3. Des aléas multiples
a) Le Portugal sera-t-il « la Grèce de 2012 », à cause de son déficit extérieur courant ?

Il est peut-être optimiste de considérer que la baisse spectaculaire des taux d'intérêt à dix ans de l'Irlande, qui ont chuté de 14 % début 2011 à 7 % aujourd'hui, est nécessairement représentative de l'avenir des autres Etats en difficulté.

En effet, la crise des dettes souveraines est en grande partie une crise des soldes extérieurs courants. Ainsi, la Grèce, le Portugal et l'Espagne avaient avant la crise un déficit extérieur courant de l'ordre de 10 points de PIB, ce qui était nettement supérieur à celui de leurs partenaires, et compte tenu de leurs perspectives de croissance, n'était pas soutenable sur le long terme 25 ( * ) . C'est d'ailleurs ce phénomène qui explique que le Portugal ait été frappé par la crise de la dette, alors qu'en 2008 son déficit public et sa dette publique étaient analogues à ceux de la France (de l'ordre de respectivement 3,5 et 70 points de PIB).

Ces trois Etats sont donc dans une situation fondamentalement différente de celle de l'Irlande, dont le solde extérieur courant était légèrement déficitaire avant la crise et, selon les prévisions de la Commission européenne, devrait être légèrement excédentaire chaque année de 2010 à 2013. L'Italie est elle aussi dans une situation beaucoup moins dégradée, avec un déficit extérieur courant de l'ordre de 2 ou 3 points de PIB par an (comme la France), qui est tout à fait soutenable.

Au total, si l'on prend en compte l'ensemble des principaux facteurs de risque, le Portugal paraît dans une situation plus dangereuse que celle des autres Etats en difficulté (Grèce exceptée), comme le montre le tableau ci-après.

Les principaux facteurs de risque des Etats de la zone euro en difficulté (2011)

(en points de PIB)

Principaux facteurs de risque

Facteurs de risque de moindre importance

Dette publique

Solde extérieur courant

Solde public

Croissance du PIB

Etats sous programme

Grèce

162,8

-9,9

-8,9

-5,5

Portugal

101,6

-7,6

-5,8

-1,9

Irlande

108,1

0,7

-10,3

1,1

Autres Etats

Italie

120,5

-3,6

-4,0

0,5

Espagne

69,6

-3,4

-6,6

0,7

Les cases en grisé indiquent les principaux facteurs de risque.

Source : d'après les prévisions de la Commission européenne de l'automne 2011

Le Portugal sera ainsi vraisemblablement sous la pression des marchés tant que son solde extérieur courant ne se sera pas « normalisé ».

La situation semble cependant s'améliorer . Ainsi, selon les prévisions de l'automne 2011 de la Commission européenne, le déficit de son solde extérieur courant serait de seulement 3,8 points de PIB en 2013.

b) D'autres aléas

A cela s'ajoutent d'autres aléas. On peut évoquer, en particulier :

- un échec des tentatives de doter la zone euro de « pare-feux » (MES, FMI) de taille suffisante ;

- un risque que le conditionnement du bénéfice du MES au fait d'avoir ratifié le traité intergouvernemental et de s'y conformer (comme le prévoit le préambule du traité relatif au MES) fasse anticiper une impossibilité du MES d'aider certains Etats ;

- un risque de crise entre la Commission et le Conseil, voire entre Etats, si, comme cela est vraisemblable, un ou plusieurs Etats de la zone euro ne parviennent pas à mettre fin à leur déficit excessif dans les délais impartis (soit généralement en 2013).


* 25 Si cette situation se maintenait, ces pays seraient tellement endettés vis-à-vis de l'extérieur que tôt ou tard leurs administrations publiques feraient défaut, soit directement, soit après s'être portées au secours d'agents privés en difficulté.

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