2. La position de votre commission

a) Une acceptation de principe

Conformément à ses prises de position antérieures, votre commission des finances persiste à penser que la montée en puissance de la CSG, couplée à la disparition des autres cotisations sociales et à la réduction des taux de l'impôt sur le revenu constitue la réforme de l'avenir .

De ce point de vue, le commentaire fait lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1995 par M. Jean Arthuis, alors rapporteur général du Sénat, mérite d'être rappelé 1( * ) :

"Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, le "nouvel" impôt sur le revenu ne pourra faire abstraction d'une CSG calculée à un taux substantiellement plus élevé que ce qu'il est actuellement. Refuser cette évidence reviendrait à adopter un système comportant une dose difficilement acceptable de double imposition

"Dès lors, la seule solution envisageable reste la "fusion" de ces deux instruments pour constituer un dispositif de prélèvements sur les revenus cohérent, neutre au regard des situations individuelles et des choix économiques, mais également lisible pour le contribuable."


Aujourd'hui cette augmentation de la CSG est toujours justifiée :

- d'une part, parce qu'elle corrige l'un des défauts majeurs de l'impôt sur le revenu français : l'étroitesse de sa base.
Ainsi disparaîtrait l'une des spécificités les plus contestables de notre système de prélèvements sur les revenus.

- d'autre part, parce qu'il s'agit d'un impôt simple, moderne (assiette large, taux bas) prélevé en grande partie à la source, relativement bien accepté par les ménages et qui permet de surcroît une transmission plus rapide des impulsions de politique fiscale à l'économie.

Défendre le système actuel des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu serait faire le choix des anciens contre les modernes. Votre commission des finances se range dans le camp des seconds.

b) Des conditions sine qua non

L'augmentation de la CSG, et avec elle des prélèvements sociaux sur le patrimoine, suppose que, dans le même temps, certaines réformes soient impérativement engagées, notamment :

- la réduction des taux de l'impôt sur le revenu
, sauf à surtaxer les revenus par une augmentation concomitante des taux et un élargissement de l'assiette. Or, le gouvernement actuel a décidé d'interrompre la réduction progressive des taux de l'impôt sur le revenu, programmée sur cinq ans par le précédent gouvernement ;

- la déductibilité intégrale de l'ensemble des prélèvements sociaux ; faute de quoi les contribuables paieraient un impôt sur l'impôt ; de ce point de vue, il convient de rappeler les propos tenus par le précèdent ministre du budget lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1997 devant l'Assemblée nationale :

"L'objectif est de poursuivre le transfert progressif du financement de la sécurité sociale des cotisations assises seulement sur les revenus d'activité vers la contribution sociale généralisée (...). Cela suppose d'arriver, à terme, à une déductibilité totale de la CSG."

- le basculement des cotisations maladie vers la CSG, sans augmentation de la pression fiscale ;

- la maîtrise des dépenses sociales et l'étatisation des décisions de dépenses qui seule peut mettre fin à un système profondément déséquilibré dans lequel les décideurs ne sont pas les payeurs.

En outre, il eût été sans doute de bonne politique de procéder par étapes au lieu de doubler, en une seule fois, le poids de cet impôt.

Dès lors que les conditions de mise en oeuvre ne respectent aucun de ces préalables, la réforme proposée constitue une perversion et reflète l'incapacité du gouvernement à maîtriser les dépenses sociales.

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