V. LE CADRE CONTRACTUALISÉ DE LA POLITIQUE DE LA VILLE

La politique de la ville associe notamment l'Etat, les collectivités locales, les Caisses d'allocations familiales, la CDC et les intervenants divers issus de la société civile tels que des associations. Leurs obligations respectives sont formalisées dans des documents contractuels dont les principaux sont les PACTs 21( * ) urbains, les contrats de ville, et les conventions de sortie des opérations de quartiers du Xe plan . Ces diverses procédures contractuelles sont coordonnées avec des opérations ponctuelles telles que les grands projets urbains (GPU). Le Gouvernement a décidé d'adapter l'ensemble de ces procédures à l'occasion de la négociation des nouveaux contrats de plan Etat-Région qui couvriront la période 2000-2006.

A. LE RÉGIME ACTUEL DES PROCÉDURES CONTRACTUALISÉES

Deux cent quatorze contrats de ville ont été signés depuis 1994. Cinquante huit d'entre eux concernent l'Ile-de-France, 141 les autres régions de métropole et 15 les DOM-TOM. Comme le relève le fascicule budgétaire " jaune ", 185 agglomérations étaient initialement visées par les promoteurs de ces contrats. Les difficultés rencontrées, notamment en Ile-de-France, pour mettre en place un seul document dans certaines agglomérations expliquent que le nombre de contrats de ville y soit plus élevé que le nombre d'agglomérations qu'ils concernent. Dans le reste du pays, les deux tiers des contrats sont intercommunaux, et la moitié d'entre eux ont été signés par la Région et par le département. Quatre thèmes figurent dans tous les contrats de ville : l'adaptation des services publics, l'amélioration de l'habitat et du cadre de vie, l'insertion économique et la prévention de la délinquance. Comme l'avait recommandé votre rapporteur pour avis lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1998, ces contrats ont été prorogés en 1999, afin d'intégrer leur préparation à celle des contrats de plan Etat-région 2000-2006.

Les 26 programmes d'aménagement concerté du territoire (PACTs) urbains s'appliquent à des bassins économiques ou des agglomérations qui subissent la disparition d'une mono-industrie. Ils sont gérés conjointement par la DIV et la DATAR.

Quarante huit quartiers qui avaient bénéficié d'aides dans le cadre du Xe Plan n'ont pas reçu de crédits à l'issue de celui-ci. C'est pourquoi l'Etat a proposé aux communes où ces quartiers sont situés un système spécifique de sortie leur permettant de mener à leur terme les opérations qu'elles avaient engagées. Tel a été l'objet des conventions de sortie des opérations de quartier du Xe Plan.

Les grands projets urbains (GPU)
concernent treize sites 22( * ) caractérisés par des quartiers comprenant une forte proportion de logements sociaux ou de copropriétés dégradées. Ils tendent à réinsérer ces quartiers dans l'agglomération qui les environne et à les restructurer afin d'améliorer leur image. Les GPU permettent de mener à bien des opérations de restructuration urbaine lourde sur longue période (10 à 15 ans). Ils ont, par exemple, pour vocation de permettre l'enfouissement de la RN2 à Aulnay-sous-Bois, de restructurer le quartier de la Tour dans les " 4.000 " à Aubervilliers, La Courneuve et Saint-Denis, de transformer la RN14 en boulevard urbain à Epinay-sur-Seine, d'aménager le centre-ville à Vaulx-en-Velin.

B. LES PROJETS DE RÉFORME PRÉSENTÉS PAR LE GOUVERNEMENT

Le Gouvernement a décidé, lors du dernier CIV, d'arrêter d'ici à la fin de l'année le dispositif destiné à élaborer la prochaine génération de contrats de ville 2000-2006 . En termes de calendrier , il souhaite que les projets soient mis au point au 1er semestre 1999, que le second semestre de la même année soit consacré aux négociations afin que les nouveaux contrats de ville entrent en vigueur le 1er janvier 2000. Il a, en outre, lancé une expérimentation, dès septembre 1998 sur seize sites pilotes 23( * ) afin de poursuivre quatre objectifs : le développement de la politique de la ville au niveau de l'agglomération ; la définition des quartiers sensibles sur proposition des maires ; l'implication des habitants ; la simplification des procédures de financement et l'évaluation en continu.

Votre rapporteur pour avis se félicite que la politique soit gérée au niveau de l'agglomération, tout en s'étonnant que le gouvernement présente cette notion comme révolutionnaire 24( * ) alors même que votre commission des affaires économiques plaide depuis près de trois ans pour sa généralisation. Il s'interroge, en revanche, sur la cohérence du discours du gouvernement qui critique les zonages mais compte demander aux maires de définir les contours des quartiers sensibles !

Il s'interroge également sur le sens de formules telles que la suivante qu'il a relevée dans le fascicule " jaune " budgétaire consacré aux contrats de ville : " La nouvelle échelle d'intervention , celle de la ville, voire de l'agglomération , tente de traiter plus efficacement les principaux mécanismes de l'exclusion particulièrement dans les domaines de l'habitat et de l'emploi. Elle élargit également le nombre de sites pris en compte, quartiers ou îlots qui font l'objet d'actions notamment préventives. La priorité demeure cependant au traitement des quartiers les plus en difficulté , grâce notamment au classement de ces derniers en zones urbaines sensibles et zones de redynamisation urbaines et pour quarante quatre d'entre eux en zones franches urbaines " 25( * ) .

Votre rapporteur pour avis s'étonne également du souci subit d'évaluer " en continu " [ sic ] les procédures à venir, alors que l'expérience prouve l'incapacité du Gouvernement à évaluer celles qui sont en cours, même a posteriori !

Enfin, votre rapporteur pour avis souhaite voir réaffirmer la place centrale du maire dans la politique de la ville . Sans méconnaître l'utilité de l'action des associations et des habitants eux-mêmes, il estime que le CIV du 30 juin 1998 ne prend pas en compte les réalités de terrain en prévoyant qu'" il importe plus que jamais que soient encouragées, au-delà de notre système de représentation et sans modèle préconçu, les démarches qui permettent d'associer les habitants au devenir de leur ville : initiatives associatives et projets éducatifs visant à entretenir le lien social, interpellation des services publics et des autorités municipales et étatiques sur les problèmes liés à l'environnement et au cadre de vie ou encore formes plus abouties d'expression et de participation, comme les actions de médiation ou les comités de quartiers ". Certes, il est indispensable de recueillir " l'adhésion des habitants aux projets sur le devenir de leurs villes ". Quel maire ne recherche pas journellement cette adhésion ? Votre Commission des Affaires économiques estime inadmissible que l'Etat s'érige en juge de la qualité de la participation des habitants et qu'il conditionne le montant des aides versées au respect des critères qu'il aura fixés en la matière . Or, le CIV ne craint pas d'affirmer qu'" il convient désormais de franchir une nouvelle étape en demandant aux habitants, en amont de l'élaboration des projets, de se prononcer sur les priorités d'action qui leur sont destinées et d'encourager fortement leurs initiatives. L'Etat ne signera à l'avenir de contrats que si les conditions effectives de participation des habitants sont précisément définies ". Pour votre rapporteur pour avis, une telle politique risque de bafouer les principes fondamentaux de notre démocratie représentative en instituant, à côté des représentants élus des citoyens, des instances dépourvues de toute légitimité élective.

A cet égard, il apparaît indispensable de bien prendre en compte les obstacles qui entravent la communication avec les habitants. Votre rapporteur a constaté que les efforts de communication des communes se heurtaient parfois, tout simplement, au problème de l'analphabétisme ! Dès lors, il convient d'aider les collectivités locales à se doter des moyens de communication appropriés pour communiquer avec toutes les composantes de la population.

***

A l'invitation de Monsieur le Président de la Commission des Finances, Votre rapporteur pour avis s'est rendu à la réunion du jeudi 12 novembre au cours de laquelle Monsieur Alain Joyandet a présenté ses observations sur le budget de la ville et proposé l'adoption de deux amendements aux titres III et V.

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