II. UNE DÉTÉRIORATION DURABLE DU CONTEXTE MACROÉCONOMIQUE

A. UNE PERTE DE PIB SANS DOUTE DÉFINITIVE

Une question plus importante que les aléas à court terme est celle de l'évolution du PIB à long terme.

Schématiquement, on peut distinguer trois grands scénarios en termes de croissance :

- dans le scénario 1, la crise actuelle ne serait qu'un « accident de parcours », qui serait intégralement rattrapé en termes de PIB par une croissance de 3 % par an de 2011 à 2017 ;

- dans le scénario 2, la croissance retrouverait son rythme tendanciel (de l'ordre de 2 %) après la crise, qui correspondrait à une perte définitive de PIB de l'ordre de 7 points (l'écart par rapport au rythme tendanciel dû à la crise n'étant jamais rattrapé) ;

- dans le scénario 3, après la crise, la croissance structurelle serait ramenée à 1 % par an.

Les principaux scénarios de croissance envisageables après la crise

(PIB en volume, 2002=100)

Source : commission des finances du Sénat

Le scénario 3 est peut-être pessimiste. Certes, il est possible que la crise réduise à long terme la croissance potentielle, à cause d'un moindre dynamisme de la productivité globale des facteurs, qui pourrait résulter d'une plus grande aversion au risque suscitant un moindre investissement, ou de pertes durables de capital humain. En pratique cependant, les principales crises bancaires n'ont pas été suivies d'une réduction de la croissance potentielle, mais au contraire, et de façon paradoxale, de son accélération.

B. UNE AUGMENTATION PROBABLEMENT DURABLE DU TAUX DE CHÔMAGE

Le taux de chômage devrait fortement augmenter en 2009, passant, selon le consensus des conjoncturistes, de 7,3 % en moyenne en 2008 à 9,4 % en 2009 et 10,3 % en 2010.

Comment prévoir simplement l'évolution du taux de chômage ?

Pour prévoir simplement l'évolution du chômage, il est possible de recourir à la « loi d'Okun », selon laquelle l'augmentation du taux de chômage est égale à l'écart du taux de croissance par rapport à la croissance potentielle, multipliée par un certain coefficient, variant selon les pays. En effet, la croissance potentielle découlant de l'augmentation de la population active et de la productivité par travailleur, sur longue période le taux de chômage est stable si la croissance est égale à son potentiel.

Si on considère que, dans le cas de la France, la croissance potentielle est de l'ordre de 2 %, soit 0,5 % par trimestre, et le coefficient d'Okun de 0,5 , en retenant les hypothèses d'une croissance de - 2,25 % en 2009 et 0,75 % en 2010, le taux de chômage moyen serait de l'ordre de 9,4 % en 2009 et 10,1 % en 2010.

Il s'agit bien entendu d'un calcul simplifié. Il est cependant compatible avec les estimations du consensus des conjoncturistes, qui, avec des prévisions de croissance de - 2,1 % en 2009 et 1,2 % en 2010, prévoit un taux de chômage de respectivement 9,4 % et 10,3 %.

Pour que le taux de chômage se stabilise, il faut une croissance égale à son potentiel, soit environ 2 %. Si, comme le pensent la majorité des économistes (et contrairement aux prévisions du Gouvernement, qui retient l'hypothèse d'une croissance du PIB de 2,5 % de 2011 à 2013), la croissance reste à moyen terme au mieux égale à son potentiel, le taux de chômage sera stable, voire augmentera.

Par ailleurs, une perte définitive de PIB potentiel entraîne mécaniquement une augmentation du taux structurel de chômage. En effet, il n'y a pas de raison qu'à long terme, la croissance soit supérieure à son potentiel.

Il est donc vraisemblable que le taux de chômage soit durablement de l'ordre de 10 %. Par rapport à la situation précédant la crise, le taux de chômage augmenterait d'environ 3 points, ce qui accroîtrait structurellement les dépenses d'indemnisation du chômage d'environ 12 milliards d'euros, soit 0,6 point de PIB.

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