C. LA GUYANE : UN DÉBUT DE REPRISE ENCORE FRAGILE

Après cinq années de crise économique, l'amélioration de la conjoncture s'est manifestée au cours du 3ème trimestre 1997, à la suite d'une relative détente du climat social.

Mais les indicateurs macro-économiques restent encore mal orientés : l'inflation est maîtrisée (+ 0,9 % en un an), mais ceci témoigne surtout de la faiblesse de la demande intérieure ; l'investissement est resté orienté à la baisse et le chômage s'est encore aggravé.

En définitive, et comme le souligne le rapport de M. Jean-François Merle élaboré en 1997 1( * ) , la crise qui frappe la Guyane n'est pas seulement économique : " c'est d'abord la crise de développement d'une région qui subit de plein fouet les contrecoups d'un marché trop étroit, où la concurrence est inexistante, d'une dépendance extrême à l'égard des financements publics et des transferts, d'une pression démographique accentuée par les effets de l'immigration, légale ou clandestine ".

L'économie guyanaise dépend à 85 % de la commande publique, en provenance de l'Etat, de la région, du département ou des communes.

1. Des évolutions différenciées selon les secteurs

Le secteur spatial demeure le moteur de l'économie du département. Au cours de l'année écoulée, 11 tirs d'Ariane 4 et 1 vol de qualification Ariane 5, tous réussis, ont permis la mise en orbite de 17 satellites commerciaux. Au 31 décembre, avec 42 satellites à lancer, le carnet de commandes assurait environ 30 mois d'activité.

Avec 250 millions de francs en 1997, le secteur aurifère s'est affirmé comme le second exportateur du département. Cependant, les incertitudes sur l'évolution des cours de l'or en dollars freinent l'activité de prospection des grandes compagnies étrangères. Les PME et les artisans ont bénéficié de la bonne tenue du franc, mais certains ont pâti de la sécheresse fin 1997 et début 1998. Des inquiétudes demeuraient également quant aux conséquences du nouveau code minier ainsi que sur l'évolution des coûts de production, notamment du coût du gazole, non détaxé, que l'ensemble de la profession considère comme prohibitif.

Malgré une forte demande mondiale et une bonne tenue des cours en francs, le secteur de la pêche crevettière a connu une année 1997 médiocre. Cette situation semble devoir être imputée à de mauvaises conditions climatiques qui ont influé sur l'importance des ressources. L'avenir de la filière ne semble pas en cause mais certaines entreprises du secteur dont la santé financière est fragile pourraient éprouver des difficultés sérieuses.

La restructuration du secteur du bois s'est poursuivie et l'essentiel de l'activité se trouve désormais assuré par trois entreprises.

Malgré une légère augmentation des surfaces cultivées et d'excellentes conditions climatiques au cours du second semestre, la production rizicole a stagné (+ 0,4 %), les exportations ont même connu un repli assez net à 51,8 millions de francs (- 13,7 %).

Le BTP, qui représente 56 % de l'emploi du secteur secondaire, a bénéficié d'un plan de relance de la commande publique portant sur 981 millions de francs de nouveaux marchés. Cependant, les retards dans le démarrage des chantiers et l'allongement des délais de paiement pèsent sur les trésoreries des entreprises déjà affaiblies par plusieurs années de crise.

Dans le commerce de détail, la demande est restée atone. Le relatif sous-équipement du département, dans le secteur de la distribution non alimentaire notamment (densité commerciale dans un rapport de 1 à 3 avec la moyenne nationale), peut contribuer à ce phénomène.

S'agissant du tourisme, ce secteur a souffert des événements du mois de novembre 1996 et de la persistance de tensions sociales fortes début 1997. Structurellement, il apparaît que les produits touristiques guyanais proposés sont chers, et que les zones touristiques à l'intérieur du département demeurent difficiles d'accès. Enfin, il faut noter que la baisse du nombre de chambres offertes, amorcée en 1995, s'est poursuivie en 1996.

2. Une situation de l'emploi dégradée

La situation de l'emploi se dégrade d'une année sur l'autre, compte tenu de la baisse de la demande publique et privée, ainsi que de l'évolution de la population active.

En 1997, le nombre de demandeurs d'emplois a augmenté de 16,4 %, une hausse très supérieure à celle enregistrée à la Martinique (+ 0,8 %), à la Guadeloupe (+ 5,8 %) et à la Réunion (+ 6,4 %). Il en résulte un rapprochement progressif de l'état du marché de l'emploi guyanais de celui des autres départements d'outre-mer. Néanmoins, le taux de chômage estimé à 25,7 % en décembre 1997 reste inférieur à celui de l'ensemble des DOM (31,8 % en décembre 1997).

Cette évolution résulte principalement de la croissance démographique, qui reste très forte. La population est passée de 25.000 habitants en 1952 à 152.000 en 1995 et elle est très jeune puisque plus de la moitié des habitants a moins de 25 ans. Elle connaît, de ce fait, un accroissement naturel encore très élevé (23,7  contre 3  en métropole).

3. Une légère amélioration du solde commercial

Hors activité spatiale, le montant des importations s'est élevé à 3.222,2 millions de francs en diminution de 14,7 % par rapport à 1996. Ce recul est surtout sensible dans le secteur des biens d'équipement et des biens intermédiaires alors que les importations de produits de base ont fortement augmenté, comme le textile et les chaussures (+ 7 %).

Globalement, -et hors activité spatiale- les exportations ont diminué de 4,9 % mais avec des évolutions très contrastées selon les secteurs. Les exportations d'or ont augmenté de + 46,7 % et le secteur forestier de + 113,6 % alors que les exportations de riz ont diminué de 13,7 % et celles de poisson de 12,2 %.

Malgré la baisse des exportations et en raison de la diminution plus forte des importations, le taux de couverture s'est stabilisé en 1997 à 21,6 %, après avoir diminué chaque année depuis 1994.

BALANCE COMMERCIALE (HORS ACTIVITÉ SPATIALE)

(millions de francs)

 

1994

1995

1996

1997

Importations globales

3 745,99

3 903,68

3 776,48

3 222,19

Exportations globales

827,26

791,60

732,03

696,38

Balance commerciale globale

- 2 918,72

- 3 112,08

- 3 044,45

- 2 525,80

Taux de couverture hors activité spatiale

22,1 %

20,3 %

19,4 %

21,6 %

Source : Service des douanes

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