ANNEXE
COMPTE RENDU DE LA VISITE DE VOTRE RAPPORTEUR DANS LA ZONE FRANCHE DE MANTES-LA-JOLIE26( * )

Le jeudi 12 novembre 1998, votre rapporteur a visité la zone franche de Mantes-la-Jolie en compagnie de MM. Dominique Braye, sénateur, président du district urbain, Pierre Bédier Maire de Mantes-la-Jolie et Pascal Lelarge, directeur général de l'établissement public d'aménagement du Mantois Seine-aval. Le programme de cette visite figure à la fin de la présente annexe.

Les structures :

Outre la commune de Mantes-la-Jolie qui détermine les orientations fondamentales de la politique de la ville dans les quartiers sensibles qui la composent, plusieurs entités coopèrent pour mener à bien les actions de restructuration de ces quartiers.

Lancé en 1994, le grand projet urbain (GPU) de Mantes a été ultérieurement intégré au projet " Mantes en Yvelines ". Ce dernier associe les trois communes de Mantes-la-Jolie, Buchelay et Mantes-la-ville, en partenariat avec l'Etat, la région, le conseil général des Yvelines et le district urbain de Mantes. Son budget pour la période 1994- 1998 est d'environ 520 millions de francs. Le projet " Mantes en Yvelines " a pour objectif de mettre à niveau les équipements publics, de remédier aux problèmes structurels des quartiers sensibles, de redynamiser le centre de l'agglomération mantaise et de favoriser le développement économique, notamment par la création du parc d'activité des " Meuniers " qui couvre 80 hectares urbanisables sur la commune de Buchelay. Il convient de noter que la totalité du produit de la taxe professionnelle issu de cette zone est rétrocédée par la commune de Buchelay aux deux autres communes.

L'établissement public d'aménagement du Mantois Seine-aval ( EPAMSA ), présidé par le maire de Mantes-la-Jolie, a été créé en 1996. Cet établissement public à caractère industriel et commercial associe l'Etat et les collectivités locales. Il est compétent pour procéder sur les trois communes qui relèvent du GPU à toutes les opérations de restructuration urbaine de nature à favoriser une politique de développement social urbain et à toutes les opérations d'aménagement qui y sont associées.

La zone franche urbaine (ZFU) créée par la loi portant pacte de relance pour la ville de 1996 couvre 166 hectares sur les 935 hectares constituant le territoire de la commune de Mantes-la-Jolie. La commune a délégué à l'EPAMSA la commercialisation de la zone franche.

Le contrat de ville du Mantois a, en outre, été signé afin de favoriser une démarche à l'échelle de l'agglomération de Mantes. Il vise trois niveaux différents. Au niveau communal des actions sont conduites dans les communes confrontées aux difficultés posées par les grands ensembles : Mantes-la-Jolie et Mantes-la-Ville. Au niveau intercommunal, le contrat de ville prévoit des actions de développement social urbain ( à Mantes-la-Jolie, Mantes-la-Ville, Rosny-sur-Seine et Buchelay), et une action plus vaste qui concerne six autres communes signataires du contrat de ville : Bonnières-sur-Seine, Epône, Follainville-Dennemont, Freneuse-en-Yvelines, Porcheville, Rolleboise et Rosny-sur-Seine.

Votre rapporteur a noté la profonde coopération qui unit les différents acteurs de la politique de la ville à Mantes et la volonté de coordination qui caractérise leur action. D'un point de vue général, il a été frappé par le sentiment de lassitude des élus locaux et des responsables de la politique de la ville à l'échelon local, face à la multiplication des études qui ne débouchent que sur peu de résultats concrets. L'un d'entre eux observait que : " la politique de la ville en est désormais à bac plus 15 ".

I Le programme de restructuration urbaine

Le quartier du Val Fourré a été construit à distance du centre historique de la ville de Mantes-la-Jolie. Les efforts des pouvoirs publics ont donc tendu à le sortir d'un isolement qui confinait à l'enfermement en rétablissant une continuité urbaine à la place du no man's land qui le séparait de la ville. A cette fin, le boulevard Clemenceau , qui conduit du bassin d'aviron au sud de la ville, a été remis en état, tandis que son cours était redessiné au droit du centre commercial Mantes II. Il doit devenir un véritable boulevard urbain, bordé de locaux d'activité compatibles avec la fonction résidentielle du quartier, de commerces et d'équipements publics.

La dalle centrale du quartier du Val Fourré " grand ensemble " caractérisé par un urbanisme vertical a été profondément transformée tandis que des équipements publics ont été rénovés, réaménagés ou créés.

La restructuration de la dalle centrale du Val Fourré est le symbole de la volonté d'ouvrir ce quartier sur la ville. Le maître d'ouvrage de cette opération, dont le budget s'élève à 14 millions de francs, est la commune de Mantes. L'EPAMSA en a reçu la maîtrise d'ouvrage déléguée. Cette opération a consisté, en premier lieu, à aménager l'allée principale d'accès Nord, et à démolir partiellement certains bâtiments. Un soin particulier a été apporté à la rénovation du sol, fortement dégradé, ainsi qu'à la mise en place d'équipements publics de qualité (installation de lampadaires et plantation d'arbres notamment). Plus de six mois après son implantation, aucun d'entre eux n'a été dégradé. Une réflexion sur l'organisation de la trame viaire est en cours afin de faciliter la circulation des piétons dans le quartier lui même.

Situé sur la dalle centrale, le " cube ", qui fait partie du Centre commercial de Mantes II , est le symbole des tensions qui se sont exprimées au Val Fourré, puisqu'il avait été fermé après avoir été pillé, est également en cours de restructuration. Le coût estimé de l'opération est évalué à 23,5 millions de francs. La démolition partielle du bâtiment permettra l'ouverture des équipements sur une cour de services et sur une rampe d'accès aux parkings qui seront rénovés. Dans les espaces conservés, il est envisagé d'installer des bureaux, une salle de sport, et une mairie de quartier dont les élus souhaitent qu'elles constitue le symbole de la présence des institutions républicaines dans le quartier du Val Fourré.

La patinoire , seul équipement public qui favorise la venue des habitants extérieurs au Val Fourré, a été rénovée. Bon nombre de ses 25.000 à 30.000 usagers proviennent des Yvelines (ou l'on ne compte qu'un seul autre équipement de ce type) et des deux autres départements limitrophes. Elle accueille également 62 classes de la commune. Le coût de sa rénovation s'élève à 11 millions de francs

Le centre culturel Le Chaplin (1.800 m2), construit en 1984, situé sur la dalle du quartier du Val Fourré, a été rénové. La construction d'un hall d'accueil, l'extension de la bibliothèque, la requalification de la salle de cinéma, la création d'un théâtre de 120 places permettront de disposer d'une espace pluridisciplinaire. Le coût total de l'opération est de 6 millions de francs. Il s'inscrit dans une politique communale tendant à ce que chaque quartier dispose d'un équipement culturel spécifique, obligeant les spectateurs intéressés à parcourir, et donc à découvrir, tous les quartiers de la ville, Val Fourré compris.

II La zone franche

Les pouvoirs publics ont tenu a créer plusieurs structures d'accueil pour les entreprises. Celles plus particulièrement destinées aux services et sièges sociaux sont implantées au sein du parc d'activité Clémenceau. Les activités de production seront situées dans la ZAC Sully, qui entrera en service à compter de la mi 1999.

Le parc d'activité Clemenceau, situé sur le boulevard du même nom, accueille les entreprises qui souhaitent s'installer dans la zone franche de Mantes. Il doit, à terme, accueillir 1.800 m2 de bureaux et 280 m2 de surfaces d'ateliers dans des constructions modulaires. Chaque bâtiment qui le compose dispose d'un accueil et de locaux techniques. Un centre d'affaires accueille des entreprises dans des unités spécialement conçues à cette fin. Les services nécessaires aux activités commerciales sont assurés (permanence téléphonique, dactylographie, photocopie).

Arrêté à la date du 15 octobre 1998, le bilan de la zone franches en termes de création d'entreprises et d'emplois était le suivant :


Lieu de création des emplois

Entreprises implantées

Emplois créés ou transférés

% de créations d'entreprises

% des emplois provenant
de la ZFU

Programme immobilier d'entreprises Clémenceau

113

375

45 %

44 %

Centres commerciaux

38

77

50 %

quasi totalité

Total des entreprises ou commerces nouvellement implantés

151

452

-

-

Alors que la population active occupée est estimée à environ 8.500 personnes dans le quartier du Val Fourré 27( * ) et que le taux de chômage est d'environ 20 %, le nombre total cumulé des emplois créés ou transférés dans la zone franche s'élève à 452 au 15 octobre 1998. Selon les prévisions pour 1999, ce total pourrait atteindre 550 emplois.

Le nombre des emplois offerts à des personnes qui habitent la zone franche est d'environ 50% du total des emplois créés ou transférés , soit bien plus que le minimum de 20 % imposé lors de la création des zones franches.

Le nombre des entreprises implantées, quelle que soit leur taille, est de 151 . Ces implantations font l'objet d'une étude préalable des services municipaux qui s'assurent de l'incidence de l'installation de l'entreprise en termes d'emplois et rejettent les dossiers déposés par des " chasseurs de primes ". L'expérience prouve, selon les observations de votre rapporteur pour avis, que l'effet de " masse critique " de la ZFU se fait progressivement sentir. En d'autres termes, le mouvement d'installation des entreprises se renforce dans le temps.

Les élus se sont montrés spécialement sensibles à la " dynamique positive " que suscite la création de la zone franche sur les finances de la commune. L'installation de la ZFU entraîne notamment le versement de la taxe professionnelle (les exonérations consenties aux entreprises sont compensées par l'Etat) ce qui concourt à assainir la situation des finances communales et à transformer l'image du quartier dans l'opinion publique locale. La venue des personnes qui travaillent dans la zone franche sans y résider est vécue positivement par de nombreux habitants de celle-ci. Pour reprendre l'expression d'une buraliste de Mantes II : " on revoit enfin des gens en cravate ".

D'un point de vue général l'appréciation sur les effets de la zone franche est donc très positive. Les élus se déclarent très préoccupés par la perspective d'une modification du régime de ZFU. Ils souhaitent la stabilité du dispositif. Si le Gouvernement veut le modifier, la sortie du dispositif doit être envisagée dès à présent, avec réalisme.

III La question de la sécurité


Au cours de la visite qu'il a effectuée, votre rapporteur pour avis a constaté la vive préoccupation des élus locaux en ce qui concerne l'érosion des effectifs de police .

Il semble en particulier qu'à l'occasion de départs en retraite, de nombreux postes d'agents de police ne soient pas remplacés. Le recrutement de jeunes gens embauchés dans le cadre des " emplois-jeunes " serait utilisé pour se substituer à ces postes non pourvus . Lors d'une visite inopinée au Poste de Police du Val Fourré, votre rapporteur a d'ailleurs pu constater que sur 20 agents, 8 étaient titulaires d'un emploi-jeune au titre d'Auxiliaires de Sécurité.

Peu de temps avant la venue de votre rapporteur pour avis, deux motards de la police avaient dû tirer par terre pour se dégager au cours d'une patrouille de nuit. Il est loisible de s'interroger sur l'aptitude des jeunes gens recrutés voici quelques mois à faire face à de telles situations. Aussi paraît-il spécialement important de renforcer leur encadrement par des personnels de police expérimentés. L'Ilotage nécessite l'expérience de policiers aguerris.

IV Le problème du logement

La question du logement mérite une attention particulière compte tenu de la dégradation progressive des locaux existants.

Le phénomène de vacance se fait gravement sentir. Il touche, en particulier le quartier du Val Fourré où il atteint environ 11 % des logements. Dans les tours de ce même quartier le " turn over " annuel peut aller jusqu'à 25 % du stock de logements. Le taux marginal de vacance, observé sur les logements qui viennent d'être quittés par leurs derniers locataires, atteint jusqu'à un tiers. Un logement sur trois qui vient d'être abandonné ne retrouve donc pas de nouveau preneur.

Cette situation renforce la nécessité de mettre en place les modalités de destruction des tours où la vacance se manifeste. Elle implique qu'une programmation des opérations de démolition soit mise en place, afin de connaître les besoins. Les élus estiment que l'administration semble peu réceptive à ce projet, lui préférant encore quelquefois une réhabilitation qu'ils jugent totalement dépassée.

V Les contacts avec les associations

La maison des associations fournit un support logistique aux associations de Mantes-la-Jolie, qui ont passé un contrat d'objectif avec la commune formalisé dans une " charte associative " qui précède la signature de contrats d'objectif. Celle-ci définit, outre les objectifs, des moyens d'évaluation et les relations financières entre l'association et la commune. Une telle politique est seule garante de la cohérence des actions entreprises par le secteur associatif par rapport à la politique poursuivie par la commune.

Les difficultés qui résultent, le cas échéant, de l'octroi de subventions par l'Etat à des associations sans aucune consultation de la commune ont également été évoquées.

Enfin les élus déplorent qu'il soit paradoxalement plus facile à une association d'obtenir des aides de l'Etat au travers du FAS notamment qu'à une commune de recevoir les mêmes aides pour une activité analogue. Une telle situation pourrait laisser à penser que l'Etat souhaiterait conduire " sa " politique de la ville à côté de celle des collectivités locales.

PROGRAMME DE LA VISITE

Réunion de travail à l'Hôtel de ville. Présentation générale de la politique de la ville.

- Visite de la maison des associations .

Rencontre avec Dr Michel Moraël, Directeur du CCAS. Présentation de la politique sociale de la ville et de la politique associative.

- Visite du Centre d'affaires Clemenceau (Z.F.U.)

Rencontre de Mme Florence Escaravage, EPAMSA, et de M. Alexandre Pérol, responsables du site. Présentation du bilan de la zone franche.

- Visite de la patinoire (Val Fourré) .

Rencontre avec Monsieur Guy Titren, directeur et avec Monsieur Arif Osmani, directeur du service des sports de la ville. Présentation de la politique sportive de la ville.

- Visite du Centre commercial de Mantes II, quartier du Val Fourré .

Description des travaux en cours sur la dalle.

- Visite du Centre Culturel Le Chaplin .

Rencontre avec Monsieur François Girard, directeur, description de la politique culturelle.

Réunion de synthèse à l'Hôtel de ville, présentation des projets en cours et des futures réalisations, en présence de M. Marc Schwob, conseiller général, M. Scotti, maire-adjoint et de M. Michel Frangville secrétaire général de la ville de Mantes-la-Jolie.

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