IV. L'AIDE ALIMENTAIRE : UNE POLITIQUE PRIORITAIRE QUI CONNAÎTRA D'IMPORTANTES MUTATIONS EN 2022

L'aide alimentaire permet de mettre à disposition des personnes les plus démunies des denrées qui sont distribuées par des réseaux associatifs nationaux ou locaux .

Les rapporteurs spéciaux avaient montré, dans un rapport, présenté en octobre 2018 et intitulé : « Un dispositif vital, un financement menacé ? un modèle associatif fondé sur le bénévolat à préserver » 15 ( * ) , que l'aide alimentaire est un dispositif vital qui a bénéficié à 5,5 millions de personnes en 2017, représentant une masse financière estimée à près d'1,5 milliard d'euros , dont un tiers de financements publics (aides européennes, dépenses budgétaires de l'État et des collectivités territoriales, dépenses fiscales), un tiers de financements privés (dons en nature et numéraires des particuliers et entreprises), et un tiers correspondant à la valorisation du bénévolat au sein des associations intervenant dans le domaine de l'aide alimentaire.

A. LA CRISE SANITAIRE A EU UN FORT IMPACT SUR LA PRÉCARITÉ ALIMENTAIRE

En 2020, les confinements, la fermeture des écoles et donc de la restauration scolaire, l'effondrement de l'économie informelle et la disparition temporaire des « petits boulots » notamment pour les étudiants, ont eu un impact brutal sur la trésorerie des personnes et des familles modestes. Les réseaux solidaires de l'aide alimentaire ont pris le relai, que ce soient les réseaux associatifs déjà mobilisés ou des nouveaux acteurs qui se sont emparé de cette problématique .

Cette mobilisation exceptionnelle a agi comme un révélateur et a rendu visible la diversité des publics concernés. La situation de personnes déjà inscrites à l'aide alimentaire s'est dégradée et la crise a également entrainé l'arrivée de nouveaux publics jusqu'alors inconnus des associations et qui ne disposaient que de peu de sécurité : actifs ayant subi une perte de revenus, étudiants, familles fragilisées par la prise en charge des repas lors du confinement... La crise a également révélé les besoins des personnes hébergées à l'hôtel notamment. Dans le même temps, les associations ont dû agir dans un contexte très complexe : baisse du nombre de bénévoles, modification des pratiques pour respecter les gestes barrières, besoins de locaux, désorganisation de l'approvisionnement.

Le nombre total de personnes ayant recours à une forme d'aide alimentaire au moins une fois dans l'année 2020 s'élève à 5,2 millions de personnes, en évolution par rapport aux 4,9 millions déclarées en 2019 (+ 7,3 %) 16 ( * ) . Au plus fort de la crise (mars-juin 2020), certaines associations, entendues par les rapporteurs spéciaux, font état d'une hausse de 20 % à 25 % des inscriptions. La hausse des volumes distribués en 2020 (+ 10,6 % par rapport à 2019), plus prononcée que celle des inscriptions (+ 7,3 %), a traduit à la fois un afflux de nouveaux bénéficiaires et un recours à l'aide alimentaire plus important pour les personnes inscrites de plus longue date. La crise sanitaire semble ainsi avoir engendré une hausse des besoins pour des nouveaux publics comme pour des plus anciens.

En 2021, certains signes d'inquiétude persistent , en particulier la part restée importante des jeunes parmi les personnes accueillies. Selon la fédération française des Banques alimentaires, les 15-25 ans représentent désormais 22 % des personnes accueillies, soit une progression de 12 % en un an.


* 15 Rapport d'information d'Arnaud Bazin et Éric Bocquet, fait au nom de la commission des finances du Sénat, « Un dispositif vital, un financement menacé ? Un modèle associatif fondé sur le bénévolat à préserver » (octobre 2018).

* 16 Source : réponse au questionnaire budgétaire.

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