à loyer intermédiaire et 50 % pour les loyers conventionnés à l'APL.



En 1997, le bilan détaillé de l'action de l'ANAH montre son impact positif en matière d'aménagement du territoire, de revitalisation des bourgs-centres par la remise sur le marché de logements vacants.

Les crédits disponibles se sont élevés à 2,34 milliards de francs, grâce à la dotation initiale de 2,01 milliards de francs, à laquelle se sont ajoutés 200 millions de francs au titre du programme supplémentaire de réhabilitation et 123 millions de francs de subventions attribuées les années précédentes et auxquelles leurs bénéficiaires ont renoncé.

Ces crédits ont généré un montant de travaux subventionnables de 8.752 millions de francs (hors honoraires) et ont permis de subventionner 107.600 logements.

La part du secteur diffus, qui était en diminution constante depuis 1994, progresse en 1997, au détriment du secteur programmé (OPAH et PST). Néanmoins, les 644 OPAH en cours ont mobilisé 36 % des crédits de l'Agence, pour 26.800 logements subventionnés et 3,4 milliards de francs de travaux.

Le nombre de logements subventionnés par l'ANAH et conventionnés, qui avait continué à croître les années précédentes pour atteindre 12.200 logements en 1996, se stabilise autour de 9.100 logements en 1997.

Cependant, plus de 16.000 logements ont bénéficié d'une subvention majorée en contrepartie d'un engagement de modération de loyer et ont mobilisé 38 % des subventions de l'ANAH.

Le recentrage sur les opérations de réhabilitation importante se confirme. En moyenne, les travaux sont légèrement supérieurs à 100.000 francs par logement subventionné contre 67.000 francs avant la réforme des conditions d'attributions décidées en 1994.

La remise sur le marché de logements vacants constitue une part importante de l'activité de l'ANAH, qui a ainsi aidé à remettre sur le marché, avec tous les éléments de confort nécessaires, 35.000 logements vacants en 1997 . Un tiers des logements subventionnés par l'ANAH en 1997 étaient vacants, contre un peu plus de 20 % en 1993. Les opérations menées avec les collectivités locales contribuent fortement à la remise sur le marché de ces logements : 40 % des logements subventionnés dans les OPAH et 78 % dans les PST sont remis sur le marché. En 1997, les subventions attribuées pour la remise de logements vacants sont évaluées à 1.650 millions de francs, soit 70 % du total des subventions attribuées. Le montant moyen des travaux par logement vacant est de 223.000 francs, soit plus du double du montant constaté pour les autres logements subventionnés. Cet effort a porté principalement sur des logements dont la vacance était ancienne.



•  En 1998, et dans le projet de loi de finances pour 1999, les dotations sont reconduites au même niveau, soit 2,2 milliards de francs, et l'ANAH envisage de réhabiliter plus de 100.000 logements , générant ainsi près de 11 milliards de francs de travaux.

- L'ANAH souhaite confirmer sa vocation au service de l'aménagement du territoire par sa participation à près de 200 OPAH nouvelles, consacrées notamment à la revitalisation des centres-villes et centres-bourgs et un engagement accru dans le monde rural. En effet, l'article 54 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier a étendu le champ d'intervention de l'Agence dans les zones de revitalisation rurales. Les subventions de l'ANAH peuvent désormais aider à la transformation en logements locatifs à usage de résidence principale, de locaux non affectés initialement à cet usage, dès lors qu'ils sont situés dans une zone bâtie agglomérée. Cette mesure aura un effet positif sur la mise en valeur du patrimoine rural et permettra de répondre localement aux besoins en logements locatifs.

- De plus, elle entend maintenir sa politique d'aide à la remise sur le marché de logements vacants ; s'agissant de la revalorisation des centres urbains et des centres-bourgs, la commission d'amélioration de l'habitat peut décider de majorer au cas par cas les plafonds de dépenses subventionnables, lorsqu'il s'agit de logements insalubres remédiables ou de logements situés dans un immeuble à rez-de-chaussée commercial afin de rétablir des accès indépendants à ces logements. Pour les logements vacants depuis le 1 er avril 1997, la prime forfaitaire de 20.000 francs supplémentaire a été maintenue s'ils sont loués, avec conventionnement, à des personnes défavorisées.

- L'Agence confirme également ses interventions dans le domaine social, par ses actions de lutte contre le saturnisme puisque tous les travaux, qu'ils soient faits par le propriétaire ou par le locataire, continueront de bénéficier d'une subvention de 70 % dans la limite de 40.000 francs de travaux par logement. Elle prévoit également un déplafonnement du montant des travaux des logements vacants insalubres et des actions de réhabilitation des copropriétés en difficulté, faisant l'objet d'un plan de sauvegarde.

- Enfin, le projet de loi de finances soumet au taux réduit de TVA (5,5 % au lieu de 20,6 %) les travaux d'amélioration subventionnés par l'ANAH, dans le cas où ces logements sont conventionnés à l'APL. Cette mesure permettra pour le propriétaire bailleur, qui accepte de conventionner ainsi son logement, de bénéficier d'une aide, plus importante qu'auparavant, en cumulant la subvention de l'ANAH et l'avantage fiscal.

S'agissant des dotations budgétaires prévues pour l'ANAH, votre rapporteur prend acte de leur reconduction pour 1999, mais il estime qu'au-delà, les crédits budgétaires devront à nouveau progresser compte tenu de l'élargissement très heureux de son champ d'intervention .

Il suggère également que soit revue la liste des dépenses subventionnables par l'ANAH afin de l'adapter aux exigences nouvelles en matière de lutte contre le bruit, de sécurité, et de mise aux normes (amiante : saturnisme). Il conviendrait également d'accroître le taux de subvention, d'actualiser les plafonds de dépenses prises en compte et enfin de simplifier les procédures, notamment lorsque les montants en cause sont faibles.

2. La reconduction des crédits de la prime à l'amélioration de l'habitat

- La prime à l'amélioration de l'habitat est une subvention réservée aux propriétaires occupants dont les ressources ne dépassent pas 70 % des plafonds de ressources des anciens PAP 2( * ) . Le taux de base de la subvention est de 20 % (25 % dans les opérations programmées d'amélioration de l'habitat). Le taux est majoré à 35 % lorsque les ressources sont inférieures à 50 % des plafonds PAP, dans la limite d'une dépense subventionnable de 70.000 francs par logement.

Mais cette limite a été augmentée dans certains types d'opérations.

- Le comité interministériel pour la ville (CIV) du 9 juillet 1993 a décidé de porter le montant des travaux subventionnables à 85.000 francs par logement dans les OPAH visant à la requalification des copropriétés dégradées qui connaissent de graves difficultés. Dans ce cas, le taux de subvention est égal à 25 % du coût des travaux pour les personnes dont les ressources sont au plus égales à 100 % du plafond des PAP, et à 35 % du coût des travaux pour les personnes dont les ressources sont au plus égales à 60 % de ce même plafond. D'autre part, le comité interministériel pour l'aménagement du territoire (CIAT) du 12 juillet 1993 a décidé de porter le montant des travaux subventionnables à 85.000 francs par logement dans les zones de revitalisation rurale (ZRR).

- Enfin, le pacte de relance pour la ville de janvier 1996 comprend une mesure, qui porte majoration de 5 % du taux de la PAH, dans la limite d'un montant de travaux de 85.000 francs, dans le cadre de la réhabilitation prioritaire des copropriétés dégradées, sous réserve de la participation financière d'une collectivité locale d'un taux au moins égal à cette majoration (arrêté du 20 janvier 1997).

•  Les travaux susceptibles d'être financés à l'aide d'une PAH, définis par l'arrêté du 16 février 1990, sont les suivants :

- les travaux destinés à l'amélioration de la sécurité, de la salubrité et de l'équipement du logement ;

- les travaux destinés à économiser l'énergie dans les logements ;

- les travaux d'accessibilité des logements aux handicapés physiques et les travaux d'adaptation des logements aux besoins des travailleurs de nuit.

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit le maintien des dotations budgétaires affectées à la PAH au niveau fixé pour 1998, soit 800 millions de francs, mais lors du vote à l'Assemblée nationale en première lecture, les crédits ont été fixés à 816 millions de francs.

Votre rapporteur, compte tenu de l'impact positif de ce dispositif pour les propriétaires occupants, considère qu'il faut actualiser les plafonds de ressources, qui n'ont pas été revalorisés depuis le 1er janvier 1994 ; ils sont restrictifs, alors même que les besoins restent considérables. 2.315.000 logements ne disposent pas de tous les éléments de confort et 390.000 d'entre eux sont jugés très inconfortables, c'est-à-dire qu'ils ne disposent d'aucune installation sanitaire.

3. Le doublement du crédit d'impôt pour dépenses d'entretien

Un crédit d'impôt, institué par la loi de finances pour 1998, est ouvert aux contribuables, propriétaires ou locataires, pour les travaux d'entretien et de revêtements de surfaces, réalisés dans leur résidence principale, entre le 1 er janvier 1998 et le 31 décembre 2000.

Le plafond des dépenses pris en compte pour déterminer le crédit d'impôt était fixé à 5.000 francs pour une personne seule et 10.000 francs pour un couple assorti de majorations supplémentaires selon le nombre d'enfants. Ce dispositif constitue en réalité un substitut à l'application du taux réduit de TVA sur cette catégorie de travaux réalisés dans un logement.

Lors de l'examen en première lecture par l'Assemblée nationale du projet de loi de finances, ce crédit d'impôt a été doublé pour être porté à 10.000 francs pour une personne seule et 20.000 francs pour un ménage et le taux de déduction des dépenses a été porté à 20 % pour les travaux réalisés à compter du 15 octobre 1998.

On peut enfin également observer que le propriétaire non redevable de l'impôt sur le revenu peut obtenir le versement des sommes correspondantes.

Le coût du dispositif voté en 1998 était estimé à 1,4 milliard de francs. Les modifications apportées en 1999 représentent 960 millions de francs en année pleine, soit un crédit d'impôt total évalué à 2,3 milliards de francs.

On peut rappeler, enfin, que la réduction d'impôt pour grosses réparations, amélioration et ravalement, mise en place par la loi de finances pour 1997 représente 4 milliards de francs en année pleine.

Au total, en 1999, 5,6 milliards de francs seront consacrés en crédit d'impôt pour aider au financement des travaux réalisés sur la résidence principale.

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