3. L'attractivité des carrières en question

Un élément difficilement mesurable, mais qui préoccupe l'ensemble des acteurs du monde de la recherche, est le double phénomène suivant :

- la tentation pour de jeunes chercheurs parmi les plus brillants de quitter la France ;

- le choix de formations autres que celles de chercheurs, par une part significative des meilleurs élèves des filières scientifiques, tout particulièrement les écoles d'ingénieurs.

Il est donc nécessaire de rendre les carrières de chercheurs plus attractives en France.

En premier lieu se pose la question du statut des chercheurs.

A cet égard, les réflexions et propositions exprimées ces dernières années ont porté tant sur les modalités de recrutement que sur l'élargissement des débouchés pour les jeunes chercheurs, l'assouplissement des obligations des jeunes enseignants-chercheurs, l'évolution des carrières, la réforme de l'évaluation et ses conséquences concrètes, le développement subséquent d'une rémunération partiellement au mérite, ou un recours accru à des emplois contractuels pour la constitution d'équipes ayant vocation à travailler sur des projets de recherche dont la durée serait limitée dans le temps.

Le Pacte du Gouvernement pour la recherche, sans remettre aucunement en cause le statut des chercheurs et enseignants-chercheurs, traite de certaines de ces questions. En outre le projet de loi prévoit un assouplissement non négligeable du statut en favorisant les passerelles entre les secteurs public et privé, afin d'encourager la valorisation de la recherche et l'innovation.

Toutefois, ces avancées paraissent encore timides, au regard des réformes menées par nos partenaires étrangers.

Si la sécurité de « l'emploi à vie » constitue l'un des éléments d'attractivité du statut du chercheur français, la rigidité de ce dernier est à l'inverse pénalisante. Elle ne permet pas toujours de proposer des rémunérations suffisamment intéressantes, ni de récompenser l'excellence.

En outre, si l'on peut se réjouir des mesures en faveur des jeunes chercheurs, et notamment de la forte revalorisation des allocations de recherche programmée et d'ores et déjà engagée par le Gouvernement (+ 8 % au 1 er janvier 2006), le montant de ces dernières reste modeste. Alors qu'il représentait 1,5 fois le SMIC au moment de leur création, en 1976, il peine aujourd'hui à soutenir la comparaison avec le SMIC.

Il conviendrait au minimum d'indexer l'évolution de l'allocation sur celle du coût de la vie .

Enfin, votre commission spéciale insiste sur les nécessaires gestion prévisionnelle des effectifs et visibilité des recrutements , sans lesquelles le pilotage de la recherche serait rendu problématique et l'objectif consistant à attirer les jeunes vers les carrières scientifiques, illusoire.

L'article L. 411-2 du code de la recherche dispose qu'une « politique cohérente de l'emploi scientifique doit s'inscrire dans le long terme permettant ainsi une gestion rationnelle du potentiel humain de la recherche ».

Votre commission spéciale se méfie des visions trop « quantitatives » en matière de politique de recrutement . D'abord, parce que les moyens et les conditions de travail mis à la disposition de chaque chercheur lui paraissent au moins aussi importants que le nombre de chercheurs lui-même, à la fois en termes d'efficacité et pour rendre les carrières plus attractives. Ensuite, parce qu'à ses yeux, l'emploi public ne doit pas être l'unique débouché des chercheurs français. Enfin, parce que les priorités de l'époque n'étant plus forcément celles du passé, la politique sectorielle de recrutement devrait probablement être éclairée par une voix compétente, par exemple celle du Haut conseil de la science et de la technologie.

En revanche, votre commission spéciale attire l'attention du Gouvernement sur la nécessité d'assurer une relève harmonieuse des compétences - un chercheur sur deux prenant sa retraite dans les dix années à venir.

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