B. ADOLESCENTS ET JEUNES ADULTES, LE CHANTIER DE DEMAIN

1. L'adolescence, un enjeu de la politique familiale

a) Une période essentielle de mutation à préserver

L'adolescence est un état variable d'un individu à l'autre, elle peut être plus ou moins tardive et plus ou moins longue. Les repères en sont fluctuants : l'âge de la puberté reste la référence pour les médecins, celui de la majorité pour les juristes ou encore celui de l'accès au RMI pour les services sociaux.

En retenant la période comprise entre onze ans (âge d'entrée dans l'enseignement secondaire) et dix-huit ans (âge de la majorité légale), la France compte près de 5,4 millions d'adolescents, soit 9 % de la population totale. On comprend alors l'importance d'une politique appropriée aux spécificités de cet âge.

La population adolescente au 1 er janvier 2003

(en milliers)

 
 
 
 
 
 
 
 

Total adolescents

Population totale

60 ans et plus

Age au 1/1/2003

11 ans

12 ans

13 ans

14 ans

15 ans

16 ans

17 ans

Garçons

387

391

393

395

396

401

395

2.758

28.972

5.223

Filles

368

372

376

377

379

384

379

2.635

30.654

7.081

Total

755

763

769

772

775

785

774

5.392

59.626

12.304

Source : INSEE, bilan démographique 2002, France métropolitaine

L'adolescence marque le passage de l'enfance à l'âge adulte, c'est une période normale de transformations qui touche l'ensemble de la personne. Ces changements divers s'accompagnent d'un besoin accru d'indépendance, notamment à l'égard de la famille, qui s'exprime régulièrement par une relation conflictuelle. De fait, l'adolescent juge indispensable la reconnaissance de son individualité par le monde adulte en général et en arrive parfois à agir de manière excessive pour attirer l'attention : conduites agressives, tentatives de suicide, échec scolaire...

Toutefois, si la crise de l'adolescence est inévitable, les adolescents en crise ne sont qu'une minorité. L'enjeu d'une politique en faveur des adolescents et de leur famille est donc bien de tenir cette crise dans des limites maîtrisables par la société et le jeune lui-même. Pourtant, l'adolescence a longtemps été un volet oublié de la politique familiale , hormis les mesures spécifiques en faveur des enfants en danger et des délinquants.

Sans vouloir tomber dans le travers qui consisterait à définir ou afficher un « plan » pour toute question ou tranche d'âge, les adolescents apparaissent bien comme les parents pauvres de la politique familiale. On peut identifier aisément des politiques en faveur de la petite enfance et le début d'une réflexion sur la question des jeunes adultes (18-25 ans). Mais l'adolescence est un âge intermédiaire qui n'a pas fait l'objet, jusqu'à aujourd'hui, d'une politique formalisée. D'ailleurs, à l'exception des allocations familiales, seule l'allocation de rentrée scolaire, d'un montant de 1,3 milliard d'euros, peut être considérée comme une aide indirecte en faveur des adolescents scolarisés.

C'est pourquoi votre rapporteur ne peut que soutenir l'annonce faite par M. Christian Jacob, ministre délégué à la famille, de consacrer la prochaine Conférence de la famille du printemps 2004 au thème de l'adolescence.

b) La Conférence de la famille de 2004

Pour préparer ce rendez-vous, la méthode proposée est identique à celle mise en oeuvre la fois précédente et qui a fait la preuve de son efficacité. Trois groupes de travail seront mis en place le 12 novembre 2003 et réuniront l'ensemble des acteurs concernés à différents niveaux par la question : éducateurs, associations familiales, médecins, élus, etc. Chaque groupe traitera d'un des aspects du sujet : « adolescence : projet personnel, engagements collectifs », « adolescence, famille et santé », « adolescence, famille et loisirs », afin de proposer des mesures concrètes qui trouveront, pour certaines, leur traduction dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2005.

Le fil conducteur de ce prochain train de mesures familiales en faveur des adolescents est de cerner le sujet sous l'angle de la famille, et notamment des parents, ainsi que l'a indiqué le ministre délégué dans son discours inaugural des Rencontres nationales de l'adolescence du 18 octobre dernier :

« L'adolescence est un moment de mutation et toute mutation est porteuse en elle-même de difficultés. Les parents et les familles, en ces moments sensibles et décisifs, doivent plus que jamais assumer leur fonction d'éducateurs, alors que, souvent désemparés et parfois dépassés, c'est le moment où certains démissionnent.

« Une véritable politique familiale doit répondre aux attentes et aux espoirs des adolescents, mais aussi conforter et accompagner les parents dans cette période de vie de leurs enfants (...).

« La cohésion sociale passe par la solidité du noyau familial. Tous les sondages expriment qu'adultes et adolescents réunis placent au premier rang des valeurs et de l'expression du bonheur, la famille. »

Votre rapporteur approuve le choix de ce thème de réflexion et estime que l'âge adolescent doit sérieusement être pris aujourd'hui en considération par les pouvoirs publics. Il rappelle, à cet égard, les conclusions présentées par le groupe d'études sénatorial sur les problématiques de l'enfance et de l'adolescence 9 ( * ) , qui pourraient utilement contribuer aux travaux de la Conférence de la famille.

* 9 Adolescence, comment en sortir ? Les enjeux d'une politique publique. M. Jean-Louis Lorrain au nom du groupe d'études sur les problématiques de l'enfance et de l'adolescence, rattaché à la commission des Affaires sociales. Rapport d'information n°242 (2002-2003).

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