3. Transmettre aux jeunes les « clés nouvelles » indispensables au citoyen de demain

a) Améliorer l'apprentissage des langues étrangères : un défi pour l'école à l'heure de l'Europe

Comme l'a souligné notre collègue Jacques Legendre dans son récent rapport d'information sur l'enseignement des langues 21 ( * ) , la maîtrise des langues étrangères est devenue une compétence indispensable pour tout futur citoyen et acteur économique européen. Elle permet de tirer tous les bénéfices de la liberté de circulation, pour poursuivre ses études ou travailler à l'étranger, mais aussi accéder à une part supplémentaire de savoir, notamment grâce à internet.

Or la France accuse, en ce domaine, un retard par rapport aux autres pays européens. Le ministère de l'éducation nationale a rendu publics, en mars 2004, les résultats d'une enquête conduite par le Réseau européen des responsables des politiques d'évaluation des systèmes éducatifs, portant sur l' « évaluation des compétences en anglais des élèves de 15 ans à 16 ans dans sept pays européens » .

Il en ressort que les performances des jeunes Français sont « nettement inférieures » à celles des élèves des autres pays, « quel que soit le domaine de compétence évalué » , et notamment en compréhension orale.

Plusieurs facteurs sont avancés : un enseignement trop axé sur la perfection des compétences linguistiques, une inhibition des élèves pour s'exprimer à l'oral, des classes surchargées, l'absence d'évaluation de la compréhension de l'oral, dans la mesure où les langues vivantes font l'objet, paradoxalement, d'épreuves écrites au baccalauréat.

Enfin, en dehors des cours, l'exposition des élèves à l'anglais est quasiment nulle. Aussi, il serait important que les centres de documentation des établissements scolaires leur proposent un accès à des livres, revues et journaux en langues étrangères, ainsi qu'à des films en version originale. Les médias ont leur contribution à apporter, afin de favoriser la diffusion d'émissions ou de films en version sous-titrée, comme cela est usuel dans les pays nordiques notamment.

Face à ce constat et à ces défis, le présent projet de loi fait de l'amélioration de l'apprentissage des langues étrangères une priorité.

Tout d'abord, « la pratique d'au moins une langue vivante étrangère » constitue l'un des cinq piliers du socle commun des connaissances et compétences indispensables.

Le Gouvernement n'a pas retenu la proposition de la commission Thélot d'inscrire explicitement que cette langue sera l'anglais, afin de laisser le choix ouvert aux familles. Toutefois, alors que plus de 98 % des élèves apprennent aujourd'hui l'anglais, devenu, quoi qu'on en dise, également la langue de communication internationale et la « langue des affaires » indispensable sur le marché du travail, les faits s'imposeront sans doute d'eux-mêmes.

Encore faudra-t-il apporter aux élèves et à leur famille, comme le suggérait notre collègue Jacques Legendre dans le rapport précité, une véritable information afin de les guider dans leur choix. L'intérêt économique de l'apprentissage de l'allemand, notamment, devra être largement relayé, pour parvenir à réaliser l'objectif visant à augmenter de 20 % la part des élèves germanistes, conformément aux engagements pris par le Président de la République lors du conseil des ministres franco-allemand du 26 octobre 2004.

Par ailleurs, le rapport annexé propose un plan ambitieux de rénovation de l'enseignement des langues vivantes étrangères , qui s'inscrit dans l'objectif, fixé par le Conseil de l'Europe, d'apprendre deux langues vivantes en plus de la langue maternelle :

- à l'école primaire, l'enseignement d'une langue vivante sera généralisé au CE2, puis étendu au CE1 ; la continuité des parcours devra être assurée pour que son apprentissage se poursuive au collège ;

- l'étude d'une seconde langue sera proposée à partir de la classe de 5 e ; l'Assemblée nationale a adopté un amendement du Gouvernement inscrivant la seconde langue vivante dans le « tronc commun » de la classe de 2 nde , afin de répondre aux inquiétudes des enseignants de sciences économiques et sociales, craignant que leur discipline ne subisse la concurrence « déloyale » de la LV2 ;

- afin de renforcer l'évaluation et de faciliter les comparaisons internationales, les attentes et objectifs sont clarifiés, en fonction du Cadre européen commun de référence 22 ( * ) ;

- à partir de ces critères, des groupes de compétences seront mis en place, comme c'est le cas dans la plupart des autres pays, afin de favoriser la progression des élèves et d'améliorer l'efficacité des enseignements ;

- par ailleurs, les classes seront dédoublées , en commençant par celles de terminale, pour améliorer les compétences des élèves en matière de compréhension et d'expression orales ;

- les sections européennes et internationales seront développées ; ces filières d'excellence sont en effet des vecteurs privilégiés de diffusion de la langue et de la culture des pays partenaires ; il conviendra de veiller à leur répartition équilibrée sur l'ensemble du territoire ; des baccalauréats binationaux permettant une double certification seront créés ; ils ne se substitueront pas à l'option internationale du baccalauréat (OIB), délivrée dans les sections internationales ;

- la mobilité des élèves sera encouragée, notamment en utilisant le réseau des lycées français à l'étranger pour des séjours linguistiques.

Enfin, pour mettre en oeuvre ces ambitions, la formation des maîtres sera adaptée :

- le concours de recrutement de professeur des écoles comprendra une épreuve orale obligatoire de langue vivante dès la session 2006 ; pour ce faire, les universités devront développer des modules de langue dans les parcours de licence ; à l'heure actuelle, plus de 13 % des reçus sont licenciés en langue ;

- les professeurs du second degré des disciplines non linguistiques seront encouragés à obtenir une certification complémentaire permettant d'enseigner leur discipline dans une autre langue, en section européenne ;

- enfin, l'Assemblée nationale a inclus, dans les thèmes prioritaires de la formation continue des enseignants, « l'entretien et le développement de la compétence linguistique ».

En raison de ces efforts conséquents, -et nécessaires- ainsi mobilisés en faveur de l'enseignement des langues étrangères, il n'est pas apparu opportun à votre rapporteur d'introduire, comme l'a fait l'Assemblée nationale, un article spécifique sur l'enseignement des langues régionales. D'une part, les dispositions concernant cet enseignement sont satisfaisantes et ne sont en rien remises en cause. D'autre part, il ne faudrait pas ainsi refaire l'erreur de diluer les priorités affichées. Répondre à l'exigence que chaque élève apprenne, en Europe, deux langues étrangères autres que sa langue maternelle est déjà un objectif ambitieux.

b) L'école à l'heure du numérique

L'école ne peut rester déconnectée de la « révolution numérique » qui a profondément transformé notre vie quotidienne, dans notre façon de communiquer, de travailler et de nous informer.

Elle doit s'inscrire dans cette évolution, à la fois dans un souci de justice sociale, pour permettre l'accès de tous les enfants à ces nouveaux outils, mais aussi dans un souci de décloisonnement et d'ouverture, notamment dans les zones rurales ou isolées.

Grâce aux investissements conséquents des collectivités territoriales, l'équipement informatique des écoles et des établissements a très rapidement augmenté, comme le montre le tableau ci-après.

Source : MEN-DEP

Champ : Métropole + DOM

La maîtrise des technologies de l'information et de la communication fait partie, comme il se doit, du socle des compétences indispensables.

En cela, le projet de loi reprend l'une des préconisations du rapport de la commission Thélot. Celle-ci justifiait ce choix à plusieurs titres : « non seulement parce que l'essor de l'utilisation des technologies informatiques dans la société a transformé la manière de travailler, mais aussi parce qu'elles seront une des voies privilégiées de la formation tout au long de la vie, et enfin parce que de futurs citoyens doivent pouvoir exercer un regard critique sur le flux d'informations non contrôlées accessibles sur Internet ».

La validation de cette compétence se fera par l'obtention du brevet informatique et Internet (B2i), mis en place en 2000 23 ( * ) , qui sera pris en compte pour la délivrance du diplôme national du brevet.

A cet égard, il convient de veiller à la dimension éducative de cette formation, afin de favoriser un usage raisonné et autonome de l'outil informatique et du traitement de l'information. Internet ouvre un accès remarquable et illimité au savoir, mais confronte également les jeunes esprits à des risques dont ils doivent être avertis, et à une masse d'informations face à laquelle ils doivent continuellement exercer leur esprit critique.

Il est tout aussi important, en parallèle, de doter les enseignants de logiciels éducatifs et pédagogiques de qualité, mais aussi de veiller aux capacités de maintenance et d'entretien de ces outils.

A ce titre, comme cela est mis en place à partir de cette année dans certains IUFM à titre expérimental, les futurs professeurs devront obtenir le certificat informatique et Internet (C2i). Sa validation sera obligatoire à partir de 2006-2007 pour l'entrée en IUFM.

* 21 « Pour que vivent les langues : l'enseignement des langues étrangères face au défi de la diversification », rapport présenté par M. Jacques Legendre au nom de la Commission des affaires culturelles du Sénat, (n° 63, 2003-2004).

* 22 Niveau B1 pour la première langue et A2 pour la seconde langue en fin de scolarité obligatoire ; niveau B2 pour la première langue et B1+ pour la seconde en fin de lycée.

* 23 Circulaire n° 2000-206 du 16 novembre 2000.

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